Triomphe pour Gounod et sa Nonne Sanglante

Cette année 2018 est l’année Gounod… ou du moins l’est pour le Palazetto Bru Zane et quelques autres producteurs de spectacles et de disques. Fidèle à son habitude, l’Opéra-Comique s’est associé au Festival Bru Zane de Paris pour nous proposer une grande rareté : La Nonne Sanglante. Là où l’Opéra de Paris ne se donne même pas la peine de monter un ouvrage de Gounod, la petite salle parisienne joue la curieuse encore une fois et offre une splendide production du deuxième opéra de Charles Gounod. Créé Salle Pelletier en 1854, l’opéra ne sera joué que onze fois avec un certain succès public comme critique. Puis le changement de direction de l’Opéra de Paris va précipiter la chute de la partition. Le nouveau directeur, Monsieur Crosnier, voulu faire table rase des dernières créations et qualifia La Nonne Sanglante d’ordure. Et voici qu’il faudra attendre 2008 pour qu’elle soit rejouée à Osnabrück en Allemagne, production qui donnera lieu à un enregistrement chez CPO. C’est donc ici le grand retour de cette partition qui bénéficie de moyens superbes : mise en scène sobre et efficace, distribution de haut niveau, orchestre sur instrument d’époque… C’est l’un des évènements de la saison à n’en pas douter !

Après la création de Sapho à l’Opéra de Paris, le directeur Roqueplan mise sur Gounod pour lui fournir un opéra en cinq actes. Le livret de La Nonne Sanglante a déjà fait le tour de Paris et été proposé à de nombreux compositeurs dont Verdi et Berlioz. Ce dernier composera d’ailleurs quelques scènes avant d’abandonner. Gounod semble y voir le potentiel dramatique et va donc travailler sur le livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne. La production est luxueuse et sera un beau succès alors que Sapho avait laissé le public légèrement sceptique. Malheureusement, comme dit plus haut la carrière de La Nonne sera de courte durée et même Gounod ne cherchera pas à retravailler sa partition par la suite pour une éventuelle reprise. La réputation de l’ouvrage sera peu flatteuse et dans les différentes biographies, l’on parle d’une musique assez faible ou d’un manque de tension. Pourtant, la partition a de grandes forces. L’histoire est gothique en diable et permet de nombreuses situations dramatiques ou musicales.

Acte I

En Bohème au XIè siècle, deux familles se battent : les Luddorf et les Moldaw. Pour les réconcilier et les convaincre de partir en croisade, Pierre l’Ermite organise le mariage du fils aîné du Comte de Luddorf et la fille du Baron de Moldaw. Mais cette dernière est amoureuse du fils cadet de Luddorf, Rodolphe. Celui-ci décide donc de fuir avec Agnès sa bien-aimée. Ils comptent profiter de la légende de la Nonne Sanglante pour quitter le château : à minuit un fantôme blanc parcours les courtilles et les portes sont laissées ouvertes pour qu’il puisse sortir. Agnès va donc se déguiser en Nonne et Rodolphe et elle pourront s’échapper. À minuit, Rodolphe jure fidélité à cette forme blanche qui s’avance. Mais ce n’est pas son Agnès, mais le fantôme d’une autre Agnès qui l’entraîne dans les ruines du château Luddorf. Il comprend alors son erreur et se retrouve lié à la Nonne. Errant dans la campagne, il est recueilli par un jeune couple de paysan et alors que ces derniers se marient, voici le page de Rodolphe qui vient lui annoncer la mort de son frère au cours de la croisade. Il est donc livre de pouvoir épouser Agnès… mais la Nonne veille et accepte de rendre sa parole au jeune homme s’il la venge de l’homme qui l’a abandonnée puis tuée. Rodolphe accepte, mais en pleine noce, voici que la Nonne lui apparaît pour pointer son meurtrier : le Comte de Luddorf. Rodophe refuse de tuer son père et s’enfuit sous les malédictions généralisées. Mais Luddorf n’arrive pas à oublier son geste… et alors qu’il y repense, voici qu’il entend des comploteurs qui veulent tendre un piège pour tuer son fils. Rodolphe arrive alors, suivi par Agnès qui le supplie de s’expliquer avant de le rejeter suite à son silence. Les meurtriers s’avançant, le Comte de Luddorf se précipite et est frappé à la place de son fils, allant mourir sur la tombe de la Nonne Sanglante qui apparaît pour lui pardonner. Agnès et Rodolphe sont maintenant libres de se marier.

Acte II : Marion Lebègue (La Nonne Sanglante)

Pour sa composition, Gounod s’est très fortement inspiré des couleurs proposées dans le Freischütz de Weber mais aussi le style de Mendelssohn (qu’il rencontra ainsi que sa sœur après son séjour à Rome). Les teintes grises, l’utilisation des vents, les ambiances sombres… voici un style que l’on ne retrouve que rarement chez Gounod. On peut bien sûr penser au tableau du Val d’Enfer de Mireille où il renoue avec ces effets, mais de manière beaucoup plus courte. Ici nous avons tout au long de l’ouvrage des inspirations très originales. Dès l’ouverture il y a ces accords étouffés qui donnent le ton, puis ces vents sombres et oppressants. Bien sûr, les passages de la Nonne seront encore plus marqués par cette imagination foisonnante, mais tout l’ouvrage baigne dans une lumière différente de ce que l’on entend souvent chez le compositeur. Il donne la première place à Rodolphe qui tient la scène durant presque tout l’ouvrage avec de nombreux airs ou ensembles. Le rôle a été créé par Louis Gueymard qui était le ténor star de l’Opéra de Paris à ce moment, créateur de Robert le Diable et des Vêpres Siciliennes. Extrêmement tendue, la tessiture est très longue avec beaucoup d’aigus, alors qu’il faut pouvoir alterner douceur poétique et héroïsme. Face à lui, deux femmes s’opposent : deux Agnès qui ont pour caractéristiques de n’avoir aucun air l’une comme l’autre. La jeune Agnès est un soprano lyrique, qui s’exprime dans différentes émotions depuis la douceur jusqu’à la violence de son rejet de Rodolphe au dernier acte. La Nonne Agnès demande une voix très longue aussi mais surtout un grand charisme. En effet, la mezzo se doit de capter l’attention, d’immédiatement camper cette apparition dans toute son étrangeté avec des graves sombres mais aussi un aigu dardé et même une douceur sur la fin. Étrangement, c’est le page Arthur qui a droit à deux airs qui n’apportent finalement rien au drame. La répartition des airs est donc étrange et finalement assoit vraiment l’importance du rôle de Rodolphe. Reste le chœur important dont le traitement n’est pas sans rappeler Roméo et Juliette à certains endroits lorsque les deux familles s’affrontent.

Acte II : Michael Spyres (Rodolphe), Marion Lebègue (La Nonne Sanglante)

Lors de la création, les décors étaient fastueux, réalisés par six peintres différents, il y avait 387 costumes… autant dire que toute la bohème gothique fantasmée avait été convoquée. La mise en scène de David Bobée ne cherche pas du tout à recréer ce grand décorum. Au contraire, nous sommes dans un décor noir avec différentes textures, des cendres, des costumes noirs… et une ambiance étrange qui ferait penser à l’un de ces futurs apocalyptiques où l’on voit un retour au moyen âge. Tout est noir ici mise à part trois costumes. Malgré cette uniformité, il y a beaucoup de vie sur scène par ces colonnes qui bougent, une estrade ou des tables… ces simples éléments viennent habiller la scène, aidés par des lumières sobres mais qui reflètent bien le caractère gothique. Au milieu de toute cette noirceur, quelques éléments tranchent. Déjà, la blondeur d’Agnès Moldaw… mais forcément la présence blanche et spectrale de la Nonne tranche encore plus, apparition fantomatique mais aussi lumière… et puis il y a le couple Anna/Fritz habillés de bleu. Et là ce sera l’unique petite réserve sur la mise en scène. Pourquoi avoir fait de ce couple de paysans des tentateurs ? Alors qu’ils sont plutôt les symboles de l’amour simple auquel aspire Rodolphe, voici qu’ils se transforment en sbires de la Nonne, voulant conserver notre héros dans un monde sombre. Car en dehors de cela, tout est claire et limpide dans cette mise en scène avec de nombreuses bonnes idées et une direction d’acteurs très fine. Chacun est extrêmement engagé et se donne totalement dans son rôle avec une violence parfois impressionnante. Le rendu visuel peut-être un peu sombre bien sûr, mais il convient totalement à la musique et à l’esprit de la Nonne Sanglante.

Acte III : Enguerrand de Hys (Fritz), Olivia Doray (Anna)

Si Laurence Equilbey a aussi participé au travail de mise en scène, elle est aussi intervenue sur la partition. Partant du principe que si l’ouvrage avait eu un carrière plus longue, Gounod l’aurait adapté, elle a souhaité faire quelques petites coupures ou modifications. Les coupures sont a priori peu nombreuses, avec principalement un deuxième couplet d’Arthur et quelques phrases de récitatif afin de resserrer le drame. Après, il y a le cas du ballet qui a été déplacé et coupé. Seules deux danses sont présentées en prélude du troisième acte afin de montrer le trouble de Rodolphe… et une introduction composée pour remplacer l’ouverture a été intégrée dans le dernier acte afin de donner de la respiration entre la fin du duo entre Rodolphe et Agnès et la mort du Comte de Luddorf. Il y aurait aussi eu quelques adaptations du texte (qui seraient du coup à expliquer…) mais on peut aussi noter le retour de passages qui avaient été coupés à Osnabrück dont un air complet de Rodolphe avant la scène fantastique et le deuxième couplet de son premier air. Il y a donc une restitution d’une bonne partie de l’ouvrage du fait de la qualité de la distribution, mais il est tout de même dommage de ne pas avoir présenté la partition dans son intégrité première.

Acte III : Marion Lebègue (La Nonne Sanglante)

Chœur et orchestre sont particulièrement investis dans la production. Le chœur a beaucoup à faire sur scène avec par exemple la bataille chorégraphiée en tout début. Mais il y a aussi comme toujours avec Accentus une qualité vocale sidérante. Le chant est bien sûr d’une grande beauté et avec des ensembles parfaits, mais à cela s’ajoute une diction très claire et une vraie vie dans chacun des pupitres. Parfaitement préparés par Christophe Grapperon, ils sont ici aussi sous la direction de leur ancienne cheffe Laurence Equilbey qui est ici à la tête de son Insula Orchestra. Formation sur instruments d’époque, l’orchestre offre une palette de couleurs très large et ces sonorités légèrement étouffées des percussions ou des vents qui offrent justement ce petit côté fantastique qui convient parfaitement. La direction de Laurence Equilbey est totalement adéquat que ce soit dans les passages dramatiques ou l’élégie de Rodolphe. La partition est parfaitement mise en valeur dans sa diversité et son inspiration. La violence rugit, le côté gothique est parfaitement rendu par la respiration de l’orchestre, la légèreté du page… tout est étudié et phrasé sans que la tension ne retombe d’un bout à l’autre.

Acte IV : André Heyboer (Luddorf), Vannina Santoni (Agnès), Jodie Devos (Arthur), Luc Bertin-Hugault (Moldaw), Jean Teitgen (Pierre l’Ermite), Olivia Doray (Anna), Enguerrand de Hys (Fritz), Michael Spyres (Rodolphe), Marion Lebègue (La Nonne Sanglante)

Les petits rôles sont, comme toujours à l’Opéra-Comique, extrêmement bien tenus ! Le couple Anna/Fritz par exemple voit une belle Olivia Doray et un Enguerrand de Hys toujours aussi beau de timbre. Il lui manque juste un peu de puissance car son Veilleur de Nuit est un peu léger… On saluera aussi la haute stature de Luc Bertin-Hugault qui n’a pas un rôle très important mais apporte toute sa dimension au Baron de Moldaw par sa voix grave et sombre. Pour ouvrir l’opéra, l’apparition de Jean Teitgen en Ermite est parfaite. La basse a cette noblesse innée qui lui permet de s’imposer immédiatement pour marquer les esprits. Mais dans les petits rôles, c’est sans nul doute Jodie Devos en Arthur qui marque le plus. Elle virevolte sur scène et se montre parfaite tant vocalement que scéniquement. La voix est brillante, légère et superbe. Enfin, il faut remercier Jérôme Boutillier qui a sauvé les représentations en remplaçant au dernier moment André Heyboer souffrant. Le rôle du Comte de Luddorf est assez tendu et demande une grande aisance dans l’aigu. En effet, si toute la première partie de rôle est assez normal, l’air qui ouvre le cinquième acte est lui particulièrement tendu avec de nombreux aigus qu’il faut assurer. Et Jérôme Boutillier assume totalement le rôle. Magnifique de présence scénique comme vocale, il campe parfaitement ce père violent et autoritaire qui finalement se montre rongé par les remords de son crime.

Acte IV : Vannina Santoni (Agnès), Michael Spyres (Rodolphe), Marion Lebègue (La Nonne Sanglante)

Le rôle d’Agnès est assez ingrat dans le sens où la soprano n’a pas d’air durant tout l’ouvrage. Certes ses duos sont magnifiques, mais elle n’a pas de moment soliste. Le rôle demande tout de même une chanteuse de premier plan avec entre autre le dernier duo qui lui demande une grande force dramatique, culminant sur un contre-ut qui doit crucifier Rodolfe. Vanina Santoni affronte le rôle crânement et nous offre un superbe portrait de femme.Nous ne sommes pas ici devant une victime mais une amoureuse passionnée et forte. Elle nous offre un chant lumineux, d’une fraîcheur surprenante quand on voit la façon dont elle peut affronter aussi le dernier acte où la voix semble gagner en métal pour se montrer implacable. Face à elle se trouve la silhouette sinistre de la Nonne, chantée par Marion Lebègue. La mezzo-soprano avait annoncé il y a bien longtemps sa participation à cette production et elle a la possibilité ici de montrer un talent de coloriste. Car le rôle en lui-même n’est pas extrêmement difficile à chanter malgré la tessiture un peu large. Par contre, il faut réussir à l’interpréter pour donner toute l’épaisseur à ce spectre. Jouer sur les couleurs, appuyer ce qu’il faut un grave, alléger le final… et Marion Lebègue nous donne toutes ces nuances pour un personnage complexe et magnifique. Le timbre serait d’ailleurs presque trop beau par moments où l’on aurait presque voulu un chant plus sinistre et gris. Mais ne nous plaignons pas d’avoir une chanteuse trop belle… car elle offre une présence vraiment marquante tant par son chant froid et quasi monocorde par moments que par sa prestance scénique.

Acte V : Michael Spyres (Rodolphe), Vannina Santoni (Agnès)

Enfin, le véritable rôle principal est bien sûr Rodolphe chanté ici par Michael Spyres. Le ténor américain a toujours montré un grand intérêt pour le répertoire romantique français et ses différentes incursions dans ce répertoire ont toujours été magnifiques ! En 2012, il chantait le rôle de Masaniello dans La Muette de Portici d’Auber, puis Mergy dans Le Pré aux Clercs d’Hérold en 2015. Toujours dans les ouvrages rares, il s’est donc lancé dans le rôle de Rodolphe qu’il chante avec un aplomb souverain. Déjà, il y a la diction parfaite. Le seul non francophone de la distribution se montre au même niveau d’excellence que ses partenaires. Il y a une vraie compréhension du texte par le chanteur pour le rendre aux spectateurs. Mais à cela s’ajoute toutes les qualités de chant qui en font un artiste majeur. Les aigus ne lui font jamais peur et le legato est souverain. Et puis il y a cette façon de mixer les aigus régulièrement, en fin connaisseur du style de l’opéra français… loin d’enchaîner les aigus puissants, il les effleure parfois ou les donne avec une douceur ineffable Il est non seulement d’une grande force dans la tension, mais aussi d’une douceur rêveuse à certains moments, porté par un phrasé de rêve. Son portrait est parfait car l’on ressent toutes les douleurs ou la passion de Rodolphe par un chant raffiné et superbe. Chacune de ses interventions est un vrai bonheur qui surclasse encore des partenaires pourtant de très haut niveau. De la première à la dernière minute il impose un chant magistral et un Rodolphe de très haut lignage ! L’ovation qu’il reçoit à la fin du spectacle est totalement justifiée car il faut saluer l’investissement dans un rôle qu’il ne rechantera sûrement jamais à nouveau et qui est pourtant écrasant par la durée et la longueur.

Acte V : Michael Spyres (Rodolphe), Vannina Santoni (Agnès)

Après Le Timbre d’Argent l’année dernière, cette nouvelle collaboration entre l’Opéra-Comique et le Palazetto Bru Zane est encore une immense réussite. Non seulement par la qualité de la production mais aussi par la découverte d’un ouvrage passionnant ! La Nonne Sanglante méritait un retour sur scène et tous les moyens ont été réunis ici pour la faire resplendir de tout son éclat sombre. La partition était déjà documentée par le disque CPO qui est tout à fait écoutable, mais l’on retrouve ici un soin et des moyens qui permettent encore plus de découvrir toute la beauté et la force de cet opéra de Gounod. Filmé le 12 juin et diffusé sur Culturebox, il faut espérer que le Palazetto Bru Zane en fera un enregistrement pour sa collection d’opéra français, ou alors qu’un DVD couronnera cette entreprise magnifique.

  • Paris
  • Opéra-Comique
  • 8 juin 2018
  • Charles Gounod (1818-1893), La Nonne Sanglante, opéra en cinq actes
  • Mise en scène, David Bobée ; Dramaturgie, David Bobée / Laurence Equilbey ; Collaboration artistique, Corinne Meyniel ; Décors, David Bobée / Aurélie Lemaignen ; Costumes, Alain Blanchot ; Lumières, Stéphanie Babi Aubert ; Vidéo, José Gherrak ; Recherches dramaturgiques, Anaëlle Leibovits Quenehen / Catherine Dewitt
  • Rodolphe, Michael Spyres ; Agnès, Vannina Santoni ; La Nonne, Marion Lebègue ; Le Comte de Luddorf, Jérôme Boutillier ; Arthur, Jodie Devos ; Pierre l’Ermite, Jean Teitgen ; Le Baron de Moldaw, Luc Bertin-Hugault ; Fritz / Le Veilleur de nuit, Enguerrand de Hys ; Anna, Olivia Doray ; Arnold, Pierre-Antoine Chaumien ; Norberg, Julien Neyer ; Théobald, Vincent Eveno
  • Danseurs, Stanislas Briche / Arnaud Chéron / Simon Frenay / Florent Mahoukou / Papythio Matoudidi / Marius Moguiba
  • Accentus
  • Insula Orchestra
  • Laurence Equilbey, direction

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