Dans les Jardins de William Christie 2022

C’est lors de l’édition de 2015 que j’avais découvert ces magnifiques jardins de William Christie. C’était alors la quatrième édition de ce Festival dans les Jardins de William Christie qui redonne vie pendant quelques semaines au petit village de Thiré, perdu au fond de la Vendée. Au cours des années, on a pu voir quelques évolutions dans les lieux de représentations, dans la conception des programmes, dans la mise en avant de certains artistes… mais on a toujours le même magnifique cadre (qui même continue à s’agrandir et s’embellir), toujours la même qualité musicale… et toujours le grand plaisir de baigner dans la musique de 16h à 23h… C’est en général le programme du soir qui définit la journée de visite. Et cette année c’est le programme “Molière et ses musiques” qui aura été le plus intéressant sur le papier. Et la distribution (De Negri, Auvity, Mauillon,…) promettait des concerts de l’après-midi intéressants! Et ce fut le cas à plus d’un titre! Continuer…

Elsa Dreisig nous promène entre Duparc, Rachmaninov et Strauss

Même si les bonnes manières trouvent indélicat de donner l’âge des dames, il faut tout de même indiquer celui d’Elsa Dreisig pour mesurer toute l’étendue du talent de la jeune soprano franco-danoise. À tout juste 29 ans, voici qu’elle nous propose un deuxième disque chez Erato, mais aussi un voyage artistique mené de main de maître. Après avoir été Elvira dans Les Puritains cet automne à l’Opéra-Bastille, voici qu’elle entame une tournée autour de son nouveau récital « Morgen » où se côtoient des mélodies de Duparc, Rachmaninov et Strauss. Ces trois noms sont sans doute parmi les plus grands représentants des écoles respectivement française, russe et allemande de la mélodie. Malgré tout, le Théâtre des Champs-Élysées n’était pas plein, à tel point que ce dernier a offert des places à ses abonnés… triste monde où de tels programmes n’arrivent pas à remplir un théâtre, surtout qu’Elsa Dreisig est précédé d’une assez flatteuse réputation dans ce répertoire de la mélodie. Bien loin donc de la folie d’Elvira, voici qu’elle doit concentrer ses effets pour donner tout son sens à ce programme superbement construit. Continuer…

Trio Ayonis, entre chansons et mélodies

Enguerrand de Hys fait partie des noms qui apparaissent régulièrement sur les programmes, souvent dans des petits rôles comme ce fut le cas dans La Nonne Sanglante, Fantasio ou Armide ces dernières années… Et le ténor se montre toujours aussi parfait vocalement, avec des personnages très bien calibrés pour sa voix. Mais récemment, c’est dans Tarare qu’il a marqué les esprits, chantant le rôle de Calpigi avec malice mais aussi cette dose de danger dans la voix lorsqu’il menace son maître. On sent que le chanteur a un grand potentiel pour donner vie à ces personnages même s’ils sont souvent très courts. Aussi, voyant qu’il allait donner un concert à Paris avec un programme original et intéressant… je me renseigne un peu et découvre ce Trio Ayonis formé avec Élodie Roudet et Paul Beynet. Les trois musiciens sont jeunes, particulièrement investis dans ces programmes qui mêlent mélodies, chansons et airs d’opéra. Aussi, après une rapide découverte sur Internet, voici que ce concert est obligatoire. Après le Gala Bru Zane, le format est bien sûr plus intime mais la curiosité est forte ! Continuer…

Lea Desandre et Thomas Dunford sous les étoiles d’Aix-en-Provence

Alors que le Théâtre de l’Archevêché s’apprêtait à faire résonner les accords initiaux du Requiem de Mozart, un autre programme débutait juste de l’autre côté de la rue, dans la magnifique cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède. Nommé « Belle époque baroque », le récital se composait d’airs de cours et de pièce pour archiluth… mais aussi de quelques mélodies du début du vingtième siècle, elles aussi accompagnées à l’archiluth ! Programme tout en douceur donc, mené par deux jeunes artistes : Thomas Dunford qui vient à peine de dépasser les trente ans et Léa Desandre qui elle n’y est pas encore de quelques années. Le cadre, le programme, les artistes… tout était réuni pour ce grand moment. Petit par le format il promettait en effet d’immenses émotions quand on connaît un peu ce répertoire. Et à la lecture exacte du programme, on découvrait que le choix des pièces avait été fait avec beaucoup de soin. Un public nombreux s’était rassemblé d’ailleurs pour ce beau moment de poésie. Continuer…

Un bouquet de mélodies de Charles Gounod par Tassis Christoyannis

Le Palazzetto Bru Zane fait beaucoup parler de lui pour les opéras qu’il remet en lumière… mais il y aussi un la mélodie français qu’il sait faire briller. En effet, depuis quelques années, Tassis Christoyannis a pu enregistrer sous l’égide de la fondation plusieurs disques de mélodies : Félicien David, Édouard Lalo, Benjamin Godard, Camille Saint-Saëns, Fernand de la Tombelle… et finalement Charles Gounod en cette année anniversaire. Il était logique de rendre hommage à cette production si importante dans la vie musicale du compositeur. Car c’est avec ses mélodies qu’il se fera un nom au tout départ. Et bon nombre de compositeurs ou musicologues n’hésitent pas à dire qu’il est le père de la mélodie français, peut-être plus qu’Hector Berlioz. Car chez Gounod il y a, pour ces mélodies comme pour les opéras, un grand travail pour que la ligne musicale laisse respirer le texte, que cette mélodie soit avant tout une mise en valeur du poème. Avec plus de 170 mélodies à son catalogue, le compositeur a aussi la particularité d’en avoir composé près du tiers en anglais, alors que nous avons aussi quelques mélodies en italien, allemand ou espagnol. Continuer…

Huguette Tourangeau (1938-2018)

Il y a quelques jours s’est éteinte l’une de ces voix qui provoquent beaucoup de réactions. Si elle avait ses détracteurs, Huguette Tourangeau avait aussi ses admirateurs. Certains trouvaient sa voix trop étrange, aux registres trop marqués… d’autres justement trouvaient cette voix très personnelle passionnante et immédiatement captivante. La chanteuse restera surtout dans les mémoires pour avoir accompagné pendant quinze ans le couple que formaient Joan Sutherland et Richard Bonynge. En effet elle participera à de nombreux enregistrements chez DECCA mais aussi à de nombreuses productions scéniques. Aussi à l’aise dans le bel-canto que dans le répertoire français, elle restera l’un de ces astres fascinant par leur personnalité. Mais elle n’est pas juste un faire valoir. Elle aura bien sûr un grand appui par Richard Bonynge… mais elle saura marquer les mémoires par sa personnalité et son charisme. Continuer…

Duparc : mélodies pour solistes, piano et vent

S’il est un compositeur français qui occupe une place à part dans la mélodie française, c’est bien Duparc. Alors que des musiciens comme Berlioz ont fait renaître le genre, que des Gounod ou Massenet ont composés des centaines de mélodies, que la nouvelle génération Debussy ou Ravel ont marqué de leur emprunte ce style… avec seulement dix-sept mélodies en tout et pour tout Henri Duparc s’est imposé comme l’un des plus grands dans ce domaine. Très difficile vis-à-vis de son travail, le musicien a détruit la grande majorité de ses partitions pour notre plus grand malheur. Seuls quelques opus ont survécus et à chaque fois c’est un véritable chef d’œuvre. Comment ne pas regretter de ne pas avoir un peu plus de matière pour comprendre celui qui fut l’ami de d’Indy et le disciple de Franck. Le Festival d’Aix-en-Provence proposait de rendre hommage à ce compositeur en mettant en avant trois jeunes musiciens lauréats HSBC de l’Académie. Souvent plus habitués à chanter du baroque ou Mozart, on les retrouve donc dans un répertoire romantique où les qualités de diction sont primordiales. Continuer…

Sabine Revault d’Allonnes dévoile les mélodies de Massenet

Massenet_Revault_d_allonnesDepuis des années, la maison de disques Timpani fait beaucoup pour la mélodie française, enregistrant nombre de disques dévolus à des compositeurs rares. Bien sûr, Massenet ne fait pas partie de cette catégorie… sauf dans le domaine de la mélodie justement ! En dehors de quelques mélodies éparses comme la fameuse Élégie, toute sa composition repose dans l’ombre de ses opéras. L’année 2012, bicentenaire de sa naissance, aura vu ce manque légèrement comblé par des disques comme ceux de Rima Tawil, Blandine Staskiewicz et donc Sabine Revault d’Allonnes. Continuer…