Jeanne d’Arc et Tchaikovsky : Succès parisien

La venue de la troupe du Bolchoï est déjà un immense événement, mais quand en plus il vient offrir au public parisien un ouvrage aussi rare que La Pucelle d’Orléans de Tchaïkovsky, comment résister ? Et il semble que le public est venu en masse pour voir cette partition passionnante du compositeur. Rarement donnée surtout en dehors de la Russie, elle est aussi rare au disque puisque l’on ne trouve que deux versions studio et une captation en direct… ainsi qu’un DVD. Pourtant basé sur une pièce de Schiller, cet opéra russe a tout pour passionner les occidentaux et encore plus la France avec l’un de ses personnages historiques. Mais en dehors de quelques rares représentations et de l’air de l’héroïne, l’opéra reste peu diffusé. Heureusement cette soirée aura fait découvrir la partition passionnante dans de formidables conditions. On ne peut que remercier Tugan Sokhiev et la Philharmonie de Paris pour nous avoir fait ce superbe cadeau ! Espérons que l’expérience soit renouvelée dans les saisons à venir ! Continuer…

Carmen : Lemieux et Spyres plus que convaincants!

Carmen est régulièrement donné à Paris. Depuis quelques années nous avons eu droit à la maintenant presque légendaire production dirigée par Gardiner avec Anna Caterina Antonacci dans le rôle titre, dans l’écrin parfait de l’Opéra-Comique… ainsi que la production assez mitigée de l’Opéra Bastille avec la même Antonacci dans le rôle titre. Alors pourquoi proposer deux soirées en version de concert d’une Å“uvre qui est certes particulièrement populaire… mais qui va voir une reprise à Bastille dans quelques temps ! Le Théâtre des Champs-Elysées a misé sur l’originalité de la distribution et particulièrement sur les deux rôles principaux. En effet, alors qu’elle commence à élargir son répertoire vers le répertoire romantique, Marie-Nicole Lemieux fait ses premières armes dans le rôle de la Carmencita après avoir chanté quelques semaines auparavant Rodelinda de Haendel sur cette même scène. Grand écart stylistique et vocal entre ces deux rôles. On pourra aussi rappeler que Michael Spyres est actuellement salué sur les plus grandes scènes pour ses prestations dans le bel canto romantique et particulièrement Rossini où il reprend tous les grands rôles de baryténor du répertoire avec un succès certain. La curiosité est donc là… et en ce 2 février, la salle était particulièrement pleine ! Continuer…

Die Frau Ohne Schatten, Böhm 1955 : tout simplement légendaire!

FROSCH_55Il est commun de parler pour certains enregistrements de disques légendaires ou mythiques… mais s’il en est bien un qui mérite ces qualificatifs, c’est l’enregistrement studio de Die Frau Ohne Schatten de 1955 pour DECCA dirigé par Karl Böhm. Non seulement il est d’une qualité admirable, mais les circonstances de son enregistrement, sa place dans la discographie de l’œuvre, sa rareté et son témoignage d’une époque ajoutent encore à l’aura qui le pare. Bien sûr, d’autres enregistrements de cet opéra magique de Richard Strauss sont reconnu et admirés, avec bien sûr d’autres captations dirigées par Böhm (en 1977 par exemple), Karajan ou Solti. Mais voilà… peuvent-elles rivaliser d’un point de vue historique ? Sans parler de la qualité qui est somme-toute souvent relatif en fonction des préférences de chacun… quelle autre enregistrement d’opéra a inspiré une mise en scène de ce même opéra par exemple ? Bien peu… Cette version est certes affligée de coupures, mais pour l’époque, la partition est plutôt bien conservée si l’on compare à certains enregistrements postérieurs ! Continuer…

Rimsky et sa Fiancée enfin à Paris

la_fiancee_du_tsarGrande soirée à la Philharmonie, puisqu’enfin nous était proposé à Paris un opéra de Rimsky-Korsakov. Bien sûr ce n’était qu’en version mise en espace dans une petite salle… mais tout de même quel plaisir d’entendre la magnifique musique de La Fiancée du Tsar. Pour l’occasion, Mikhaïl Jurowski a fait appel à de jeunes chanteurs russes régulièrement mis à l’honneur par les scènes de Moscou. Délaissant les contes mythiques ou chevaleresques, changeant totalement de sujet et de forme après la création de Mozart et Salieri, c’est sous le Tsar Ivan que Rimsky-Korsakov nous emmène non pas pour un grand drame historique mais pour assister au destin funeste d’une jeune fille aimée par trop de prétendant et qui en mourra. Inspiré d’un écrit de Lev Mey, il nous montre toutes les émotions possibles au travers de personnages magnifiquement dessinés et d’une musique toujours aussi passionnante. Le triomphe final prouve bien qu’une telle Å“uvre a toute sa place à Paris et qu’il serait bon de monter enfin des opéras de Rimsky-Korsakov en version scénique. Continuer…