En cette fin de confinement, Mady Mesplé nous quittait à 89 ans. Quelques semaines avant c’était Gabriel Bacquier, quelques jours après ce sera Janine Reiss. C’est une partie du chant français qui s’en va avec deux grands interprètes et une cheffe de chant des plus réputée. Mais personnellement, c’est surtout le départ de la soprano qui me touche le plus. Elle qui fut l’étoile du chant français durant de si nombreuses années, elle qui se frotta à tant de répertoires différents, depuis la musique baroque de Vivaldi jusqu’aux créations contemporaines et passant bien sûr par le bel-canto, l’opéra français, l’opérette… et la mélodie. Grande artiste, elle apportait à tout ce qu’elle chantait une sensibilité magnifique et un brillant que certains lui reprocheront. La maladie de Parkinson l’obligera à se retirer des scènes mais ne l’empêchera pas de former de nombreux grands chanteurs comme Catherine Hunold, Jean-Sébastien Bou ou encore Elisabeth Vidal qui aura été elle aussi une grande Lakmé. Continuer…
Mozart
Flûte Enchantée et film muet à l’Opéra-Comique
Tous les ans ou presque, Paris voit une production de la Flûte Enchantée. Que ce soit une nouvelle mise en scène ou une belle reprise, la salle est comble. Il y a quelques années, Paris avait même accueilli Les Mystères d’Isis, version remaniée de l’ouvrage lors de sa création à Paris au XVIIIè siècle. Alors une production de plus… quel intérêt ! Mais déjà , cela permet d’accueillir la mise en scène de Barrie Kosky qui tourne dans tout le monde depuis 2012. Ensuite, Mozart a toute sa place à l’Opéra-Comique. La programmation de la salle est avant tout centrée sur le répertoire de la maison, le répertoire français des trois cents dernières années. Mais il ne faut pas oublier aussi que c’est dans cette même salle que la Flûte Enchantée a été créée dans une version la plus proche de l’originale à Paris ! Et c’est donc en quelques sortes un retour aux sources. Et en dehors de tout aspect historique, il y a aussi les dimensions de cette salle qui semble faite pour Mozart tant elle évite aux chanteurs de forcer. Continuer…
Aix-en-Provence et Don Giovanni : toute une histoire!
Voir Don Giovanni à Aix-en-Provence, et encore mieux dans le Théâtre de l’Archevéché, c’est presque comme voir Parsifal à Bayreuth : on sent combien l’ouvrage est important pour le lieu, chargé d’une grande force. Il aura marqué en 1949 le début du rayonnement international du Festival d’Aix-en-Provence et est régulièrement remis sur les planches. La dernière mise en scène de Dmitri Tcherniakov avait fait couler beaucoup d’encre tant il chamboulait les personnages et donnait un sens tout autre à l’ouvrage (mais avec quel brio ! ). Jean-François Savidier est beaucoup plus sage dans ses réalisations sans pour autant être tiède. Et la distribution réunie autour de Jérémie Rhorer est assez tentante : de jeunes chanteurs assez vifs sur scène pour un chef qui connaît très bien ce répertoire classique et a donné de très belles lectures d’ouvrages de Mozart. Ce jour de première était donc attendu par tout le public. Alors que le soleil se couchait, que les pigeons prenaient place sur les rebords de fenêtre… la magie commença à opérer !
Don Giovanni par Jacobs : Tellement logique !
Nourri depuis ma découverte de Don Giovanni par des versions « romantiques » de l’œuvre (Mitropoulos, Klemperer, Karajan, Furtwängler,…) je n’avais pas été convaincu par Harnoncourt. Mais voilà , je voulais tenter une version dite baroque de l’œuvre maintenant que le baroque m’a ouvert les bras. En voyant les critiques bonnes ou mauvaises sur la version de René Jacobs, je me suis laissé tenter. Je m’attendais à des tempi très vifs, un orchestre plutôt sec… en bref toute l’esthétique qu’on retrouve souvent quand un spécialiste du baroque se tourne vers Mozart et il n’en est rien ! Des voix plutôt amples, un orchestre rond et très nuancé, et des tempi très variés. Continuer…