Joan Sutherland fait partie de ces chanteuses qui fascinent souvent, mais laissent aussi parfois les auditeurs totalement sur le bord de la route. Pourtant, la soprano reste un nom important tant elle a remis au goût du jour toute une partie du répertoire opératique. Avec son mari Richard Bonynge, elle a chanté sur les plus grandes scènes les rôles du bel-canto romantique les plus tragiques et alors peu montés. Mais elle a aussi aidé à la renaissance d’une partie de l’opéra français. Car si le bel-canto avait déjà vu Maria Callas lui redonner grandeur et variété, c’est bien le couple Bonynge/Sutherland qui a réussi à imposer les enregistrements d’ouvrage rares comme Hamlet d’Ambroise Thomas, Les Huguenots de Giacomo Meyerbeer, ou encore Esclarmonde et Le Roi de Lahore de Jules Massenet ! Ainsi, malgré mes réticences à écouter cet enregistrement légendaire de Lucia di Lammermoor, j’ai voulu lui redonner sa chance. C’est donc une sorte de parcours de redécouverte qui sera ici chroniqué. Continuer…
Author: Erik
Dans les Jardins de William Christie 2017 : An English Garden
Comme chaque année, William Christie ouvre son domaine aux amoureux des jardins et de la musique baroque. Comme chaque année l’on peut admirer les beautés des nouvelles plantations mais aussi écouter les nouvelles découvertes du chef d’orchestre. Car dans ce lieu, c’est le mélange entre musique et horticulture qui devient magique, ces cadres magnifiques et intimes pour de superbes moments de musique en petit comité. Pour cette sixième édition, ce sont encore des musiciens chevronnés qui côtoient de jeunes étudiants de New-York… des membres historiques des Arts Florissants qui regardent d’un Å“il bienveillant la future génération de musiciens ou de chanteurs. Et comme toujours l’ambiance est clame et bienveillante, chacun des artistes étant là pour se faire plaisir en même temps qu’éblouir les oreilles du public qui vient ici dans le respect non seulement des lieux, mais aussi du maître des lieux qui sait imposer une certaine discipline paternaliste. Encore un beau voyage au pays du baroque… parfois originale mais toujours d’une grande qualité artistique ! Continuer…
Aix-en-Provence et Don Giovanni : toute une histoire!
Voir Don Giovanni à Aix-en-Provence, et encore mieux dans le Théâtre de l’Archevéché, c’est presque comme voir Parsifal à Bayreuth : on sent combien l’ouvrage est important pour le lieu, chargé d’une grande force. Il aura marqué en 1949 le début du rayonnement international du Festival d’Aix-en-Provence et est régulièrement remis sur les planches. La dernière mise en scène de Dmitri Tcherniakov avait fait couler beaucoup d’encre tant il chamboulait les personnages et donnait un sens tout autre à l’ouvrage (mais avec quel brio ! ). Jean-François Savidier est beaucoup plus sage dans ses réalisations sans pour autant être tiède. Et la distribution réunie autour de Jérémie Rhorer est assez tentante : de jeunes chanteurs assez vifs sur scène pour un chef qui connaît très bien ce répertoire classique et a donné de très belles lectures d’ouvrages de Mozart. Ce jour de première était donc attendu par tout le public. Alors que le soleil se couchait, que les pigeons prenaient place sur les rebords de fenêtre… la magie commença à opérer !
Duparc : mélodies pour solistes, piano et vent
S’il est un compositeur français qui occupe une place à part dans la mélodie française, c’est bien Duparc. Alors que des musiciens comme Berlioz ont fait renaître le genre, que des Gounod ou Massenet ont composés des centaines de mélodies, que la nouvelle génération Debussy ou Ravel ont marqué de leur emprunte ce style… avec seulement dix-sept mélodies en tout et pour tout Henri Duparc s’est imposé comme l’un des plus grands dans ce domaine. Très difficile vis-à -vis de son travail, le musicien a détruit la grande majorité de ses partitions pour notre plus grand malheur. Seuls quelques opus ont survécus et à chaque fois c’est un véritable chef d’œuvre. Comment ne pas regretter de ne pas avoir un peu plus de matière pour comprendre celui qui fut l’ami de d’Indy et le disciple de Franck. Le Festival d’Aix-en-Provence proposait de rendre hommage à ce compositeur en mettant en avant trois jeunes musiciens lauréats HSBC de l’Académie. Souvent plus habitués à chanter du baroque ou Mozart, on les retrouve donc dans un répertoire romantique où les qualités de diction sont primordiales. Continuer…
Le Timbre d’Argent, encore un grand ouvrage de Saint-Saëns révélé!
Après Proserpine et Les Barbares, voici encore un ouvrage de Camille Saint-Saëns qui retrouve les honneurs de la scène. Mais ce Timbre d’Argent a un plus grand honneur car c’est en version scénique qu’il est restitué ici par l’Opéra-Comique et la Fondation Bru-Zane. Grand compositeur du XIXème siècle, Saint-Saëns a composé de nombreux opéras mais de nos jours seul Samson et Dalila reste vivace. Partition foisonnante, l’ouvrage repose sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré… et l’on retrouve ici beaucoup d’aspects communs avec le Faust de Gounod et Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Le personnage diabolique y est central, et ce pacte avec le mal sont assez significatifs. Le compositeur en a profité pour créer une musique passionnante où se mêlent de nombreuses inspirations, avec en alliée du démon un personnage muet de danseuse. La présence de ce rôle muet apporte lui aussi une autre dimension à l’opéra du jeune compositeur et l’on reste saisi par la richesse d’inspiration constante ! Continuer…
Grand Faust en apothéose à Avignon!
En clôture de sa dernière saison à la direction de l’Opéra d’Avignon, Raymond Duffaut souhaitait revenir sur ses débuts à l’opéra avec le Faust de Gounod. Ce choix n’était pas très marquant mais c’était faire un pendant à une soirée du 7 février 1949 où le directeur de théâtre se trouvait dans cet opéra d’Avignon pour assister à une représentation de l’ouvrage. Peu de risque donc d’un point de vue répertoire pour ces deux soirées de clôture… mais les forces engagées dans la production en font un évènement tant on découvre de grandes surprises au cours de la représentation : une mise en scène assez originale et bien pensée, mais surtout une partition intégrale… avec en effet le ballet qui est si souvent coupé ou alors joué en partie seulement. Avec une distribution francophone dont certains habitués des lieux, le directeur voulait cette soirée comme une sorte d’aboutissement et de démonstration des qualités de son théâtre. Au final le rendu lui donne raison car la soirée aura été splendide ! Continuer…
Halévy : La Reine de Chypre retrouvée
S’il est reconnu comme le compositeur de La Juive, l’un des grands-opéras les plus joués encore de nos jours, Jacques Fromental Halévy semble par contre ne pas avoir la notoriété suffisante pour que des salles osent monter des productions scéniques de ses autres ouvrages. En effet, en dehors de son grand succès l’on a eu droit à Charles VI en 2005, Clari en 2010 ou encore La Magicienne en 2011 (seulement en version de concert)… et rien d’autre récemment alors que son catalogue d’opéra est assez fourni. On peut heureusement compter sur la Fondation Bru-Zane pour remettre en avant une partition rare. La Reine de Chypre a été un immense succès lors de sa création en 1841, cinq ans après le triomphe de La Juive. Comme à son habitude, ce concert sera suivi d’un disque pour immortaliser cette re-création avec une distribution très prometteuse ! Continuer…
Rigoletto en carton à l’Opéra de Paris
Parmi les opéras connus, Rigoletto figure dans la haut du palmarès… Régulièrement donné par les plus grands noms, il n’en reste pas moins très exigeant pour les trois rôles principaux. Sa construction demande aussi une vraie implication de chacun afin d’éviter les tunnels ou un manque de tension. Aussi, la venue d’une belle distribution dans une mise en scène qui semblait plutôt intéressante car évitant les poncifs était plutôt une bonne occasion de voir cette Å“uvre. Mais à la fin de la soirée, on en vient à regretter certains éléments. Une distribution un peu bancale ainsi qu’une mise en scène qui rapidement devient lassante malgré quelques bonnes idées. Continuer…
Charpentier : Médée, la seule et l’unique!
Musicien accompli, Marc-Antoine Charpentier a subit l’autorité absolue de Lully durant une bonne partie de sa vie de compositeur. Alors que les quelques partitions tragiques qui nous restent du musicien sont passionnantes, il ne nous a finalement légué qu’une seule grande tragédie en musique. Cette Médée contient tout le savoir-faire de ce grand musicien qui sait respecter les règles formelle de l’exercice sans pour autant lisser son langage plus chatoyant que celui qui régnait sur la scène de Versailles. Bien sûr, nous pouvons nous réjouir l’oreille avec David et Jonathas ou d’autres compositions plus courtes… mais il leur manque ce petit quelque chose de grandiose qui est ici contenu. Voir Charpentier à Versailles semblerait presque être une revanche sur l’histoire, mais c’est surtout la possibilité pour le public de vivre cette grande histoire dans toute sa dimension artistique et dramatique dans un lieu parfait pour ce répertoire. La venue régulière des artistes de Toronto est un vrai bonheur pour les amateurs de baroque français ! Continuer…
Pour Onegin et Tatiana…
Ouvrage le plus connu du répertoire opératique Russe, Eugen Onegin revenait sur la scène de l’Opéra de Paris pour accueillir Anna Netrebko dans son seul rôle russe à son répertoire actuellement, après qu’elle semble avoir abandonné Iolanta dont elle avait défendu il y a quelques années la partition. La production devait voir lui succéder Sonya Yoncheva mais le duel n’aura finalement pas lieu, cette dernière s’étant retirée de la production. Si la production ne devait pas poser de soucis à la chanteuse arrivée très peu de temps avant la première, la question restait de savoir si celle qui chante maintenant des rôles de plus en plus lourds allait réussir à trouver les couleurs et les nuances de cette jeune fille rêveuse. Et ce d’autant plus qu’elle était entourée d’une distribution assez brillante. Restait toujours certes LA Netrebko, mais si elle peut en plus nous apporter des émotions et des couleurs subtiles, le bonheur n’en est que plus grand… Continuer…