Est-ce une façon de combler un manque en 2018 où l’Opéra National de Paris n’avait pas été capable de programmer un opéra de Gounod? Ou alors une simple coïncidence? Toujours est-il qu’en ce 17 juin 2023, nous fêtions les 205 ans de Charles Gounod et cela tombait le jour de la première de la nouvelle production de Roméo et Juliette. Si l’ouvrage avait été donné à Paris notamment en 1994 avec Robeto Alagna et plus récemment en 2021 avec Pene Pati (les deux fois à l’Opéra-Comique), il fallait remonter à décembre 1985 pour retrouver l’ouvrage à l’affiche de la première scène d’opéra parisienne. Entre temps, quelques Faust, une épisodique Mireille… et des musiques de ballet de Faust. Il était temps que Gounod revienne, surtout après les réussites relatives des deux dernières productions de Faust! Et là, à en juger par l’accueil de la salle, la réussite est totale! Il faut dire que nous avions un couple assez parfait, une mise en scène magnifique et intelligente… et une partition enfin respectée! Quel bonheur de voir ce Roméo et Juliette ainsi servi, donné avec beaucoup de soins et de moyens!
Commençons par la partition en tant que telle! En 2021, Laurent Campellone en offrait un état assez habituel mais pas infâme. Ici Carlo Rizzi nous offre des moments très rarement joués durant le quatrième acte. Bien sûr on peut regretter qu’Elsa Dreisig ne donne pas l’air du poison complet tel qu’elle l’a enregistré pour son premier récital au disque… mais pour compenser nous avons une partie du ballet (je n’ai pas pu noter les différentes pièces jouées, mais je vais essayer de compléter après les diffusions), le Cortège Nuptial et l’Épithalame… malheureusement le chœur qui suit “Frappez l’air, chant joyeux” a lui été coupé. En dehors de cela, pas de grosse coupure, si ce n’est quelques dialogues. Au premier air entre la valse de Juliette et le madrigal des deux amoureux, le dialogue entre Roméo, Gertrude et Gregorio disparaît :
ROMÉO :
Le nom de cette belle enfant?
GRÉGORIO :
Vous l’ignorez? C’est Gertrude!
GERTRUDE :
Plait-il?
GRÉGORIO :
Très gracieuse Dame!
Pour les soins du souper
Je crois qu’on vous réclame!
GERTRUDE :
C’est bien, me voici!
Plus tard dans le premier tableau du troisième acte, on pourra noter la suppression d’une petite phrase de Roméo : “Toi, veille au dehors!”. Alors que Frère Laurent s’apprête à marier les deux amants, le jeune homme demande à Gertrude de quitter les lieux. Dans les partitions piano-chant comme celle éditée en 1873, le mariage est suivi d’un trio entre Juliette, Roméo et Frère Laurent avant que Gertrude ne revienne pour une courte scène et qu’arrive le quatuor “Ô joie immense” que nous connaissons. Le trio étant donné sur les mêmes paroles et avec les mêmes lignes vocales, la redondance explique la coupure de ce trio dans tous les témoignages existant pour ne conserver que le quatuor. Sauf que dans les enregistrements et les représentations actuelles, on retrouve toujours ce “Toi, veille au dehors!” alors qu’il n’a plus vraiment de sens sans le trio.
Plus problématique est la dernière coupure notée… Ce sont en fait les derniers mots des amants au cinquième acte. Après les derniers mots de Juliette “Viens!… un baiser!!! Je t’aime…”, les deux amants meurent sur un “Seigneur! Seigneur! Pardonnez-nous!”. L’orchestre s’éteint doucement durant avant que la foi de la prière ne le re-développe par la suite. Eh bien ce dernier petit ensemble n’est pas chanté par les deux amants déjà morts sur scène. Si dramatiquement on peut comprendre ce choix, préférant une mort sur des paroles d’amour qu’une prière très XIXè, musicalement cela ne fonctionne pas vraiment. L’orchestre est à ce moment un simple accompagnement, soulignant l’effort réalisé par les amoureux pour adresser ces derniers mots d’espoir, l’orchestre faisant même silence sur le “nez” de pardonnez avant de reprendre plus fort sur le “nous”. Et bien ici on a un silence (où Juliette rend son dernier soupir, il semble que ce soit déjà fait pour Roméo!), puis l’orchestre reprend. Sans la ligne des chanteurs, l’orchestre sonne vraiment nu, sans intérêt alors qu’allié au chant il donne du sens à cette prière. Pourquoi ne pas avoir donné les lignes dévolues à Juliette et Roméo à des instruments de l’orchestre, symbolisant ainsi la prière des mourants et une sorte d’envol de ceux-ci. Pour qui connaît la partition un tout petit peu, ce manque est assez sidérant et coupe l’émotion par ce trou d’air qui nous ramène sur terre.
Mais au final, il faut retenir les bonnes choses et même les très bonnes choses. Comme pour Hamlet donné il y a peu à Bastille déjà, il semble que le répertoire soit assez bien traité en ce moment à l’Opéra de Paris où l’on ne cherche pas forcément à couper pour gagner dix minutes, où l’on essaye de trouver des interprètes au français correcte (car c’est une constante ce soir!)… Bref, on soigne le répertoire maison de belle manière cette saison et on peut espérer que les prochaines nouvelles productions seront aussi réussies musicalement (car malheureusement, pour des reprises comme Les Contes d’Hoffmann, il ne faut pas espérer que la partition soit remise au niveau des différents travaux musicologiques réalisés).
La mise en scène de Thomas Jolly joue clairement la carte du grand spectacle avec des lumières magnifiques et très présentes (même trop quand on est au deuxième balcon!) qu’elles symbolisent l’arrivée de La Reine Mab (avec ces spots qui bourdonnent dans la salle avant de se fixer sur Mercutio) ou encore l’isolement des amoureux… Ces éclairages offrent un vrai cadre au monumental escalier créé par Bruno de Lavenère. Monté sur un système tournant, il présente tout d’abord l’escalier du Palais Garnier avec ses grands candélabres mais dans une version plus sombre. Mais en tournant, il présentera aussi un balcon pour le deuxième acte (les balcons justement qui donnent sur l’escalier de Garnier!), un escalier extérieur, une église par les supports qui portent la structure… Il contient de nombreux espaces qui donnent à chaque fois un lieu différent. Et en plus de ces différents niveaux, il y a aussi les lumières qui y sont intégrées. Comme à Garnier, il y a les grandes statues surmontées de candélabres avec de nombreuses ampoules. Alternativement élément de pompe chez les Capulets ou étoiles dans le ciel nocturne, voilà des lumières qui offrent régulièrement un petit peu de douceur aussi par leurs couleurs dorées. En effet, le monde montré par Thomas Jolly est sombre puisqu’il remet la pièce dans son cadre premier chez Shakespeare : une épidémie de peste à Vérone! Cela n’est jamais évoqué dans l’opéra de Gounod mais Thomas Jolly l’intègre dans le prologue par des figurants ainsi que lors de la mort de Mercutio (le Diable est remplacé par la peste : “Que la peste soit de vos deux maisons”). Donc l’escalier n’est pas en marbre mais dans une pierre sombre, la porte de la maison des Capulets est affublée d’un grand 4 déformé qui serait un symbole de protection entre autres contre la peste… Et les seules touches de couleurs sont finalement ces lumières parfois douces et aussi les costumes de quelques invités du bal ou du Duc de Vérone. L’avantage d’un tel décor est de pouvoir varier les situations et les hauteurs, mais aussi d’enchaîner les différents tableaux sans pause. Mais cela implique aussi des mouvements parfois acrobatiques chez les acteurs/chanteurs. On peut noter par exemple notre Roméo et qui a un moment de frayeur durant son deuxième acte ou Stephano qui coure et là aussi se fait peur et ralentit brusquement! Les déplacements sont ainsi assez complexes, mais aussi le jeu d’acteurs qui est très précis et quasi chorégraphié par moments.. A propos de chorégraphies, si celle du bal ne sont pas forcément passionnantes à regarder, l’idée de représenter la psyché de Juliette lors du ballet par ces dix fantômes de mariées est magnifique et la chorégraphie assez brusque montre parfaitement le désordre de l’esprit de la jeune femme. Au final une mise en scène superbe visuellement qui raconte parfaitement l’histoire, portée par un visuel très beau (décor, costumes, lumières), mais aussi par une direction d’acteurs très nette. Il n’y a pas forcément d’idée très saillante renouvelant l’ouvrage mais au final ce n’est pas plus mal tant le spectacle est lisible.
Avant de passer à une description de la partie musicale, il faut tout de même recontextualiser… j’ai beaucoup écouté les différents studios existant pour l’article sur Roméo et Juliette et donc peut-être que certains détailles m’ont sauté aux oreilles. L’écoute avec partition sous les yeux permet de découvrir certaines choses mais aussi de mémoriser beaucoup plus de détails qui après sont intégrés. Disons le tout de suite, malgré les remarques le résultat est d’un très haut niveau et beaucoup de remarques ici ne sont que du pinaillage!
Carlo Rizzi avait donné il y a presque trente ans un très beau Faust au disque où la partition avait été interrogée et agrémentée de pièces jamais entendues. D’où l’espoir ici d’une version archi-complète. Même si ce n’est pas le cas, l’état de la partition décrit plus haut est tout de même une très bonne nouvelle. Le chef connaît bien Gounod et le montre avec des tempi assez contrastés mais qui mettent bien en valeur la partition. Ainsi, le premier acte montre les deux extrêmes entre une fête particulièrement rapide et vive (à tel point que le chœur n’est pas totalement en place à plusieurs endroits…) alors que le madrigal trouve plus de respiration avant une prise de conscience de Juliette pleine de retenue. Tout au long de l’ouvrage, il anime la partition et en fait ressortir les beautés à l’orchestre. Justement, l’Orchestre de l’Opéra National de Paris est assez engagé mais on peut noter tout de même en ce jour de première quelques petits soucis de mise en place sur les bois par exemple. Assez surprenant pour une formation d’un tel niveau, mais ce n’était que la première! Le Chœur de l’Opéra National de Paris lui est très vif, très engagé mais les moments les plus puissants manquent comme souvent d’ensemble avec des voix qui ressortent un petit peu trop comme au troisième acte.
Dans tous les nombreux petits rôles (certains sont vraiment épisodiques), aucune fausse note et même un bel ensemble. On retiendra le Benvolio percutant de Thomas Ricart et le Tybalt menaçant à souhait de Maciej Kwaśnikowski qui marque même dans son costume de domino blanc au premier acte! Le Pâris de Sergio Villegas Galvain est un petit peu plus pâle durant l’opéra malheureusement. Sylvie Brunet-Grupposo se montre toujours aussi en verve dans ce genre de rôle et l’on regrette vraiment qu’il soit aussi court tant elle semble naturelle en nourrice bienveillante mais loin d’être naïve. En Duc de Vérone, on retrouve étrangement Jérôme Boutillier. Le rôle est clairement un rôle de basse et entendre ce baryton assez clair en plus surprend. Déjà en 2021 en Capulet il semblait un petit peu mal à l’aise dans une partition assez grave. Le chant reste toujours aussi digne, mais le timbre est comme étouffé et peine à sortir. Dommage pour un tel chanteur de lui proposer des rôles qui ne sont pas vraiment pour sa voix.
En Capulet, Laurent Naouri impose une stature et une rudesse impressionnante, l’acteur sachant parfaitement se couler dans la mise en scène , esquissant des mouvements de danse au premier acte tout en étant implacable avec sa fille au quatrième. La voix sonne toujours assez bien mais le legato est souvent absent, donnant un chant assez haché peu agréable à écouter. Jean Teitgen possède parfaitement la noblesse de Frère Laurent et on ne peut qu’admirer le timbre superbement sombre mais jamais gras. Par contre, il a un petit manque de grave qui fait que l’extrême de la tessiture est souvent peu audible ou alors pas très belle. Il faut dire que le rôle descend plusieurs fois dans des notes basses : la scène du mariage par exemple demande de nombreux sol graves qui sont ici peu tenus ou sonores. Mercutio est chanté par Huw Montague Rendall. L’acteur est bondissant mais aussi possède dans cette mise en scène quelque chose de violent qui est très bien rendu. Vocalement, on le sent plus à l’aise dans l’héroïsme du troisième acte que dans la légèreté du premier où sa balade de Mab est bien chantée mais manque légèrement de douceur pour être totalement convaincante. Mais le portrait et le chant sont bien dessinés, d’une voix claire de baryton qui convient parfaitement au personnage. Choisir Lea Desandre pour chanter Stephano pouvait sembler être une évidence quand on l’entend chanter Cherubino par exemple chez Mozart… sauf que le style est différent et semble demander une voix plus charnue ou du moins plus grande. La chanteuse est scéniquement admirable, au français parfait, au texte vécu… mais on sent quelques tensions aux extrémités de la tessiture, comme si elle devait forcer légèrement pour remplir la grande salle de Bastille. Certes le rôle a été chanté par des sopranos parfois dans le passé, mais là ce n’est pas que la tessiture, mais plutôt l’écriture du rôle qui semble la mettre en difficulté. Rien d’indigne, loin de là… mais l’habitude d’entendre des prestations parfaites de la jeune mezzo-soprano fait que l’on entend ici les petits accros.
Le rôle de Juliette n’est pas simple à chanter tant le profil vocal évolue entre l’entrée et la Valse du premier acte… plus l’air du poison. Et même dans le premier acte, les dernières paroles de Juliette “Que le cercueil soit mon lit nuptial” descendent bas et nécessitent une voix assez ample. Il faut dire qu’à l’origine, le rôle devait être plus dramatique qu’il ne l’est actuellement. En effet, c’est la suppression de l’air du poison par Madame Carvalho lors de la création et la demande expresse d’un air brillant (qui à l’origine montait au contre-mi, mais est maintenant chanté un ton plus bas) qui a bouleversé le centre de gravité du rôle. Avec Elsa Dreisig, nous avons un très bon compromis qui se place quelque part dans la lignée de ce que proposait Catherine Malfitano : pas un grand soprano lyrique ni un soprano léger, mais un soprano assez étendu pour assumer les aigus et les graves tout en conservant une voix plutôt fine avec une projection confortable. En ce jour de première, on peut supposer que le stress est la cause de l’escamotage d’un aigu lors de l’entrée de Juliette. La première vocalise passe bien jusqu’au contre-ré, mais dans la deuxième montée à la fin de cet entrée, la solution plus basse de la partition est choisie. Pourtant juste après, la valse ne semble pas lui poser de problème particulier. Et tout au long de la soirée, c’est une démonstration de diction, de style et de chant! Certes l’air du poison la pousse dans ses derniers retranchements (et on comprend finalement qu’il n’y ait pas la section lente) mais elle tient fermement la ligne dardant des aigus percutants. Et dramatiquement, la chanteuse est totalement impliquée dans le rôle, scéniquement crédible et à l’aise, et faisant vivre le texte comme rarement. Une Juliette plus volontaire que parfois, mais qui sait aussi émouvoir et se perdre plus l’action avance. Une magnifique prise de rôle qui sera sans nulle doute encore peaufinée par la suite!
Enfin, l’immense triomphateur de la soirée est Benjamin Bernheim. Si déjà Elsa Dreisig se hissait sur les plus hautes marches, lui la devance encore. A-t-on déjà entendu le rôle aussi bien chanté? Car il possède toutes les facettes, la vaillance, la diction, la poésie, les nuances… Tout est là de façon si naturelle. On a déjà admiré des Roméo comme Alagna, Vanzo ou plus récemment Pati… mais là c’est d’un tel fini! Le seul moment de tout petit accro est durant son air du deuxième acte où il se prend les pieds dans une marche, la note vacillant légèrement. Sinon, nous avons la délicatesse admirable du madrigal, la poésie du “Ah lève-toi soleil” qui devient véritablement une prière et non une injonction avec ces aigus mixés admirables. Le troisième acte le montre plein de ressources et même si l’on sent bien que la vaillance n’est pas forcément son point fort, il n’y a pas de faiblesse et justement Roméo est lui aussi plus poète que bagarreur! Et puis comment résister à ce magnifique duo d’adieu où les deux amants fusionnent des voix superbes et conduites avec le même détail de la ligne et du texte. Et pour achever le tout, le dernier acte est d’une intelligence de chant jamais vu. Après l’absorption du poison, combien de ténors chantent encore à pleine voix jusqu’au “Ah! Les ancêtres ont tous des entrailles de pierre”? Lui est déjà atteint, le chant est tout aussi rigoureux mais on entend déjà le voile de la mort, par quelques accents, par une couleur moins lumineuse… C’est tout simplement du grand art ce que l’on a pu voir. Ce répertoire est indéniablement pour lui… et encore plus que Faust, Roméo semble être un rôle qui lui permet de mettre en avant toujours plus de choses de part le côté positif du héros. Et puis comment aussi oublier la diction souveraine avec ces “r” roulés ou non en fonction de la place dans le mot.
Voilà donc une très très bonne soirée, dont on ressort le sourire aux lèvres, plein de mélodies dans les oreilles et d’images dans les yeux! Le couple formé par Elsa Dreisig et Benjamin Bernheim est assez parfait et les deux voix vont parfaitement ensemble. Tout au long de la soirée, on est porté par une partition foisonnante d’idées, pleine de couleurs et d’ambiances différentes très bien rendues par non seulement la direction de Carlo Rizzi, mais aussi par les idées de mise en scène Thomas Jolly.
Diffusion en direct sur CultureBox le lundi 26 juin, puis début juillet ce sera France-Musique qui diffusera le spectacle… Sûrement la même distribution, mais il serait intéressant de capter la deuxième distribution certes plus internationale mais qui pourrait apporter de bonnes surprise avec Pretty Yende et Francesco Demuro!
- Paris
- Opéra Bastille
- 17 juin 2023
- Charles Gounod (1818-1893), Roméo et Juliette, Opéra en cinq actes
- Mise en scène, Thomas Jolly ; Collaboration artistique, Katja Krüger ; Décors, Bruno de Lavenère ; Costumes, Sylvette Dequest ; Assistante aux costumes, Magdaléna Calloc’h ; Lumières, Antoine Travert ; Chorégraphie, Josépha Madoki ; Assistante chorégraphie, Ema Yuasa ; Collaborateur aux combats, Ran Arthur Braun
- Juliette, Elsa Dreisig ; Roméo, Benjamin Benrheim ; Frère Laurent, Jean Teitgen ; Capulet, Laurent Naouri ; Stephano, Lea Desandre ; Gertrude, Sylvie Brunet-Grupposo ; Mercutio, Huw Montague Rendall ; Benvolio, Thomas Ricart ; Tybalt, Maciej Kwaśnikowski ; Pâris, Sergio Villegas Galvain ; Gregorio, Yiorgo Ioannou ; Le Duc de Vérone, Jérôme Boutillier ; Manuela, So-Hee Lee ; Pepita, Izabella Wnorowska-Pluchart ; Angelo, Vincent Morell
- Chœur de l’Opéra National de Paris
- Orchestre de l’Opéra National de Paris
- Carlo Rizzi, direction