Flûte Enchantée et film muet à l’Opéra-Comique

Tous les ans ou presque, Paris voit une production de la Flûte Enchantée. Que ce soit une nouvelle mise en scène ou une belle reprise, la salle est comble. Il y a quelques années, Paris avait même accueilli Les Mystères d’Isis, version remaniée de l’ouvrage lors de sa création à Paris au XVIIIè siècle. Alors une production de plus… quel intérêt ! Mais déjà, cela permet d’accueillir la mise en scène de Barrie Kosky qui tourne dans tout le monde depuis 2012. Ensuite, Mozart a toute sa place à l’Opéra-Comique. La programmation de la salle est avant tout centrée sur le répertoire de la maison, le répertoire français des trois cents dernières années. Mais il ne faut pas oublier aussi que c’est dans cette même salle que la Flûte Enchantée a été créée dans une version la plus proche de l’originale à Paris ! Et c’est donc en quelques sortes un retour aux sources. Et en dehors de tout aspect historique, il y a aussi les dimensions de cette salle qui semble faite pour Mozart tant elle évite aux chanteurs de forcer. Continuer…

Aix-en-Provence et Don Giovanni : toute une histoire!

Voir Don Giovanni à Aix-en-Provence, et encore mieux dans le Théâtre de l’Archevéché, c’est presque comme voir Parsifal à Bayreuth : on sent combien l’ouvrage est important pour le lieu, chargé d’une grande force. Il aura marqué en 1949 le début du rayonnement international du Festival d’Aix-en-Provence et est régulièrement remis sur les planches. La dernière mise en scène de Dmitri Tcherniakov avait fait couler beaucoup d’encre tant il chamboulait les personnages et donnait un sens tout autre à l’ouvrage (mais avec quel brio ! ). Jean-François Savidier est beaucoup plus sage dans ses réalisations sans pour autant être tiède. Et la distribution réunie autour de Jérémie Rhorer est assez tentante : de jeunes chanteurs assez vifs sur scène pour un chef qui connaît très bien ce répertoire classique et a donné de très belles lectures d’ouvrages de Mozart. Ce jour de première était donc attendu par tout le public. Alors que le soleil se couchait, que les pigeons prenaient place sur les rebords de fenêtre… la magie commença à opérer !

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Salieri, Europa Riconosciuta : Enfin!

Enfin ! Et c’est un enfin à plusieurs titres. Déjà on peut saluer le retour en grâce de Salieri, trop associé dans l’esprit de beaucoup à la mort de Mozart, surtout après le film Amadeus de MiloÅ¡ Forman qui le désignait comme empoisonneur. Car si le nom est connu et si quelques enregistrements existaient déjà, on peut voir un certain regain d’intérêt pour ce compositeur, montrant ainsi au plus nombreux qu’il n’était pas juste un jaloux, mais bien un très grand compositeur. Et il savait s’imposer dans plusieurs styles ! Le Palazetto Bru Zane a publié Les Danaïdes et vont suivre Les Horaces (et normalement Tarare dans l’avenir) pour les tragédies de style parisien, mais retrouver cet ouvrage Europa Riconosciuta publié est une bonne chose car il documente non seulement un autre style parfaitement maîtrisé par Salieri, mais aussi un ouvrage passionnant dans sa forme. L’autre « enfin » est motivé par l’attente de la publication de cette représentation. Elle avait été filmée et diffusée à la télévision mais cela faisait maintenant douze ans et on pouvait logiquement douter de sa publication officielle. Enfin nous voilà soulagés ! Continuer…

Armide théâtrale à la Philharmonie

minkowski_marcIl y a tout juste vingt ans, Marc Minkowski enregistrait l’Armide de Gluck dans la grande salle de la Cité de la Musique à Paris… et cet enregistrement paru chez Archive reste la référence discographique incontestée encore à ce jour. Il était donc tout à fait logique que suite à la production de l’Opéra de Vienne, le chef français nous propose un concert à la Philharmonie de Paris ainsi qu’à l’Opéra de Bordeaux ensuite où il occupe maintenant le poste de directeur.Du spectacle de Vienne restent l’orchestre, le chef ainsi que les deux rôles principaux. Tout le reste de la distribution est renouvelé avec des chanteurs français jeunes ou ayant une forte accointance avec le répertoire classique. Gaëlle Arquez et Stanislas de Barbeyrac pouvaient mettre a profit les représentations données il y a quelques jours sur scène… mais ils sont rejoints par l’ensemble de la distribution qui donne vie de superbe manière à une mise en espace simple et lisible. L’ouvrage prend donc toute sa grandeur et réussit à remplir l’immense salle de la Philharmonie sans qu’elle ne s’y trouve noyée comme l’avait été l’Armide de Lully l’année précédente. Continuer…

Olympie, ou Spontini revisitant l’antique

olympie_frontespizioLe Théâtre des Champs Elysées a présenté il y a quelques saison La Vestale de Spontini… et voici de nouveau une Å“uvre du compositeur : Olympie. Si précédemment nous avions eu droit à une version scénique, c’est ici en version de concert comme toutes les productions ou presque du Palazetto Bru Zane qui donnent lieu par la suite à une parution en disque. Troisième grand ouvrage lyrique du compositeur pour la scène parisienne, le succès restera mitigé malgré une révision du final pour la reprise de 1826. Alors que la version originale de 1819 voyait Olympie et Statira se suicider avant que ne soit innocenté Cassandre, la version remaniée donne une fin joyeuse avec le mariage de Cassandre et Olympie. C’est cette dernière version qui est proposée par le chef Jérémie Rhorer. On se demande pour quelle raison le final original n’a pas été choisi, mais difficile de juger sans avoir entendu les deux possibilités. On pourrait rêver pour l’enregistrement que le disque propose les deux finaux afin de pouvoir comparer ! Continuer…

Le grand deuil d’Alceste par Olivier Py

Acte III : Véronique Gens (Alceste), Stanislas de Barbeyrac (Admète)

Acte III : Véronique Gens (Alceste), Stanislas de Barbeyrac (Admète)

Créée la saison précédente, cette production d’Alceste d’Olivier Py avait beaucoup fait parler d’elle… pour certains le principe des décors à la craie était magique et pour d’autres il ne soulignait qu’un manque cruel d’idée chez le metteur en scène. Décrié sur la scène de l’Opéra Bastille quelques mois après pour son Aïda, puis encensé pour son Dialogues des Carmélites au Théâtre des Champs Élysées, Olivier Py aurait-il donné trop en peu de temps ? A la vue de cette reprise (et après avoir apprécié la mise en scène de l’œuvre de Verdi), il semble que les commentateurs aient été bien difficiles car une grande poésie se dégage des images du metteur en scène. Alors que la saison précédente, Sophie Koch et Yann Beuron se partageaient les deux rôles principaux, c’est cette fois Véronique Gens et Stanislas de Barbeyrac (Léandre l’année dernière) qui donnent vie à l’œuvre de Gluck avec sensibilité et beauté. Continuer…

Franco Fagioli : Orfeo en manque de poésie

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Laurence Equilbey

Depuis quelques années, on voit un grand retour à la version originale de l’Orfeo de Gluck, et récemment, le rôle-titre a été interprété par deux grands contre-ténors : Franco Fagioli et Bejun Mehta. En 2013, le premier renversait Versailles par son interprétation. En 2014, le deuxième se révélait un Orfeo bouleversant dans un DVD ici commenté… C’est la même équipe de 2013 qui nous présente ici dans la petite salle de la Philharmonie de Paris l’Orfeo ed Euridice de Gluck. Sur instruments anciens, avec des chanteurs habitués au répertoire baroque et dans une salle de dimension humaine, on s’attendait à une grande soirée… mais l’espoir aura finalement été un peu déçu. Continuer…

Les Bayadères : Autre Catel, même réussite !

bayaderesCharles Simon Catel a eu la mauvaise idée de composer à une période trouble de l’histoire de France, devant changer de style au gré des changements de régime politique suite à la Révolution Française. Mais à cela, il a ajouté le titre de premier professeur d’harmonie du tout nouveau Conservatoire de Paris fondé en 1795. Et de fait, il restera dans les mémoires comme un grand pédagogue et théoricien (son Traitée d’Harmonie de 1802 restera longtemps un modèle) mais non comme un musicien artiste. Compositeur de circonstance lors des grandes fêtes révolutionnaires, il n’en fut pas moins un homme de théâtre et après nous avoir offert Sémiramis, le Palazetto Bru Zane nous donne à entendre Les Bayadères. Ces deux Å“uvres aux influences variées nous montrent combien le musicien était raffiné, fin et aussi très apte à créer une tension dramatique, cherchant des solutions que l’admiration de Gluck avait empêchée. Un novateur donc qui est heureusement rétabli de nos jours. Continuer…

Don Giovanni par Jacobs : Tellement logique !

don_giovanni_jacobsNourri depuis ma découverte de Don Giovanni par des versions « romantiques » de l’œuvre (Mitropoulos, Klemperer, Karajan, Furtwängler,…) je n’avais pas été convaincu par Harnoncourt. Mais voilà, je voulais tenter une version dite baroque de l’œuvre maintenant que le baroque m’a ouvert les bras. En voyant les critiques bonnes ou mauvaises sur la version de René Jacobs, je me suis laissé tenter. Je m’attendais à des tempi très vifs, un orchestre plutôt sec… en bref toute l’esthétique qu’on retrouve souvent quand un spécialiste du baroque se tourne vers Mozart et il n’en est rien ! Des voix plutôt amples, un orchestre rond et très nuancé, et des tempi très variés. Continuer…