En fin de saison 2009/2010, l’Opéra National de Paris donnait une nouvelle production de La Donna del Lago au palais Garnier, offrant au public l’occasion de découvrir une partition majeure de Rossini dans deux distributions de haute volée… Dans un premier temps, Joyce DiDonato et Juan Diego Florez partageaient la tête d’affiche avec Daniela Barcelona et Colin Lee… puis les deux rôles principaux étaient remplacés par Karine Deshayes et Javier Camarena. Dans tous les cas, le spectacle musical était au rendez-vous, que ce soit pour les grandes stars ou les jeunes voix en promesse… Voici qu’en 2018, l’Opéra de Marseille redonne l’ouvrage… et l’on retrouve justement Karine Deshayes dans le rôle principal pour quatre représentations en version de concert. Autour d’elle, de jeunes chanteurs qui ont déjà fait leur preuves dans ce répertoire : Varduhi Abrahamyan qui chanta Arsace dans Semiramide ici même il y a quelques saisons, Edgardo Rocha qui a été adoubé par Cecilia Bartoli dans des rôles de Rodrigo et Iago dans Otello et bien sûr Enea Scala dans le spectaculaire Ermione qui réunissait Michael Spyres, Dmitry Korchak et Angela Meade sous la direction d’Alberto Zedda. Une superbe distribution donc pour ce concert de Marseille ! Continuer…
Rossini
Un Barbier à Marseille par Laurent Pelly
Certains opéras ont un succès phénoménal et Il Barbiere di Siviglia est sans doute l’un d’eux. En quelques mois, Paris voit la reprise de la mise en scène de Damiano Michieletto à l’Opéra Bastille alors qu’en décembre, c’était le Théâtre des Champs-Élysées qui créait une nouvelle production de Laurent Pelly. Marseille reprend justement cette dernière en renouvelant la distribution à l’exception de Florian Sempey, en allant chercher des chanteurs jeunes et pleins d’avenirs… ou de vraies valeurs sûres dans ce répertoire. En effet, Carlos Chausson était distribué à l’origine dans le rôle de Bartolo mais n’a finalement pas pu chanter lors de cette production. Reste donc une distribution assez jeune qui mélange grands spécialistes et chanteurs moins habitués à Rossini. Avec des acteurs très investis et un choix graphique très beau et poétique, Laurent Pelly a réussi non seulement à animer et rendre l’humour de cet ouvrage, mais aussi à ménager de grands moments de poésie et de beauté. Continuer…
Un Comte Ory pour les fêtes à l’Opéra-Comique
Gioachino Rossini reste attaché à l’Opéra de Paris par Guillaume Tell, ouvrage qui inaugure avec La Muette de Portici d’Auber ce genre qui triomphera pendant toute la fin du XIXème siècle : le Grand Opéra. Mais avant cela, le compositeur va offrir trois autres opéras en français pour la Grande Boutique… ou plutôt va reprendre trois opéras car pour chacun, il s’agira d’un remaniement d’ouvrage préexistant : Le Siège de Corinthe recycle une bonne partie de Maometto II, Moïse et Pharaon est une version remaniée de Mosé in Egitto… et ce fameux Comte Ory se trouve être en grande partie la musique du Viaggio a Reims composé pour le sacre de Charles X. Pour chacun, le compositeur sait se conformer aux demandes des directeurs de l’Académie Royale de Musique et sur quatre ans, ce seront donc quatre ouvrages qui triompheront sur la scène parisienne alors que ses autres ouvrages en italien continuent toujours d’attirer les foules au Théâtre des Italiens. Longtemps, on a pensé Il Viaggio a Reims perdu… c’était donc surtout au travers de ce Comte Ory que l’on connaissait sa musique. Maintenant, les rôles sont presque renversés tant la cantate royale est montée assez régulièrement et l’opéra français rarement. Continuer…
Callas en direct – 2/5, 1952 : Armida, Norma et Macbeth
Cette deuxième partie du retour sur le coffret regroupant des témoignages en direct de Maria Callas est uniquement centré sur 1952, année où l’on pourrait considérer que la voix est à son zénith : elle a conservé la largeur des premières années dramatiques, tout en ayant gagné déjà tous ses galons de technicienne. C’est donc une voix immense, dramatique à souhait… mais aussi à la technique flamboyante et virtuose. Et l’on a encore ces quelques rôles qu’elle n’abordera plus par la suite comme dans le Rossini seria ou cette fameuse Lady Macbeth. En avançant dans les années et avec la popularité grandissante, on pourrait penser que chacune de ses prises de rôles serait enregistrée avec soin pour un témoignage. Il n’en est malheureusement rien et on verra par la suite combien certains témoignages restent difficiles à écouter. Mais l’on continue à découvrir le parcours de l’artiste vers le bel-canto sur lequel elle va régner par la suite ! Continuer…
Semiramide à Marseille : Révélations et superbe concert
Semiramide fait partie de ces monuments de l’opéra qu’on peine à monter. Problème de chanteurs? En partie… le souci vient de sa longueur, mais aussi des fantômes qui planent sur les rôles titres. En effet, il faut lutter avec le souvenir de ceux qui ont fait la Rossini-Renaissance : Marylin Horne, Rockwell Blake, Chris Merritt, Cecilia Gasdia ou Samuel Ramey. Difficile pour des chanteurs actuels de se mesurer à un tel poids. Pourtant, régulièrement l’ouvrage est remonté. Ici, c’est uniquement en version de concert, ce qui aura sûrement effrayé une partie du public habituel car la salle est à moitié vide. Et pourtant, de nos jours les talents sont bien présents pour donner vie à ces partitions inhumaines, créées pour les personnalités les plus diverses de l’époque de Rossini. Avec une distribution jeune, Marseille prouve combien ces ouvrages peuvent briller de tous leurs feux quand on cherche une distribution de qualité! Continuer…
« L’autre » Otello mis à l’honneur par Bartoli…
Otello dans l’opéra, c’est immanquablement celui de Verdi qui nous vient à l’esprit. Puis arrive ce fameux opéra de Rossini, réputé inchantable avec ces trois rôles écrasants de ténor, cette Desdemona où se sont distinguées les plus grandes comme La Malibran ou sa sÅ“ur Pauline Viardot… Plus près de nous, le duo Chris Merritt/Rockwel Blake s’illustraient… puis un temporaire duo a réuni Gregory Kunde et Juan Diego Florez… mais voilà que depuis quelques année un nouvel Otello rossininien fait parler de lui : John Osborn. Quand en plus il est accompagné par Cecilia Bartoli (rossinienne exemplaire avant d’aller explorer le baroque) qui fait ici ces débuts dans le rôle tragique de l’épouse du Maure, on peut s’attendre à une grande représentation… et les faits vont bien au delà des espérances ! Continuer…