Dans les Jardins de William Christie, retour en Vendée baroque!

Retour chez William Christie cette année… mais ce n’était pas gagné! Deux jours avant, la météo était assez pessimiste pour ce vendredi : de la pluie annoncée une grande partie de l’après-midi ce qui voulait dire des concerts dans les jardins mais sous des tentes… et un concert du soir non pas dans le cadre enchanteur du miroir d’eau mais dans une salle de concert de Fontenay-le-Comte. Alors toute la matinée, durant le trajet sous la pluie, on scrute les différentes sources d’information. Et puis finalement, on voit que les choses s’améliorent doucement, que si le soleil reste discret, la pluie semble ne pas être de la partie! L’après-midi se passe bien et si quelques gouttes de pluie font craindre le pire le soir durant le concert, finalement tout se déroule parfaitement bien! Voilà donc encore une très belle journée dans ce cadre splendide à Thiré! Au menu, bien sûr les fameux concerts dans le jardin dans l’après-midi, mais aussi l’atelier de chant qui retrouve sa place dans les jardins et puis pour terminer Orphée et Eurydice de Gluck avec Reinoud van Mechelen dans le rôle-titre! Continuer…

Dans les Jardins de William Christie 2022

C’est lors de l’édition de 2015 que j’avais découvert ces magnifiques jardins de William Christie. C’était alors la quatrième édition de ce Festival dans les Jardins de William Christie qui redonne vie pendant quelques semaines au petit village de Thiré, perdu au fond de la Vendée. Au cours des années, on a pu voir quelques évolutions dans les lieux de représentations, dans la conception des programmes, dans la mise en avant de certains artistes… mais on a toujours le même magnifique cadre (qui même continue à s’agrandir et s’embellir), toujours la même qualité musicale… et toujours le grand plaisir de baigner dans la musique de 16h à 23h… C’est en général le programme du soir qui définit la journée de visite. Et cette année c’est le programme “Molière et ses musiques” qui aura été le plus intéressant sur le papier. Et la distribution (De Negri, Auvity, Mauillon,…) promettait des concerts de l’après-midi intéressants! Et ce fut le cas à plus d’un titre! Continuer…

Atys dansé à l’Opéra Royal de Versailles.

Dans l’imaginaire de lullyste convaincus, Atys est forcément lié à William Christie musicalement et à Jean-Marie Villégier visuellement. Le spectacle de ce dernier aura figé dans les mémoires une grande cérémonie funèbre contemporaine de Louis XIV, toute baignée dans les teintes allant du blanc au noir en passant par le gris, le bleu, le bleu marine et l’argent bien sûr. Le spectacle a été repris en 2011 à l’Opéra-Comique et une captation en témoigne pour que s’ancre encore plus cette vision dans les esprits. Mais voici qu’une nouvelle production vient maintenant à Versailles (où avait été donnée la production des Arts Florissants en 2011 aussi!) qui offre une approche visuelle totalement différente, sans les grands noms des spécialistes du baroque français. Les deux grands artistes que sont Leonardo Garcí Alarcón et Angelin Preljocaj allaient ainsi nous transporter dans un monde différent, sachant s’extraire de ce modèle maintenant devenu mythique pour offrir une autre vision de cette grandiose tragédie en musique. Continuer…

Atys de Lully si bien servi au disque!

En 1987, le monde de l’opéra baroque assistait à un bouleversement avec la re-création d’Atys de Jean-Baptiste Lully par Les Arts Florissants. Le tricentenaire de la mort du compositeur était un bon prétexte pour remonter enfin dans de bonnes conditions un de ses opéras. Il y avait bien eu un enregistrement d’une version de concert d’Armide en 1983 par Philippe Herreweghe (enregistrement dont il fera tout par la suite pour éviter la diffusion) mais ici nous avons un autre projet : monter une version scénique d’une tragédie lyrique de Lully dans plusieurs villes. Le choix s’est fait entre plusieurs ouvrages et c’est un accord entre metteur en scène et chef d’orchestre qui a fait pencher pour cet Atys qui sera une pierre angulaire dans le renouveau du baroque français. Pourtant, ce n’est pas forcément la partition qui était le plus resté dans les mémoires, ce n’était ni la première ni la dernière… Mais c’était l’Opéra du Roi comme il était surnommé à l’époque tant Louis XIV adorait cet opéra. Après Hippolyte et Aricie de Rameau, on retrouve donc Lully pour une note discographique qui se résumera à un duel non équitable : trois enregistrements de William Christie contre un seul d’Hugo Reyne. Continuer…

Un jubilatoire Cabaret Horrifique à l’Opéra-Comique pour une belle reprise!

Il y a quatre mois, j’étais à l’Opéra-Comique pour la Dame Blanche… dernier concert avant le début du confinement. Quel plaisir aussi de retrouver cette magnifique salle même si c’est pour un concert de moindre envergure qu’un opéra complet mis en scène. En mars 2019 était créé pour la salle Bizet le Cabaret Horrifique de Valérie Lesort. Conçu pour cette petite salle qui n’a rien d’une salle de concert mais plus une salle de présentation, il nécessitait une petite révision pour passer sur la scène de la grande salle, ou plutôt dans la grande salle. En effet pour faciliter le placement du public dans ce contexte compliqué la situation est inversée. Les spectateurs se retrouvent sur scène alors que les artistes sont sur la fausse d’orchestre rehaussée. Nous voilà emmenés dans le monde étrange et foutraque de la conceptrice de ce spectacle. À travers une promenade dans un répertoire très large, nous voici au pays des sorcières et des monstres, passant du baroque au cabaret avec un même plaisir ! Continuer…

Isis en concert par Christophe Rousset : confrontation avec un disque splendide!

Début novembre nous parvenait enfin le témoignage du concert donné à Beaune cet été par Les Talens Lyriques : Isis de Lully. Car si la représentation publique avait eu lieu le 12 juillet, les 11, 13 et 14 juillet c’était l’enregistrement studio qui se déroulait Salle Gaveau, donnant lieu à un disque venant compléter la déjà très grande collection lullyste de l’ensemble. Les derniers ouvrages enregistrés avaient montré combien Christophe Rousset savait donner vie à des partitions aussi variées qu’Armide ou Alceste qui sont aux deux extrêmes de la production du compositeur italien. Avec Isis, c’est un ouvrage à part qui est proposé car Lully semble avoir voulu ici faire taire les mauvaises langues qui critiquaient la rigueur de sa musique. Que de couleurs, d’inventivités et de beautés dans une partition qui sera imitée dans des ouvrages tels que Hippolyte et Aricie par exemple ! Ce concert se tient donc alors que le disque est disponible depuis un mois, alors que la précédente représentation date de presque 5 mois… Et peut-être à cause de cela, on n’en est que plus difficiles sur le rendu et l’on entend toujours mieux les petites imperfections d’un concert en direct alors que l’enregistrement était splendide ! Continuer…

Dans les Jardins de William Christie 2019 : Odyssée Baroque

Cette année encore, la fin des vacances se passait chez William Christie, ou plutôt dans son jardin toujours aussi enchanteur. Le principe reste le même depuis maintenant de nombreuses années et le public est toujours autant au rendez-vous. Non seulement il peut écouter une musique de qualité dans une interprétation de haut niveau, mais en plus il le fait dans un cadre somptueux et même de plus en plus beau d’années en années. Car si tous les deux ans William Christie cultive des voix nouvelles dans son Jardin des Voix, il fait aussi grandir son jardin avec de nouveaux bosquets. Cette année était un peu particulière car les Arts Florissants fêtent leurs 40 ans en cette année 2019. Et même si la grande fête sera sans doute à la Philharmonie en fin d’année, nous avons tout de même droit à une atmosphère plus festive que d’habitude encore et on sent combien chaque artiste est attaché à cette ensemble. Continuer…

Phaéton de Lully par Dumestre et Lazar

Qu’il est rare de pouvoir assister à une tragédie lyrique en version scénique… et encore plus rare que ce soit un ouvrage de Lully qui soit proposée. Si Rameau a les faveurs des programmateurs, son prédécesseur semble moins intéresser les musiciens ou du moins les metteurs en scène. Après les magnifiques Atys, Armide ou Cadmus et Hermione, il y a bien sûr eu les versions de concert de Christophe Rousset… mais pas très peu d’autres version scéniques complètes. Car la tragédie lyrique de Lully est un art complet où doivent se mélanger chant, danse, déclamation et scénographie. Vincent Dumestre et Benjamin Lazar ont déjà collaboré en 2008 pour justement Cadmus à l’Opéra-Comique. Aussi, les voir se retrouver dix ans après dans le cadre enchanteur de l’Opéra Royal de Versailles est un vrai plaisir et gage d’une belle qualité tant visuelle que sonore pour Phaéton. Le spectacle tiendra ses promesses malgré quelques surprises. Dans le lot des choses que l’on pouvait attendre, les chanteurs s’expriment en prononciation restituée… mais par contre, l’on est surpris pas la côté moderne de la scénographie ! Benjamin Lazar qui nous avait habitués aux reconstitutions semble ici avoir voulu transgresser le genre pour surprendre ! Malgré un prologue terne, le reste de l’ouvrage montre que l’on peut travailler la tragédie lyrique de cette manière lorsque l’on connaît bien ce type d’ouvrages. Continuer…

Fascinante Armide de Lully par Christophe Rousset

Marie-Adeline Henry dans le rôle d'Armide à Nancy

Marie-Adeline Henry dans le rôle d’Armide à Nancy

Si l’enregistrement des tragédies lyriques de Jean-Baptiste Lully est marqué par Atys dirigé par William Christie en 1987, Christophe Rousset aura finalement été beaucoup plus important en terme de découvertes : depuis quinze ans, il a proposé en premier enregistrement Persée (2001), Roland (2004), Bellérophon (2010) et quelques deuxièmes versions non sans intérêt pour la différence d’approche avec ses collègues baroqueux : Phaëton (2012, qui permet de comparer avec l’enregistrement de Marc Minkowski) et Amadis (2013) qui avait été révélé par Hugo Reyne. Ici, il s’attaque à la dernière œuvres complète de Lully, tragédie qui est considérée par beaucoup comme le sommet de la composition lullyste : Armide. Cet ouvrage a eu les honneurs de deux enregistrements par Philippe Herreweghe (1983 retiré de la vente par le chef, puis 1992) et le spectacle dirigé par William Christie avec Robert Carsen à la mise en scène (2008). L’œuvre est donc déjà bien pourvue avec deux versions qui peuvent prétendre à être de référence (et aussi un enregistrement dirigé par Ryan Brown en 2007), bénéficiant de distributions splendides dominées par deux immenses tragédiennes : Guillemette Laurens et Stéphanie d’Oustrac. La concurrence est donc rude pour Christophe Rousset et son équipe! Continuer…