Un jubilatoire Cabaret Horrifique à l’Opéra-Comique pour une belle reprise!

Il y a quatre mois, j’étais à l’Opéra-Comique pour la Dame Blanche… dernier concert avant le début du confinement. Quel plaisir aussi de retrouver cette magnifique salle même si c’est pour un concert de moindre envergure qu’un opéra complet mis en scène. En mars 2019 était créé pour la salle Bizet le Cabaret Horrifique de Valérie Lesort. Conçu pour cette petite salle qui n’a rien d’une salle de concert mais plus une salle de présentation, il nécessitait une petite révision pour passer sur la scène de la grande salle, ou plutôt dans la grande salle. En effet pour faciliter le placement du public dans ce contexte compliqué la situation est inversée. Les spectateurs se retrouvent sur scène alors que les artistes sont sur la fausse d’orchestre rehaussée. Nous voilà emmenés dans le monde étrange et foutraque de la conceptrice de ce spectacle. À travers une promenade dans un répertoire très large, nous voici au pays des sorcières et des monstres, passant du baroque au cabaret avec un même plaisir ! Continuer…

Cadeau de Cecilia Bartoli à la Philharmonie

Comme presque tous les ans, Cecilia Bartoli nous a fait un cadeau de Noël en avance avec un récital paru au mois de novembre. Replongeant sur les traces de son splendide Sacrificium de 2009, elle repart sur les traces des castrats, mais cette fois en se centrant sur la figure emblématique de ces illustres chanteurs : Farinelli ! Cela nous vaut une pochette comme toujours très étrange, mais qui accroche l’œil, et des airs superbes même si nous avons moins d’inédits que souvent étant donné combien le répertoire de ce castrat a été enregistré de nombreuses fois notamment par Ann Hallenberg. Cette dernière a d’abord effectué une tournée avec Christophe Rousset, puis a publié il y a peu un disque qui permet d’entendre les variations annotées par Farinelli lui-même sur les partitions qui existent encore ! Bien sûr, toute sortie de disque par Bartoli est suivie par une grande tournée lui permettant de se montrer sous son meilleur jour. Mais au lieu cette fois de reprendre les airs enregistrés au disque, elle va aller piocher dans d’autres disques, voir dans des rôles chantés il y a peu… et même nous offrir une mise en scène ! Comme toujours, Cecilia Bartoli est très généreuse avec son public ! Continuer…

Trio Ayonis, entre chansons et mélodies

Enguerrand de Hys fait partie des noms qui apparaissent régulièrement sur les programmes, souvent dans des petits rôles comme ce fut le cas dans La Nonne Sanglante, Fantasio ou Armide ces dernières années… Et le ténor se montre toujours aussi parfait vocalement, avec des personnages très bien calibrés pour sa voix. Mais récemment, c’est dans Tarare qu’il a marqué les esprits, chantant le rôle de Calpigi avec malice mais aussi cette dose de danger dans la voix lorsqu’il menace son maître. On sent que le chanteur a un grand potentiel pour donner vie à ces personnages même s’ils sont souvent très courts. Aussi, voyant qu’il allait donner un concert à Paris avec un programme original et intéressant… je me renseigne un peu et découvre ce Trio Ayonis formé avec Élodie Roudet et Paul Beynet. Les trois musiciens sont jeunes, particulièrement investis dans ces programmes qui mêlent mélodies, chansons et airs d’opéra. Aussi, après une rapide découverte sur Internet, voici que ce concert est obligatoire. Après le Gala Bru Zane, le format est bien sûr plus intime mais la curiosité est forte ! Continuer…

Dans les Jardins de William Christie 2019 : Odyssée Baroque

Cette année encore, la fin des vacances se passait chez William Christie, ou plutôt dans son jardin toujours aussi enchanteur. Le principe reste le même depuis maintenant de nombreuses années et le public est toujours autant au rendez-vous. Non seulement il peut écouter une musique de qualité dans une interprétation de haut niveau, mais en plus il le fait dans un cadre somptueux et même de plus en plus beau d’années en années. Car si tous les deux ans William Christie cultive des voix nouvelles dans son Jardin des Voix, il fait aussi grandir son jardin avec de nouveaux bosquets. Cette année était un peu particulière car les Arts Florissants fêtent leurs 40 ans en cette année 2019. Et même si la grande fête sera sans doute à la Philharmonie en fin d’année, nous avons tout de même droit à une atmosphère plus festive que d’habitude encore et on sent combien chaque artiste est attaché à cette ensemble. Continuer…

Lea Desandre et Thomas Dunford sous les étoiles d’Aix-en-Provence

Alors que le Théâtre de l’Archevêché s’apprêtait à faire résonner les accords initiaux du Requiem de Mozart, un autre programme débutait juste de l’autre côté de la rue, dans la magnifique cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède. Nommé « Belle époque baroque », le récital se composait d’airs de cours et de pièce pour archiluth… mais aussi de quelques mélodies du début du vingtième siècle, elles aussi accompagnées à l’archiluth ! Programme tout en douceur donc, mené par deux jeunes artistes : Thomas Dunford qui vient à peine de dépasser les trente ans et Léa Desandre qui elle n’y est pas encore de quelques années. Le cadre, le programme, les artistes… tout était réuni pour ce grand moment. Petit par le format il promettait en effet d’immenses émotions quand on connaît un peu ce répertoire. Et à la lecture exacte du programme, on découvrait que le choix des pièces avait été fait avec beaucoup de soin. Un public nombreux s’était rassemblé d’ailleurs pour ce beau moment de poésie. Continuer…

Agrippina, ou Joyce DiDonato couronnée!

Le Théâtre des Champs-Élysées s’est fait une spécialitée des opéras de Haendel en version de concert. La saison prochaine propose Giulio Cesare cette fois mis en scène avec Christophe Rousset à la direction, Orlando avec Franco Fagioli, Serse et Alessandro avec rien de moins que Bejun Mehta, Julia Lezhneva, Raffaele Pe et Sonia Prina. Et pour cette saison 2018-2019, il y avait Rodelinda menée par Emmanuelle Haïm, Semele et enfin cette Argippina qui devait réuni Joyce DiDonato dans le rôle titre, Kathryn Lewek en Poppea, Luca Pisaroni en Claudio, Marie-Nicole Lemieux pour Ottone, Franco Fagioli en Nerone et Jakub Józef OrliÅ„ski en Narciso. Mais au fur et à mesure des mois, la distribution a été modifiée. Marie-Nicole Lemieux est remplacée par le contre-ténor Xavier Sabata, Kathryn Lewek cède sa place à Elsa Benoit, Claudio est chanté finalement par Gianluca Buratto et c’est Carlo Vistoli qui chantera Narciso. Il ne reste donc que quatre chanteurs de la distribution originale : Joyce DiDonato, Franco Fagioli et dans des rôles plus secondaires Andrea Mastroni et Biagio Pizzuti. Si c’est le principe du spectacle vivant que de voir les distributions varier, il est tout de même fou de ne pas réussir à maintenir des engagements comme ceux-ci, et surtout remplacer une grande mezzo par un contre-ténor change vraiment la donne. À noter aussi que si nous n’avons pas eu Luca Pisaroni, il a assuré la grande majorité des dates de la tournée. Mais le principal est sauf : Joyce DiDonato est ici ! Continuer…

Huguette Tourangeau (1938-2018)

Il y a quelques jours s’est éteinte l’une de ces voix qui provoquent beaucoup de réactions. Si elle avait ses détracteurs, Huguette Tourangeau avait aussi ses admirateurs. Certains trouvaient sa voix trop étrange, aux registres trop marqués… d’autres justement trouvaient cette voix très personnelle passionnante et immédiatement captivante. La chanteuse restera surtout dans les mémoires pour avoir accompagné pendant quinze ans le couple que formaient Joan Sutherland et Richard Bonynge. En effet elle participera à de nombreux enregistrements chez DECCA mais aussi à de nombreuses productions scéniques. Aussi à l’aise dans le bel-canto que dans le répertoire français, elle restera l’un de ces astres fascinant par leur personnalité. Mais elle n’est pas juste un faire valoir. Elle aura bien sûr un grand appui par Richard Bonynge… mais elle saura marquer les mémoires par sa personnalité et son charisme. Continuer…

Alcina et Bradamante : deux femmes pour deux grandes chanteuses

La tradition est maintenant établie : tous les ans Cecilia Bartoli vient nous présenter une production sur la scène du Théâtre des Champs Elysées. Après Otello de Rossini et Norma, voici la fameuse Alcina de Haendel. Production créée en 2014 à Zurich, elle a été unanimement saluée par la critique tant pour la mise en scène que pour la partie musicale. Depuis, quelques changements ont eu lieu dans le chant et la direction car l’équipe n’est pas totalement réunie. Les changements principaux sont dans la distribution de Ruggiero à un contre-ténor maintenant alors que c’était une mezzo-soprano qui avait été de la création… et un changement d’orchestre et de chef. Les autres rôles principaux sont conservés pour notre plus grand plaisir. Ou du moins devaient être conservés puisque Julie Fuchs étant malade, le rôle sera chanté depuis la fausse par EmÅ‘ke Baráth alors que la soprano française mime le rôle sur scène. La soirée était donc sauvée et nous retrouvions un trio de femmes assez impressionnant sur le papier. Continuer…

Lea Desandre et Thomas Dunford, en toute simplicité Salle Cortot

Depuis maintenant de nombreuses années, Thomas Dunford fait parti des musiciens les plus demandés du répertoire baroque. Que ce soit pour de participations à de grandes productions comme L’Orfeo dirigé par Paul Agnew ou dans de la musique de chambre comme récemment avec Anne Sophie von Otter, il se montre toujours d’une immense inventivité. Il a beaucoup participé aux spectacles des Arts Florissants et notamment au Festival dans les Jardins de William Christie. Justement, ces Jardins ont aussi vu naître si l’on peut dire Lea Desandre qui participa au Jardin des Voix avant de commencer une carrière soliste de belle envergure dans le domaine baroque. Elle aussi avec Les Arts Florissants bien sûr (toujours cet Orfeo), mais aussi Alcione de Marin Marais dirigé par Jordi Savall par exemple. Dans les deux cas, ce sont des musiciens très à l’aise dans le répertoire baroque et ce récital intimiste à la Salle Cortot prévoyait un programme centré sur le premier baroque italien. Finalement, si des compositeurs comme Monteverdi, Strozzi ou Merula sont bien présents, on se demande ce que vient faire Haendel qui est d’une toute autre nature dans ce répertoire. Mais heureusement, dans tous les cas nous avons une grande musicalité et une grande inventivité dans la musique proposée. Et l’on peut en profiter parfaitement dans le cadre restreint de cette salle à l’acoustique si parfaite ! Continuer…

Jephtha de Haendel : quand tout est réuni…

Si William Christie et ses Arts Florissants sont surtout connus pour les merveilles qu’ils ont offertes dans le domaine du baroque français, il ne faut pas oublier qu’ils ont aussi Å“uvré depuis longtemps pour Haendel avec particulièrement de grandes réussites dans l’oratorio. Genre moins démonstratif que l’opéra du même compositeur, la musique en est souvent plus travaillée, la place du chÅ“ur beaucoup plus importante… et le chef semble s’y sentir à son aise. Ensemble, ils venaient nous proposer le dernier oratorio du compositeur : Jephtha. Dans une production créée il y a peu à Amsterdam, la scène du Palais Garnier pouvait laisser admirer cet ouvrage passionnant et d’une grande force émotionnelle. La distribution est totalement renouvelée mais pas moins resplendissante. Ian Bostridge remplace Richard Croft, Tim Mead reprend le rôle de Bejun Mehta et Katherine Watson celui d’Anna Prohaska. Dans les deux cas de grands spécialistes, parfois aux profils différents mais toujours d’une grande musicalité et d’un charisme certain. Continuer…