Plus d’un siècle après sa création à Bruxelles, l’unique opéra d’Ernest Chausson trouve enfin sa place sur la scène de l’Opéra de Paris. Le Roi Arthus a malheureusement bénéficié d’une assez mauvaise publicité et d’un manque de reconnaissance vis-à -vis de son compositeur. En effet, l’Å“uvre a été immédiatement taxé d’être une pâle copie de Wagner… et le compositeur a la mauvaise idée de se tuer à bicyclette alors que son opéra n’a pas encore été représenté. Il ne pourra pas alors le défendre, ni lui donner des petits frères qui auraient sûrement ancré le nom de Chausson sur la scène de l’opéra. Après un vÅ“u exprimé lors de sa prise de fonction à l’Opéra de Paris, Philippe Jordan a la possibilité de donner sur scène cet opéra passionnant et majestueux. Quelques saisons ont passé, mais l’équipe réunie et l’évolution artistique du chef ne nous font pas regretter d’avoir laissé ce projet murir car le résultat est à la hauteur de la partition et permet de découvrir cet opéra dans toute sa gloire. Continuer…
Rimsky et sa Fiancée enfin à Paris
Grande soirée à la Philharmonie, puisqu’enfin nous était proposé à Paris un opéra de Rimsky-Korsakov. Bien sûr ce n’était qu’en version mise en espace dans une petite salle… mais tout de même quel plaisir d’entendre la magnifique musique de La Fiancée du Tsar. Pour l’occasion, Mikhaïl Jurowski a fait appel à de jeunes chanteurs russes régulièrement mis à l’honneur par les scènes de Moscou. Délaissant les contes mythiques ou chevaleresques, changeant totalement de sujet et de forme après la création de Mozart et Salieri, c’est sous le Tsar Ivan que Rimsky-Korsakov nous emmène non pas pour un grand drame historique mais pour assister au destin funeste d’une jeune fille aimée par trop de prétendant et qui en mourra. Inspiré d’un écrit de Lev Mey, il nous montre toutes les émotions possibles au travers de personnages magnifiquement dessinés et d’une musique toujours aussi passionnante. Le triomphe final prouve bien qu’une telle Å“uvre a toute sa place à Paris et qu’il serait bon de monter enfin des opéras de Rimsky-Korsakov en version scénique. Continuer…
Hamlet à Avignon : splendide découverte
Si l’Opéra National de Paris Å“uvrait à hauteur de ses moyens de la même façon que l’Opéra d’Avignon pour le patrimoine de l’opéra français, nous serions comblés… car en une saison, la maison provençale nous donne à entendre Mireille de Gounod puis Hamlet de Thomas. Deux Å“uvres qui ont fait un triomphe pendant des décennies, mais aussi deux Å“uvres qui sont rarement montées sur les grandes scènes de nos jours. Ici, l’Opéra d’Avignon reprenait la production qui avait triomphé en 2010 à Marseille. De cette création ne subsistent que la mise en scène et Patricia Ciofi, mais c’est déjà énorme car les deux se montrent magnifiques. Autour de la soprano italienne, une équipe entièrement francophone pour notre plus grand plaisir, et des artistes particulièrement engagés! Continuer…
Franco Fagioli : Orfeo en manque de poésie
Depuis quelques années, on voit un grand retour à la version originale de l’Orfeo de Gluck, et récemment, le rôle-titre a été interprété par deux grands contre-ténors : Franco Fagioli et Bejun Mehta. En 2013, le premier renversait Versailles par son interprétation. En 2014, le deuxième se révélait un Orfeo bouleversant dans un DVD ici commenté… C’est la même équipe de 2013 qui nous présente ici dans la petite salle de la Philharmonie de Paris l’Orfeo ed Euridice de Gluck. Sur instruments anciens, avec des chanteurs habitués au répertoire baroque et dans une salle de dimension humaine, on s’attendait à une grande soirée… mais l’espoir aura finalement été un peu déçu. Continuer…
Le Cid triomphe à Garnier
Début de printemps très prolixe en opéras français sur Paris : Faust, Le Pré aux Clercs, Le Cid… on ne peut que se réjouir de voir ainsi représentés des Å“uvres très connues, d’autres oubliées… et enfin d’autres dont le titre subsiste mais qui sont rarement représentées comme l’Å“uvre de Jules Massenet. Michel Plasson se montre d’ailleurs encore une fois à la hauteur de sa renommée en dirigeant les deux productions de Faust et du Cid sans quitter la fausse. Mais ce Cid justement… Sa réputation n’est pas forcément des meilleures et malheureusement les quelques enregistrements existants ne sont pas au niveau d’une partition grandiose. Ainsi, le Palais Garnier nous propose une production dont la mise en scène n’est certes pas des plus passionnantes, mais où la distribution musicale promet beaucoup. Continuer…
Massenet aujourd’hui : Héritage et postérité
Par l’entremise de la Biennale Jules Massenet qui se tient à Saint-Étienne, bon nombre d’Å“uvres du compositeur ont été remises sur le devant de la scène, au moins temporairement et souvent le temps d’en conserver une trace par un disque. Les 25 et 26 octobre 2012, un colloque a vu se présenter des amateurs, des chercheurs, des compositeurs pour analyser un ce qu’était la production de Jules Massenet, son héritage dans les générations qui ont suivi… et aussi chercher à savoir comment Massenet était représenté et pourquoi il a été dénigré durant de longues années. La parution des actes de ce colloque ne donne bien sûr pas toutes les informations qu’on pourrait attendre. Il ne faut pas chercher une biographie mais bien des détails sur sa vie, sur ses Å“uvres ou sa pédagogie. Pas d’étude exhaustive donc. Mais ce livre n’en est pas moins passionnant puisqu’au travers d’articles souvent très abordables et bien écrits, on découvre l’avis de ses contemporains sur le compositeur et aussi celui de grandes figures modernes. Continuer…
Grand gala d’Opéra Français : Marc Minkowski
Lors de la parution du programme de la Philharmonie, ce concert était pour moi l’un des plus précieux… car déjà la distribution proposait parmi ce qui se fait de mieux dans le jeune chant français, mais en plus, on sait l’amour de Marc Minkowski pour l’opéra français et sa curiosité pour les Å“uvres rares ou peu montées. On pouvait donc espérer une soirée grandiose. A l’annonce du programme de la soirée, le bonheur a été complet puisqu’on nous donnait à entendre un florilège varié, passionnant et superbe sur le papier… Et le concert aura tenu toutes ses espérances avec un chef, des musiciens et des chanteurs qui semblaient véritablement heureux de donner vie à tout ce patrimoine parfois endormi. Continuer…
Cinq-Mars, résurrection d’un autre Gounod
Depuis sa création, le Palazzetto Bru Zane ne s’était guère penché sur Charles Gounod. Mis à part quelques airs dans des récitals, aucune résurrection éclatante… Voilà qui est corrigé avec ce brillant Cinq-Mars qui a été monté pour trois soirées à Munich, Vienne et Versailles. Avec un beau luxe dans le choix des interprètes, la partition de Gounod peut revivre dans toute sa splendeur après 137 ans d’oubli. Et à l’écoute, on se demande comment une partition si riche est restée dans l’ombre alors que la création avait été un assez beau succès. Basé sur un petit épisode de la vie du Marquis de Cinq-Mars, l’œuvre recréé toute l’ambiance de la cours sous Louis XIII alors que les nobles renâclent à obéir au Cardinal de Richelieu. Riche en couleurs et en sentiments, l’opéra semble être un Grand Opéra miniature, ce qui convient parfaitement au tempérament de Gounod, plus habile dans les petites formes que dans les grandes débauches de moyens. Continuer…
Fêtes Vénitiennes à l’Opéra-Comique
Grand succès pendant cinquante ans, l’opéra-ballet Les Fêtes Vénitiennes d’André Campra a depuis disparu des scènes. Mais William Christie et ses Arts Florissants nous proposent de découvrir une nouvelle partition de celui qui est considéré comme un lien entre Lully et Rameau. De Campra on connaissait déjà la tragédie lyrique Idoménée en disque chez Harmonia Mundi dirigé par Christie, Tancrède dirigé par Olivier Schneebeli sera aussi fixé sur disque dans les mois qui viennent chez Alpha… et dans l’opéra-ballet, Hervé Niquet a déjà enregistré Le Carnaval de Venise chez Glossa, créé onze ans avant nos Fêtes Vénitiennes. L’Å“uvre du musicien comRamence donc à être bien documentée (car à cela s’ajoutent messes, motets, motets, cantates,…) et il est à espérer que la production ici commentée sera immortalisée par une parution vidéo tant l’Å“uvre est superbe et la production remarquable. Continuer…
Raffaele Pe, contre-ténor aux origines du baroque
Les disques consacrés à la musique composée pour les castras illustrent majoritairement les musiques particulièrement virtuoses des Vivaldi, Haendel ou Hasse plus récemment. Dans ce récital, c’est la figure de Gualberto Magli qui est mis à l’honneur. C’est donc l’occasion d’écouter une musique plus ancienne, qui puise aux sources de cette musique baroque. En effet, le castra Gualberto Magli participa à la création de ce qui a longtemps été considéré comme le premier opéra : L’Orfeo de Monteverdi (même si de nos jours nous possédons des partitions plus anciennes). Ce sont donc des compositions du début du XVIIème siècle que Raffaele Pe nous invite à découvrir, accompagné uniquement d’une triple-harpe et d’un théorbe. La sobriété du fameux recitar cantando (chant parlé) n’est alors qu’à ses débuts et c’est toute sa finesse qui nous est proposée avec beaucoup d’inspiration et de musicalité. Continuer…