Les Contes d’Hoffmann… ou de Nicklausse… ou de Carsen?

hoffmann_onp_9Un mise en scène reconnue pour son intelligence et sa beauté, une distribution réunissant ce qui se fait de mieux… cette reprise des Contes d’Hoffmann avait de quoi faire rêver ! Malheureusement, durant l’été une première mauvaise nouvelle tombait avec l’absence de Sabine Devieilhe qui devait chanter Olympia. Enceinte, elle ne pouvait pas assurer ces représentations. Restait la grande attraction : la prise de rôle de Jonas Kaufmann pour Hoffmann. Tremblement en début d’automne avec l’annulation du chanteur, remplacé par Ramon Vargas… Les billets sont rapidement devenus très disponibles en revente… Restaient trois dates où Stefano Secco assurait comme prévu les trois dernières représentations. Doublure sûrement de Kaufmann, il bénéficiait de trois séances pour démontrer qu’il n’était pas juste un remplaçant. Et ce qu’il a proposé ce soir le montre à la hauteur du rôle, même s’il se fait finalement voler la vedette par son acolyte Nicklausse chanté et vécu de manière sidérante par la grande Stéphanie d’Oustrac ! Continuer…

Le retour de Samson et Dalila à Paris

Acte I : Anita Rachvelishvili (Dalila), Aleksandrs Antonenko (Samson)

Riche début de saison pour Camille Saint-Saëns car après Proserpine qui vient de retrouver la lumière des scènes à Munich et Versailles… l’Opéra National de Paris propose enfin une nouvelle production de l’opéra la plus connu du compositeur : Samson et Dalila. Ouvrage majeur du répertoire français qui eu des débuts difficiles mais obtient depuis une place certaine sur les scènes, il était tout de même anormal qu’il n’ait pas été programmé depuis maintenant vingt-cinq ans ! Si cela avait été pour faire découvrir d’autres partitions de Saint-Saëns entre temps pourquoi pas, mais non… le compositeur français était tout bonnement absent des scènes parisiennes. La réparation n’en est que plus méritée, d’autant plus qu’en fin de saison, c’est le très rare Timbre d’Argent qui sera monté à l’Opéra-Comique, alors que récemment est paru un enregistrement des Barbares. Celui qui a été conspué pendant un temps pour son académisme serait-il enfin de retour en grâces sur les scènes françaises ? Continuer…

Norma par LA Bartoli!

Cette Norma était sans doute l’un des événement du début de saison (si ce n’est de la saison complète) parisienne ! En effet, les venues de Cecilia Bartoli sont très rares à Paris surtout pour des représentations d’œuvres en version scénique ! Bien sûr nous avions eu droit dans ce même Théâtre des Champs Élysées en avril 2014 a de superbes représentations de l’Otello rossinien… mais ici, Bartoli frappe un plus grand coup. L’adéquation au rôle et au répertoire, ainsi que la mise en scène avaient déjà fait grincer des dents lors de la création à Salzbourg, puis par la suite durant les reprises… Aucune commercialisation n’a pour l’instant fait écho à ces diverses représentations et du coup la mise en scène conservait un certain mystère dévoilé seulement par des comptes-rendus ou des photographies. Pas étonnant que les quatre représentations aient été prises d’assaut, malgré les augmentations sidérantes de tarif par rapport aux autres spectacles scéniques ! Continuer…

Proserpine, la courtisane amoureuse de Saint-Saëns

proserpine1La tradition commence à s’établir solidement pour notre plus grand plaisir : chaque année le Palazzetto Bru-Zane offre dans l’Opéra Royal de Versailles une version de concert d’un ouvrage oublié du romantisme français. Après Cinq-Mars de Gounod en 2015 puis Dante de Godard en début de saison, c’est un opéra de Saint-Saëns qui va nous enchanter : Proserpine. Bien sûr, le titre fait immédiatement penser au personnage mythique de la fille de Cérès. Mais il n’en est rien ! Saint-Saëns nous fait découvrir au contraire une courtisane subissant les affres de l’amour non réciproque. Pour cette femme déchirée et violente, Véronique Gens se devait de montrer toute la démesure du personnage, bien loin de ses précédentes explorations d’ouvrages rares où elle campe le plus souvent des jeunes femmes nobles et douces avant tout. Il faut bien avouer que la curiosité pour cette soirée est multiple. Bien sûr il y a la partition qu’on espère au niveau des ouvrages magnifiques du compositeur (Samson et Dalila bien sûr, mais aussi Henry VIII, Hélène ou Étienne Marcel). Mais retrouver la grande Véronique Gens dans ce rôle de pécheresse et de femme dévorée par la passion est aussi une grande nouveauté… Continuer…

Désirée Rancatore, toujours une immense Lucia

lucia_tours_1Il y a dix ans maintenant, Désirée Rancatore avait la chance d’enregistrer en direct une superbe version de Lucia di Lammermoor dans un premier temps en DVD chez Dynamic, puis quelques années après en CD chez Naxos. On entendait ainsi non seulement la partition complète ou presque, mais aussi une soprano italienne certes légères pour les canons belcantistes mais d’une intensité dramatique et théâtrale sidérante. Car cette partition est bien sûr un superbe moment de chant et de musique… mais on atteint un niveau tout autre quand les chanteurs savent transcender cette technique nécessaire pour apporter un sens à toutes les décorations et les exploits vocaux. Mais la grande question était de savoir comment elle négocierait les difficultés techniques de la partition, comment le personnage a-t-il évolué avec ces dix ans de maturité pour la chanteuse ? Continuer…

Légendes : Rencontre entre Liszt et Gounod

equilbeycjana_jocif1_hdIl faut bien l’avouer, c’est avant tout pour le Saint François d’Assise de Gounod qui motivait le déplacement pour ce concert… Ayant déjà entendu l’ouvrage en l’Église Saint-Eustache il y a quelques années, je me réjouissais de pouvoir retrouver cette pièce. Mais finalement, c’est presque tout le concert qui fut magnifique et une vraie bonne surprise ! Face à un public très attentif et calme, des partitions très rares ont été magnifiquement mises en avant par les musiciens comme par les chanteurs. Une grande journée de découverte qui sera normalement enregistrée pour une parution discographique dans les années qui viennent, sûrement à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gounod… Continuer…

La Juive : 3/4 de la partition, mais une grande réussite!

ju12Pilier du répertoire de l’Opéra de Paris durant des années, régulièrement monté dans tous les théâtres de France… comment La Juive a pu tomber dans un tel silence ? Car il faut bien l’avouer, pendant de nombreuses années le grand succès de Jacques-Fromental Halévy a été très discret sur les scènes. Bien sûr, quelques ténors ont réussi à lui apporter une légère notoriété comme Richard Tucker, José Carreras ou encore Neil Schicoff… mais c’était l’artiste qui imposait l’ouvrage. En France, ce qui avait été un ouvrage très populaire devenait doucement une image déformée et vieillotte. La Juive ne pouvait pas être intéressante. Et puis enfin en 2007, l’Opéra de Paris jouait son rôle en montant avec une distribution éclatante cet ouvrage trop rare. Les premières représentations n’étaient pas pleines, mais le bouche à oreille faisant son effet, ce sont finalement à guichet fermé que les dernières eurent lieu. Enfin la partition était de retour. Ou au moins en partie car il fallait composer avec les coupures. L’année dernière, l’Opéra de Nice se lançait dans une nouvelle production, et c’est enfin l’Opéra de Lyon qui nous donne à voir et à entendre ce chef d’œuvre de l’art musical et théâtrale français. En mettant Olivier Py à la mise en scène, on pouvait espérer non seulement une scénographie fouillée, mais aussi une partition complète comme l’avait été Les Huguenots à Bruxelles. Si le premier souhait sera réalisé, la partition reste encore bien défigurée… Continuer…

Die Frau Ohne Schatten, Böhm 1955 : tout simplement légendaire!

FROSCH_55Il est commun de parler pour certains enregistrements de disques légendaires ou mythiques… mais s’il en est bien un qui mérite ces qualificatifs, c’est l’enregistrement studio de Die Frau Ohne Schatten de 1955 pour DECCA dirigé par Karl Böhm. Non seulement il est d’une qualité admirable, mais les circonstances de son enregistrement, sa place dans la discographie de l’œuvre, sa rareté et son témoignage d’une époque ajoutent encore à l’aura qui le pare. Bien sûr, d’autres enregistrements de cet opéra magique de Richard Strauss sont reconnu et admirés, avec bien sûr d’autres captations dirigées par Böhm (en 1977 par exemple), Karajan ou Solti. Mais voilà… peuvent-elles rivaliser d’un point de vue historique ? Sans parler de la qualité qui est somme-toute souvent relatif en fonction des préférences de chacun… quelle autre enregistrement d’opéra a inspiré une mise en scène de ce même opéra par exemple ? Bien peu… Cette version est certes affligée de coupures, mais pour l’époque, la partition est plutôt bien conservée si l’on compare à certains enregistrements postérieurs ! Continuer…

Don César de Bazan : déjà Massenet!

Sabin Revault d'Allonnes (Maritana), Jean-Baptiste Dumora (Don César de Bazan)

Sabin Revault d’Allonnes (Maritana), Jean-Baptiste Dumora (Don César de Bazan)

En 1872, Jules Massenet propose son premier opéra de grande forme, après une Grand’Tante en un acte. Alors très peu connu, c’est une grande avancée pour le jeune compositeur qui a ainsi le public de l’Opéra-Comique pour se faire un nom. Malheureusement, le succès sera mitigé, et en 1887 la partition orchestrée brûle dans le deuxième incendie de la Salle Favart. Massenet n’est plus alors un inconnu à Paris puisqu’il y a proposé quatre opéras entre temps : Le Roi de Lahore (1877) et Le Cid (1885) sur la scène de l’Opéra de Paris ainsi que Manon (1884) à l’Opéra-Comique. À cela s’ajoute Hérodiade créé à Bruxelles en 1881. Ce n’est donc plus le jeune compositeur qui décide de reprendre la partition de Don César de Bazan pour en donner une nouvelle version orchestrée et avec des lignes vocales modifiées en 1888. En ce dimanche 13 mars 2015, c’est bien sûr cette deuxième version qui est représentée sur les planches du Théâtre Saint-Martin grâce à l’implication d’artistes qui nous donnent un spectacle plein de fraicheur et de vie. Servie de telle manière l’œuvre se montre sous son meilleur jour pour une découverte très intéressante. Continuer…

La Jacquerie : Lalo ou Coquard?

couvertureÉdouard Lalo a connu le succès à l’opéra grâce au Roi d’Ys. Son premier essai Fiesque n’a jamais été monté de son vivant, alors que sa dernière tentative le verra mourir avant qu’il n’ait achevé sa composition. Son premier opéra a été monté et enregistré à Montpellier il y a quelques années et c’est au tour de La Jacquerie de renaître d’abord en juillet dernier toujours à Montpellier puis maintenant à Paris pour une reprise inespérée. On retrouve pour l’occasion trois des protagonistes de la recréation : Véronique Gens et Nora Gubisch reprennent leur rôle sous la baguette de Patrick Davin. Le reste de la distribution est totalement renouvelée avec soin, alignant des chanteurs reconnus et très à l’aise dans ce répertoire. Il est rare que ces résurrections soient ainsi suivies d’une autre production et il faut saluer le travail du Palazetto Bru-Zane et de Radio-France qui osent ainsi monter un ouvrage aussi rare qui demande de plus un effectif important. Continuer…