Deux Å“uvres très connues et deux jeunes chanteuses (la soprano Ana Quintans et la mezzo Marianne Crebassa) très talentueuses, voici l’affiche de la soirée Salle Gaveau ! On ne présente plus le Stabat Mater de Pergolesi bien sûr, mais le rendu est toujours impressionnant par la variété des accents. Le Motet de Vivaldi se montre beaucoup plus extraverti dans la vocalise et les effets, mais le festival vocal donne vraiment vie à un sentiment de fureur. Enfin, découverte d’un certain Ferrandini pour une cantate sacrée qui tranche beaucoup par le style avec les deux contemporains. Avec un petit ensemble très engagé, les partitions prennent vie et donnent un cadre très virtuose aux deux chanteuses rassemblées. Continuer…
Author: Erik
Véronique Gens et Susan Manoff : Royales!
Véronique Gens est une artiste passionnante qui semble aussi à l’aise dans la tragédie lyrique, le Grand Opéra romantique, Mozart ou les mélodies françaises. Et avec la complicité de Susan Manoff, elle propose un bouquet des mélodies de trois des compositeurs les plus doués pour la mélodie : Henri Duparc, Ernest Chausson et Reynaldo Hahn. Avec ces trois compositeurs, on aborde un même style de mélodies, mais par des angles différents. Chacun ici trouve des couleurs personnelles pour exprimer son caractère. Et Véronique Gens donne vie à ces miniatures de manière totalement saisissante. Loin de la réserve ou de la mièvrerie qui est souvent associée à ce répertoire, elle donne ses lettres de noblesse à tout un répertoire qui n’a pas à rougir face aux compositions dans d’autres langues. La salle Gaveau était ainsi l’écrin d’un moment de bonheur et d’émotions. Quel dommage que la salle soit loin d’être pleine ! Pourtant la sortie du disque proposant presque le même programme aurait dû attirer les foules des grands jours. Continuer…
Semiramide à Marseille : Révélations et superbe concert
Semiramide fait partie de ces monuments de l’opéra qu’on peine à monter. Problème de chanteurs? En partie… le souci vient de sa longueur, mais aussi des fantômes qui planent sur les rôles titres. En effet, il faut lutter avec le souvenir de ceux qui ont fait la Rossini-Renaissance : Marylin Horne, Rockwell Blake, Chris Merritt, Cecilia Gasdia ou Samuel Ramey. Difficile pour des chanteurs actuels de se mesurer à un tel poids. Pourtant, régulièrement l’ouvrage est remonté. Ici, c’est uniquement en version de concert, ce qui aura sûrement effrayé une partie du public habituel car la salle est à moitié vide. Et pourtant, de nos jours les talents sont bien présents pour donner vie à ces partitions inhumaines, créées pour les personnalités les plus diverses de l’époque de Rossini. Avec une distribution jeune, Marseille prouve combien ces ouvrages peuvent briller de tous leurs feux quand on cherche une distribution de qualité! Continuer…
Herculanum de Félicien David : Grandiose!!
Il y a quelques années encore, Félicien David était un nom parmi tant d’autres : un compositeur du XIXème siècle et l’inventeur de l’ode-symphonique (dont le fameux Désert). Mais difficile de se faire alors une idée de la qualité de sa composition tant les enregistrements étaient rares. Et voici qu’en moins de deux ans, quatre disques de styles variés nous sont proposés : des mélodies chantées par Tassis Christoyannis, Lalla Roukh (opéra-comique) dirigé par Ryan Brown, le Désert sous la direction de Laurence Equilbey… et enfin Herculanum. Et ce n’est pas fini puisque d’autres Å“uvres ont été enregistrées et devraient paraître dans la collection « Portraits » du Palazzetto Bru Zane avec entre autres une autre ode-symphonique Christophe Colomb. Il faut ici saluer bien sûr cette fondation pour tout le travail de réhabilitation et de découverte, mais saluons aussi le travail effectué avec moins de moyen mais de beaux résultats par Ryan Brown et son Opera Lafayette. Avec Herculanum, c’est tout le faste du Grand Opéra qui est présenté, et sans l’orientalisme souvent associé à la musique de Félicien David. Grand succès lors de sa création, l’œuvre restera de nombreuses années à l’affiche avant de sombrer dans l’oubli. Ce retour en grâce nous livre une partition passionnante et digne des plus grandes compositions lyrique de l’époque, dans des conditions d’écoutes grandioses. Continuer…
Fervaal mérite tellement mieux…
Vincent d’Indy fait partie de cette génération de compositeurs français marqués dans leur jeunesse par le Grand Opéra alors maître sur la scène de l’Opéra de Paris, avant d’être frappés par l’arrivée de Richard Wagner. Tout comme Paul Dukas ou Ernest Chausson, Vincent d’Indy composa finalement peu d’opéra (seulement cinq) mais beaucoup de musique symphonique. Parmi les opéras, ne sont disponibles à l’écoute que L’Étranger et Fervaal. Alors que le premier se distingue par un naturalisme teinté de fantastique dans la dernière scène, Fervaal est particulièrement marqué par les deux modèles qui s’entrechoquent dans l’esprit du compositeur. Plongeant dans une mythologie française teintée de religion celtique, cet opéra est souvent comparé à Parsifal par son thème et ses personnages. Mais par sa science symphonique, d’Indy se distingue du modèle germanique en trouvant des couleurs toutes françaises et lumineuses. Malibran nous propose ici la captation de 1962 réalisée pour la Radio Française. Malheureusement, les conditions d’écoutes sont loin de rendre justice à la partition : interprétation banale, énormes coupures, orchestre très sec et en retrait… Difficile dans ces conditions se faire une idée de l’œuvre, qui se révèle pourtant grandiose dans son entièreté. Continuer…
Voyage dans les Jardins de William Christie
Pour cette quatrième année, William Christie ouvre ses jardins et offre ses musiciens et chanteurs. La qualité est toujours au rendez-vous avec ce grand chef, et ce sera le cas dans tous les aspects. Durant tout une journée, l’on baigne dans un jardin recréant le style du XVIIIème siècle, avec des petits concerts au détour d’un bosquet ou d’autres plus grands sur des espaces aménagés. Le temps n’était pas au beau fixe pour ce 28 août, mais la musique sera un régal toute la journée, dans une ambiance particulièrement agréable. Toute la journée, les bénévoles et les cadres du festival sont là pour accueillir et orienter avec gentillesse et efficacité. Avec un atelier, des petites concerts d’une quinzaine de minute, le grand concert du soir et enfin un concert de musique sacré pour clore la journée, c’est un véritable voyage à la fois dans la musique d’un autre temps mais aussi dans un cadre totalement enchanteur et dépaysant. Continuer…
Magnifique Simon Boccanegra chez Delos
Créé en 1857, Simon Boccanegra sera loin d’être un succès à Venise. Alors que sa carrière se ralentit, Verdi veut lui donner une nouvelle chance et s’engage dans une révision de sa partition mais aussi du livret. Suite aux manÅ“uvres de l’éditeur Riccordi, c’est le jeune Arrigo Boïto qui va aider le compositeur dans la modification du texte, suggérant des changements de situations ou de lieux pour renforcer l’effet de l’Å“uvre. C’est donc la version de 1881 qui est ici présentée avec en tête d’affiche le baryton russe Dmitri Hvorostovsky. Son interprétation du rôle de Boccanegra a été rodée depuis bien des années sur différentes scènes et méritait bien qu’elle soit enregistrée de manière officielle. Bien sûr, la maison de disque et l’orchestre sont loin des prestigieux DECCA et Wiener Symphoniker dont bénéficia Thomas Hampson il y a quelques années… mais le résultat est impressionnant de qualité : la distribution réunie est un grand sans faute qui va chercher des interprètes parfaitement à l’aise dans les tessitures et les personnages, alors que Constantine Orbelian dirige les forces de l’opéra de Kaunas de bien belle manière ! Continuer…
Castor et Pollux : Révolution par Pichon !
L’année 2014 était l’année Rameau… et plus particulièrement l’année Castor et Pollux puisqu’en France, l’œuvre a été montée à Paris (Hervé Niquet), à Dijon et Lille (Emmanuelle Haïm), et représentée en version de concert à Bordeaux, Paris et Montpellier (Raphaël Pichon). C’est à la fin de cette tournée de concerts à travers la France qui a été enregistré par les micros d’Harmonia Mundi. Durant le voyage, la distribution a varié petit à petit et si l’on retrouve certains noms communs entre toutes les dates, beaucoup de chanteurs ont changés. Mais il nous reste toujours par contre l’Ensemble Pygmalion qui rayonne d’un bout à l’autre, tant l’orchestre que le chÅ“ur. Comme il d’usage en ce moment, c’est la version remaniée de 1754 qui est donnée. Elle nous prive du prologue et simplifie l’intrigue, mais la musique se rapproche plus des splendeurs des Boréades que de la sobriété d’Hippolyte et Aricie. Alors que William Christie dominait la distribution avec la version de 1737, Raphaël Pichon se ménage une place au soleil par cet enregistrement. Continuer…
Retour en demi-teinte pour Adriana Lecouvreur
Le 20 décembre 1993, Adriana Lecouvreur faisait son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris avec dans le rôle-titre Mirella Freni. Bénéficiant d’une retransmission à la télévision, cette Å“uvre aura permis à beaucoup de découvrir la soprano italienne ainsi que l’Å“uvre. Plus de vingt ans après, la partition de Cilea revient sur la scène de l’Opéra Bastille, avec une cantatrice qui possède non seulement un répertoire très comparable à celui de Freni, mais aussi une renommée similaire : Angela Gheorghiu. La production a eu de très bon échos lors des précédentes représentations un peu partout en Europe et Maurizio est chanté par celui qui défend peut-être le mieux ce répertoire actuellement : Marcelo Alvarez. Voilà qui promettait une belle soirée! Malheureusement, elle sera bancale… Continuer…
Le grand deuil d’Alceste par Olivier Py
Créée la saison précédente, cette production d’Alceste d’Olivier Py avait beaucoup fait parler d’elle… pour certains le principe des décors à la craie était magique et pour d’autres il ne soulignait qu’un manque cruel d’idée chez le metteur en scène. Décrié sur la scène de l’Opéra Bastille quelques mois après pour son Aïda, puis encensé pour son Dialogues des Carmélites au Théâtre des Champs Élysées, Olivier Py aurait-il donné trop en peu de temps ? A la vue de cette reprise (et après avoir apprécié la mise en scène de l’œuvre de Verdi), il semble que les commentateurs aient été bien difficiles car une grande poésie se dégage des images du metteur en scène. Alors que la saison précédente, Sophie Koch et Yann Beuron se partageaient les deux rôles principaux, c’est cette fois Véronique Gens et Stanislas de Barbeyrac (Léandre l’année dernière) qui donnent vie à l’œuvre de Gluck avec sensibilité et beauté. Continuer…