Quand on regarde la discographie et le calendrier de Marina Rebeka, on se demande bien ce qui l’amène au répertoire français du milieu du XIXè siècle, surtout dans ce style au final assez peu vocalisant comparé à ce qui se faisait quelques années avant à la Salle Pelletier ! Car elle a beaucoup chanté Rossini, Mozart, Bellini, Donizetti… Bien sûr le bel-canto ne repose pas uniquement sur la technique, mais on voit tout de même un certain tropisme vers le répertoire vocalisant et dans son registre, le répertoire français a peu de place malgré quelques incarnations scénique : Marguerite dans le Faust de Gounod, Leila dans Les Pêcheurs de Perles, Thaïs, Antonia dans Les Contes d’Hoffmann… et Micaela dans Carmen. On retrouve dans le programme de ce récital un certain nombre de personnages déjà abordés, mais aussi des nouveautés. Il y a un an, son album Spirito avait été une révélation pour beaucoup d’amateurs et en France sa Norma la confirmation de son impact et de sa présence scénique dans le répertoire du bel-canto. Peu de temps après, sa Traviata enregistrée en studio nous la montrait encore sous un autre angle. Ici le défit est tout autre… et il faut avouer qu’il est admirablement relevé ! Continuer…
Bizet
Mirella Freni : 1935 – 2020
Le 9 février 2020 s’est éteinte Mirella Freni à l’âge de 84 ans. Celle qui est présentée sous le nom de « Prudentissima », celle que tout le monde rapproche avant tout de Mimi dans La Bohème ainsi que de celui qui fut justement souvent son partenaire dans ce rôle : Luciano Pavarotti. Elle prenait congés des scènes en 2004 à la mort de Nicolai Ghiaurov… et quinze ans plus tard elle disparait. Mirella Freni, restera bien sûr dans les mémoires collectives… mais elle restera aussi pour moi la première. Car elle faisait partie de mon premier opéra acheté, car elle m’a fait découvrir un certain nombre d’ouvrages juste parce qu’elle le chantait. Le timbre, la musicalité, la délicatesse des portraits tout en donnant une force vitale immense au personnage… Voilà ce qui composait une chanteuse d’opéra immense par le talent, mais aussi d’une grande modestie et d’une grande sagesse. Toujours soucieuse de donner le meilleur d’elle-même, de ne jamais forcer sur son instrument pendant cinquante ans d’une carrière des plus riches, d’apporter sa touche personnelle aux personnages qu’ils soient parfaitement dans ses cordes vocales ou même qu’ils les dépassent un peu. Elle aura donné de magnifiques souvenirs à bien des spectateurs et auditeurs. Arrivé trop tardivement dans le monde passionnant de l’opéra, je n’ai jamais eu la chance de l’entendre en salle, mais rien que la croiser un jour au Théâtre du Châtelet restera un grand souvenir… Continuer…
Des Pêcheurs au style parfait!
Georges Bizet est connu comme le compositeur d’un opéra : Carmen. Mais douze ans plus tôt, il proposait Les Pêcheurs de Perles qui n’eurent malheureusement pas le succès attendu suite à des critiques plutôt dures pour ce sublime opéra. De 1863 à 1886, il restera donc dans l’ombre… mais après le triomphe de la cigarière, le directeur de l’Opéra-Comique veut profiter du nom de Bizet et décide de remonter ces Pêcheurs. Malheureusement cette reprise en 1893 verra l’œuvre défigurée suite à la perte de la partition originale. Et c’est cette version défigurée qui sera popularisée et enregistrée jusque dans les années soixante-dix. De nos jours encore il est fréquent de n’entendre que cette version remaniée et appauvrie. Il est aussi récurent d’entendre l’ouvrage chanté dans un style tout sauf français. Il y a une grande tradition internationale pour cet ouvrage mais il était durant de nombreuses années au cÅ“ur du répertoire de l’Opéra de Paris. Aussi, la présence de trois chanteurs dont on ne peut remettre en cause l’engagement dans le répertoire français était une très belle promesse ! Continuer…
Carmen : Lemieux et Spyres plus que convaincants!
Carmen est régulièrement donné à Paris. Depuis quelques années nous avons eu droit à la maintenant presque légendaire production dirigée par Gardiner avec Anna Caterina Antonacci dans le rôle titre, dans l’écrin parfait de l’Opéra-Comique… ainsi que la production assez mitigée de l’Opéra Bastille avec la même Antonacci dans le rôle titre. Alors pourquoi proposer deux soirées en version de concert d’une Å“uvre qui est certes particulièrement populaire… mais qui va voir une reprise à Bastille dans quelques temps ! Le Théâtre des Champs-Elysées a misé sur l’originalité de la distribution et particulièrement sur les deux rôles principaux. En effet, alors qu’elle commence à élargir son répertoire vers le répertoire romantique, Marie-Nicole Lemieux fait ses premières armes dans le rôle de la Carmencita après avoir chanté quelques semaines auparavant Rodelinda de Haendel sur cette même scène. Grand écart stylistique et vocal entre ces deux rôles. On pourra aussi rappeler que Michael Spyres est actuellement salué sur les plus grandes scènes pour ses prestations dans le bel canto romantique et particulièrement Rossini où il reprend tous les grands rôles de baryténor du répertoire avec un succès certain. La curiosité est donc là … et en ce 2 février, la salle était particulièrement pleine ! Continuer…
Les Pêcheurs de Perles : bonnes et mauvaises surprises
Moins d’un an après la production scénique de l’Opéra-Comique, Les Pêcheurs de Perles reviennent devant le public parisien pour une version de concert, avec pour tête d’affiche le ténor Roberto Alagna. Et c’est devant une salle pleine et déjà acquise à sa cause que le ténor va nous proposer son Nadir, entouré de chanteurs de haut niveau. Car si la partition reste un petit miracle de poésie et de lyrisme, elle est aussi particulièrement exigeante d’un point de vue style et poésie tant pour les chanteurs que pour l’orchestre. Continuer…