Un Parsifal apaisé par Van Zweden

parsifal_van_zweden1Parsifal est de ces opéras qui peuvent fasciner ou rebuter… à l’origine on peut ressentir quelques longueurs et lenteurs, mais en la fréquentant plus, se découvrent certaines clés, certains plaisirs… et aussi les grandes possibilités d’interprétation musicale de la partition. En effet, si la « formation » de beaucoup a été effectuée avec la mythique version dirigée par Hans Knappertsbusch en 1951, la découverte d’autres versions montre des facettes différentes, tantôt délicates, monumentales, colorées, sombres, élégiaques… Chaque chef peut avoir sa façon de diriger l’œuvre, en exhalant des spécificités. En décembre 2010, c’est l’ancien violoniste Jaap van Zweden qui en donnait sa lecture à Amsterdam pour quelques concerts heureusement captés. La distribution réunit des valeurs sûres du chant wagnérien et la réputation de l’Orchestre de la Radio Néerlandaise n’est plus à faire. Continuer…

Tchaïkovsky, La Pucelle d’Orléans : Preobrazhenskaya ou Arkhipova?

tchaikovsky_1906_evansÉtrange opéra que cette Pucelle d’Orléans. Peu de temps après avoir composé Eugen Onegin, opéra intimiste s’il en est, voici que Tchaïkovski se penche sur un format beaucoup plus large où les références au Grand Opéra à la française sont légion. Le sujet quitte les salons ou les mythes russes pour s’ancrer dans l’histoire française. Piotr Tchaïkovski adapte à partie de 1878 la tragédie de Schiller pour en faire un opéra retraçant l’évolution d’une figure historique : Jeanne d’Arc. Et dans cet opéra, c’est le seul personnage qui retiendra l’attention, le seul qui parcourt l’ensemble de la partition en rencontrant des aides, des soutiens, des tentations, des obstacles… les autres personnages ne sont au final rien d’autres que des éléments faisant évoluer Jeanne. Ce rôle de mezzo-soprano demande de grandes interprètes et l’histoire du disque en a retenu deux : Sophia Preobrazhenskaya et Irina Arkhipova. Petite comparaison de leurs enregistrements studio… Continuer…

Turbulent Heart : Chausson et Vierne

Turbulent HeartRéunis sur ce disque, Vierne et Chausson partagent d’avoir eu une carrière musicale perturbée et qui n’a jamais véritablement pris toute la place qu’elle aurait mérité dans le paysage musical français. Ce disque nous propose cinq grandes compositions pour voix et orchestre, sortes de mélodies hypertrophiées. Se basant sur de grandes fresques poétiques, l’orchestre fait plus que mettre en valeur un texte comme pourrait le faire une mélodie, il en créé un arrière plan, développant son côté grandiose et théâtrale. Réunis pour ce projet, Guillaume Tourniaire et Steve Davislim se révèlent des interprètes très attentifs au style, à la prosodie et à l’émotion qui peut se dégager de ces magnifiques pièces. Continuer…

Don Giovanni par Jacobs : Tellement logique !

don_giovanni_jacobsNourri depuis ma découverte de Don Giovanni par des versions « romantiques » de l’œuvre (Mitropoulos, Klemperer, Karajan, Furtwängler,…) je n’avais pas été convaincu par Harnoncourt. Mais voilà, je voulais tenter une version dite baroque de l’œuvre maintenant que le baroque m’a ouvert les bras. En voyant les critiques bonnes ou mauvaises sur la version de René Jacobs, je me suis laissé tenter. Je m’attendais à des tempi très vifs, un orchestre plutôt sec… en bref toute l’esthétique qu’on retrouve souvent quand un spécialiste du baroque se tourne vers Mozart et il n’en est rien ! Des voix plutôt amples, un orchestre rond et très nuancé, et des tempi très variés. Continuer…

Miloš Karadaglić et Joaquin Rodrigo

milos_aranjuezLe Concerto d’Aranjuez est pour la guitare ce qu’est le premier concerto pour piano de Tchaikovsky : un passage obligé. Pour son troisième disque, MiloÅ¡ Karadaglić nous emmène en Espagne alors que ses autres récitals nous invitaient à voyager à travers bon nombre de pays. Ici, on se recentre donc sur les bases de la guitare espagnole, avec la mise en avant du compositeur Joaquin Rodrigo, et en regard Manuel de Falla ou Fernando Sor. Continuer…

Révélation de Thérèse de Massenet

massenet-therese-bruzaneA l’aise dans tous les styles lyriques qui régnaient sur les scènes françaises, Jules Massenet s’était essayé en 1894 au jeune vérisme venu d’Italie avec La Navarraise. Quelques années après, une autre Å“uvre ramassée et inspirée de cette école voit le jour sous la plume du musicien. Thérèse ne peut que faire penser au Andrea Chénier de Giordano composé dix ans plus tôt par son cadre révolutionnaire mais aussi par ses emprunts aux thèmes populaires de l’époque. Mais ce sont bien des personnages typiques de Massenet qu’on retrouve, dont la figure féminine centrale, création féminine toujours aussi passionnante du compositeur. Continuer…

Deux grands interprètes pour le Grand-Opéra : magistral !

patrieAprès la redécouverte de la musique baroque française depuis une trentaine d’année, il semble que le romantisme français commence lui aussi à voir se pencher sur lui de bonnes fées. Et actuellement, c’est le Palazzetto Bru Zane qui semble insuffler le plus d’énergie dans ce répertoire par des concerts, enregistrements et publications de partitions. Le récital qui nous occupe bénéficia de l’aide de cette fondation, permettant à un large public de découvrir des extraits d’Å“uvres trop rares et deux interprètes splendides dans ce répertoire si difficile. Continuer…

Sabine Revault d’Allonnes dévoile les mélodies de Massenet

Massenet_Revault_d_allonnesDepuis des années, la maison de disques Timpani fait beaucoup pour la mélodie française, enregistrant nombre de disques dévolus à des compositeurs rares. Bien sûr, Massenet ne fait pas partie de cette catégorie… sauf dans le domaine de la mélodie justement ! En dehors de quelques mélodies éparses comme la fameuse Élégie, toute sa composition repose dans l’ombre de ses opéras. L’année 2012, bicentenaire de sa naissance, aura vu ce manque légèrement comblé par des disques comme ceux de Rima Tawil, Blandine Staskiewicz et donc Sabine Revault d’Allonnes. Continuer…

Lumineux Requiem de Campra

requiem_campra_schneebeliCompositeur de ce qu’on appelle la deuxième école baroque française, André Campra est un nom rarement prononcé quand on parle du baroque français. Placé par la chronologie entre Lully et Rameau, il reste dans l’ombre de ces deux géants. Et pourtant, sa carrière musicale aura été riche de succès et témoigne d’une grande inventivité musicale. De succès en déroutes, le compositeur né à Aix visitera Arles, Toulouse, Paris, Marseille et Versailles du fait de son métier de compositeur : à chaque fois un poste l’attend… et il en démissionne pour tenter une nouvelle aventure. C’est pendant son passage à Versailles, alors qu’il est Sous-maître de la Chapelle Royale, qu’il va composer l’une de ses Å“uvres les plus connues : sa Messe de Requiem. Continuer…

Joseph Calleja : Mario Lanza et les nuances

calleja-lanzaA l’heure où un chanteur devient un produit marketing et doit donc faire parler de soit avant tout, Joseph Calleja reste une exception. En effet, la faible médiatisation en dehors de son chant ainsi que la prudence de sa carrière ne sont pas fait pour attirer la lumière des projecteurs. Et pourtant, petit à petit depuis 10 ans et la sortie de son premier récital, le chanteur s’impose sur les scènes les plus prestigieuses et enregistre régulièrement pour DECCA ou Deutsch Grammophon. Le dernier récital en date, The Maltese Tenor était un coup de maître… cet hommage à Mario Lanza (premier contact avec l’opéra du ténor) sera-t-il du même niveau ? Mélangeant airs d’opéras (pas forcément pour sa voix à priori) et des chansons populaires, le programme a laissé dubitatif beaucoup d’amateurs à sa lecture. Et pourtant, le ténor en conservant son intégrité et sans chercher à imiter son idole réussit un bien beau récital. Continuer…