D’Offenbach, le grand public connaît bien sûr quelques Å“uvres légères comme La Belle Hélène ou La Grande Duchesse de Gérolstein… et bien sûr les Contes d’Hoffmann. Mais il existe de nombreux autres ouvrages qui doucement sont redécouverts par le travail de passionnés, que ce soit des éditeurs ou des musicologues comme Jean-Christophe Keck. Fantasio fait partie de ces partitions rares, et même tellement rares qu’on pensait difficile de la reconstituer suite à l’incendie de la Salle Favart en 1887. C’est donc une grande résurrection à laquelle nous assistons. Et c’est aussi l’occasion pour l’Opéra-Comique de reprendre ses activités suite à dix-huit mois d’arrêts pour la rénovation de la Salle Favart. Pour cette occasion, l’institution a réuni non seulement une superbe distribution, mais aussi un chef et un metteur en scène très impliqués dans cette production, dont nous avons pu suivre presque au jour le jour les avancées par l’intermédiaire de publications. Ce douze février était donc le retour de Fantasio sur scène, mais aussi les débuts d’une nouvelle saison pour l’Opéra-Comique qui manquait au paysage lyrique de Paris ! Seule petite déception, ce n’est pas dans la Salle Favart toute neuve qu’est représentée cette Å“uvre mais au Théâtre du Châtelet suite aux retards des travaux… Théâtre du Châtelet qui fermera d’ailleurs bientôt lui aussi pour rénovations. Continuer…
Lohengrin : deuxième distribution luxueuse!
À l’annonce de la saison dernière, la présence de Jonas Kaufmann dans cette mise en scène de Lohengrin de Claus Guth faisait espérer un grand moment. Connue par la diffusion télévisuelle lors de l’ouverture de la saison en 2012, elle avait fait forte impression et semblait être une grande réussite. Mais si la première distribution faisait rêver avec les grands noms de René Pape, Jonas Kaufmann ou encore Evelyn Herlitzius et Wolfgang Koch (le Wotan de Bayreuth), une deuxième distribution promettait aussi de belles soirées. La jeunesse mais aussi l’expérience pouvaient promettre des émotions différentes mais tout aussi fortes. La jeunesse pour Stuart Skelton ou de Edith Haller, et l’expérience de Michaela Schuster par exemple. Pour une deuxième distribution moins connue, ces chanteurs étaient tout de même déjà reconnus comme de grands interprètes de la musique de Richard Wagner. Après la production de Robert Carsen qui avait vu Ben Heppner, Mireille Delunsch ou encore Waltraud Meier lors de la dernière reprise, le souvenir était assez lourd à porter pour cette nouvelle production, mais encore plus pour cette deuxième distribution qui devait bien sûr lutter contre ceux qui avaient ouvert cette série de représentations quelques semaines avant ! Continuer…
Carmen : Lemieux et Spyres plus que convaincants!
Carmen est régulièrement donné à Paris. Depuis quelques années nous avons eu droit à la maintenant presque légendaire production dirigée par Gardiner avec Anna Caterina Antonacci dans le rôle titre, dans l’écrin parfait de l’Opéra-Comique… ainsi que la production assez mitigée de l’Opéra Bastille avec la même Antonacci dans le rôle titre. Alors pourquoi proposer deux soirées en version de concert d’une Å“uvre qui est certes particulièrement populaire… mais qui va voir une reprise à Bastille dans quelques temps ! Le Théâtre des Champs-Elysées a misé sur l’originalité de la distribution et particulièrement sur les deux rôles principaux. En effet, alors qu’elle commence à élargir son répertoire vers le répertoire romantique, Marie-Nicole Lemieux fait ses premières armes dans le rôle de la Carmencita après avoir chanté quelques semaines auparavant Rodelinda de Haendel sur cette même scène. Grand écart stylistique et vocal entre ces deux rôles. On pourra aussi rappeler que Michael Spyres est actuellement salué sur les plus grandes scènes pour ses prestations dans le bel canto romantique et particulièrement Rossini où il reprend tous les grands rôles de baryténor du répertoire avec un succès certain. La curiosité est donc là … et en ce 2 février, la salle était particulièrement pleine ! Continuer…
Diptyque autours d’Å’dipus Rex à Aix-en-Provence
Difficile de passer à côté d’Œdipus Rex, même si l’adaptation réalisée par Sellars et Salonen pouvait poser problème sur le principe. En effet, cette ouvrage repose non seulement bien sûr sur la musique de Stravinsky, mais aussi les textes marquants de Cocteau qui s’intercalent et animent les monuments musicaux. Alors cette idée d’intégrer des textes issus de l’Antigone de Sophocle, pourquoi pas, mais est-ce qu’on aura la même force expressive que l’œuvre originale ? Et qu’en est-il de cette Symphonie de Psaumes qui doit présenter l’errance et la mort d’Œdipe ? Et puis je dois bien avouer que la vue de certaines photographies n’étaient pas pour me rassurer… Et finalement, c’est un moment assez magique qui restera longtemps gravé dans ma mémoire je pense tant le tout fonctionne admirablement bien ! Continuer…
Les Contes d’Hoffmann… ou de Nicklausse… ou de Carsen?
Un mise en scène reconnue pour son intelligence et sa beauté, une distribution réunissant ce qui se fait de mieux… cette reprise des Contes d’Hoffmann avait de quoi faire rêver ! Malheureusement, durant l’été une première mauvaise nouvelle tombait avec l’absence de Sabine Devieilhe qui devait chanter Olympia. Enceinte, elle ne pouvait pas assurer ces représentations. Restait la grande attraction : la prise de rôle de Jonas Kaufmann pour Hoffmann. Tremblement en début d’automne avec l’annulation du chanteur, remplacé par Ramon Vargas… Les billets sont rapidement devenus très disponibles en revente… Restaient trois dates où Stefano Secco assurait comme prévu les trois dernières représentations. Doublure sûrement de Kaufmann, il bénéficiait de trois séances pour démontrer qu’il n’était pas juste un remplaçant. Et ce qu’il a proposé ce soir le montre à la hauteur du rôle, même s’il se fait finalement voler la vedette par son acolyte Nicklausse chanté et vécu de manière sidérante par la grande Stéphanie d’Oustrac ! Continuer…
Armide théâtrale à la Philharmonie
Il y a tout juste vingt ans, Marc Minkowski enregistrait l’Armide de Gluck dans la grande salle de la Cité de la Musique à Paris… et cet enregistrement paru chez Archive reste la référence discographique incontestée encore à ce jour. Il était donc tout à fait logique que suite à la production de l’Opéra de Vienne, le chef français nous propose un concert à la Philharmonie de Paris ainsi qu’à l’Opéra de Bordeaux ensuite où il occupe maintenant le poste de directeur.Du spectacle de Vienne restent l’orchestre, le chef ainsi que les deux rôles principaux. Tout le reste de la distribution est renouvelé avec des chanteurs français jeunes ou ayant une forte accointance avec le répertoire classique. Gaëlle Arquez et Stanislas de Barbeyrac pouvaient mettre a profit les représentations données il y a quelques jours sur scène… mais ils sont rejoints par l’ensemble de la distribution qui donne vie de superbe manière à une mise en espace simple et lisible. L’ouvrage prend donc toute sa grandeur et réussit à remplir l’immense salle de la Philharmonie sans qu’elle ne s’y trouve noyée comme l’avait été l’Armide de Lully l’année précédente. Continuer…
Le retour de Samson et Dalila à Paris
Riche début de saison pour Camille Saint-Saëns car après Proserpine qui vient de retrouver la lumière des scènes à Munich et Versailles… l’Opéra National de Paris propose enfin une nouvelle production de l’opéra la plus connu du compositeur : Samson et Dalila. Ouvrage majeur du répertoire français qui eu des débuts difficiles mais obtient depuis une place certaine sur les scènes, il était tout de même anormal qu’il n’ait pas été programmé depuis maintenant vingt-cinq ans ! Si cela avait été pour faire découvrir d’autres partitions de Saint-Saëns entre temps pourquoi pas, mais non… le compositeur français était tout bonnement absent des scènes parisiennes. La réparation n’en est que plus méritée, d’autant plus qu’en fin de saison, c’est le très rare Timbre d’Argent qui sera monté à l’Opéra-Comique, alors que récemment est paru un enregistrement des Barbares. Celui qui a été conspué pendant un temps pour son académisme serait-il enfin de retour en grâces sur les scènes françaises ? Continuer…
Norma par LA Bartoli!
Cette Norma était sans doute l’un des événement du début de saison (si ce n’est de la saison complète) parisienne ! En effet, les venues de Cecilia Bartoli sont très rares à Paris surtout pour des représentations d’œuvres en version scénique ! Bien sûr nous avions eu droit dans ce même Théâtre des Champs Élysées en avril 2014 a de superbes représentations de l’Otello rossinien… mais ici, Bartoli frappe un plus grand coup. L’adéquation au rôle et au répertoire, ainsi que la mise en scène avaient déjà fait grincer des dents lors de la création à Salzbourg, puis par la suite durant les reprises… Aucune commercialisation n’a pour l’instant fait écho à ces diverses représentations et du coup la mise en scène conservait un certain mystère dévoilé seulement par des comptes-rendus ou des photographies. Pas étonnant que les quatre représentations aient été prises d’assaut, malgré les augmentations sidérantes de tarif par rapport aux autres spectacles scéniques ! Continuer…
Proserpine, la courtisane amoureuse de Saint-Saëns
La tradition commence à s’établir solidement pour notre plus grand plaisir : chaque année le Palazzetto Bru-Zane offre dans l’Opéra Royal de Versailles une version de concert d’un ouvrage oublié du romantisme français. Après Cinq-Mars de Gounod en 2015 puis Dante de Godard en début de saison, c’est un opéra de Saint-Saëns qui va nous enchanter : Proserpine. Bien sûr, le titre fait immédiatement penser au personnage mythique de la fille de Cérès. Mais il n’en est rien ! Saint-Saëns nous fait découvrir au contraire une courtisane subissant les affres de l’amour non réciproque. Pour cette femme déchirée et violente, Véronique Gens se devait de montrer toute la démesure du personnage, bien loin de ses précédentes explorations d’ouvrages rares où elle campe le plus souvent des jeunes femmes nobles et douces avant tout. Il faut bien avouer que la curiosité pour cette soirée est multiple. Bien sûr il y a la partition qu’on espère au niveau des ouvrages magnifiques du compositeur (Samson et Dalila bien sûr, mais aussi Henry VIII, Hélène ou Étienne Marcel). Mais retrouver la grande Véronique Gens dans ce rôle de pécheresse et de femme dévorée par la passion est aussi une grande nouveauté… Continuer…
Désirée Rancatore, toujours une immense Lucia
Il y a dix ans maintenant, Désirée Rancatore avait la chance d’enregistrer en direct une superbe version de Lucia di Lammermoor dans un premier temps en DVD chez Dynamic, puis quelques années après en CD chez Naxos. On entendait ainsi non seulement la partition complète ou presque, mais aussi une soprano italienne certes légères pour les canons belcantistes mais d’une intensité dramatique et théâtrale sidérante. Car cette partition est bien sûr un superbe moment de chant et de musique… mais on atteint un niveau tout autre quand les chanteurs savent transcender cette technique nécessaire pour apporter un sens à toutes les décorations et les exploits vocaux. Mais la grande question était de savoir comment elle négocierait les difficultés techniques de la partition, comment le personnage a-t-il évolué avec ces dix ans de maturité pour la chanteuse ? Continuer…