Herculanum de Félicien David : Grandiose!!

herculanum-davidIl y a quelques années encore, Félicien David était un nom parmi tant d’autres : un compositeur du XIXème siècle et l’inventeur de l’ode-symphonique (dont le fameux Désert). Mais difficile de se faire alors une idée de la qualité de sa composition tant les enregistrements étaient rares. Et voici qu’en moins de deux ans, quatre disques de styles variés nous sont proposés : des mélodies chantées par Tassis Christoyannis, Lalla Roukh (opéra-comique) dirigé par Ryan Brown, le Désert sous la direction de Laurence Equilbey… et enfin Herculanum. Et ce n’est pas fini puisque d’autres Å“uvres ont été enregistrées et devraient paraître dans la collection « Portraits » du Palazzetto Bru Zane avec entre autres une autre ode-symphonique Christophe Colomb. Il faut ici saluer bien sûr cette fondation pour tout le travail de réhabilitation et de découverte, mais saluons aussi le travail effectué avec moins de moyen mais de beaux résultats par Ryan Brown et son Opera Lafayette. Avec Herculanum, c’est tout le faste du Grand Opéra qui est présenté, et sans l’orientalisme souvent associé à la musique de Félicien David. Grand succès lors de sa création, l’œuvre restera de nombreuses années à l’affiche avant de sombrer dans l’oubli. Ce retour en grâce nous livre une partition passionnante et digne des plus grandes compositions lyrique de l’époque, dans des conditions d’écoutes grandioses. Continuer…

Fervaal mérite tellement mieux…

fervaal_malibranVincent d’Indy fait partie de cette génération de compositeurs français marqués dans leur jeunesse par le Grand Opéra alors maître sur la scène de l’Opéra de Paris, avant d’être frappés par l’arrivée de Richard Wagner. Tout comme Paul Dukas ou Ernest Chausson, Vincent d’Indy composa finalement peu d’opéra (seulement cinq) mais beaucoup de musique symphonique. Parmi les opéras, ne sont disponibles à l’écoute que L’Étranger et Fervaal. Alors que le premier se distingue par un naturalisme teinté de fantastique dans la dernière scène, Fervaal est particulièrement marqué par les deux modèles qui s’entrechoquent dans l’esprit du compositeur. Plongeant dans une mythologie française teintée de religion celtique, cet opéra est souvent comparé à Parsifal par son thème et ses personnages. Mais par sa science symphonique, d’Indy se distingue du modèle germanique en trouvant des couleurs toutes françaises et lumineuses. Malibran nous propose ici la captation de 1962 réalisée pour la Radio Française. Malheureusement, les conditions d’écoutes sont loin de rendre justice à la partition : interprétation banale, énormes coupures, orchestre très sec et en retrait… Difficile dans ces conditions se faire une idée de l’œuvre, qui se révèle pourtant grandiose dans son entièreté. Continuer…

Magnifique Simon Boccanegra chez Delos

boccanegra_orbelian_1Créé en 1857, Simon Boccanegra sera loin d’être un succès à Venise. Alors que sa carrière se ralentit, Verdi veut lui donner une nouvelle chance et s’engage dans une révision de sa partition mais aussi du livret. Suite aux manÅ“uvres de l’éditeur Riccordi, c’est le jeune Arrigo Boïto qui va aider le compositeur dans la modification du texte, suggérant des changements de situations ou de lieux pour renforcer l’effet de l’Å“uvre. C’est donc la version de 1881 qui est ici présentée avec en tête d’affiche le baryton russe Dmitri Hvorostovsky. Son interprétation du rôle de Boccanegra a été rodée depuis bien des années sur différentes scènes et méritait bien qu’elle soit enregistrée de manière officielle. Bien sûr, la maison de disque et l’orchestre sont loin des prestigieux DECCA et Wiener Symphoniker dont bénéficia Thomas Hampson il y a quelques années… mais le résultat est impressionnant de qualité : la distribution réunie est un grand sans faute qui va chercher des interprètes parfaitement à l’aise dans les tessitures et les personnages, alors que Constantine Orbelian dirige les forces de l’opéra de Kaunas de bien belle manière ! Continuer…

Retour en demi-teinte pour Adriana Lecouvreur

Acte III : Angela Gheorghiu (Adriana Lecouvreur)

Acte III : Angela Gheorghiu (Adriana Lecouvreur)

Le 20 décembre 1993, Adriana Lecouvreur faisait son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris avec dans le rôle-titre Mirella Freni. Bénéficiant d’une retransmission à la télévision, cette Å“uvre aura permis à beaucoup de découvrir la soprano italienne ainsi que l’Å“uvre. Plus de vingt ans après, la partition de Cilea revient sur la scène de l’Opéra Bastille, avec une cantatrice qui possède non seulement un répertoire très comparable à celui de Freni, mais aussi une renommée similaire : Angela Gheorghiu. La production a eu de très bon échos lors des précédentes représentations un peu partout en Europe et Maurizio est chanté par celui qui défend peut-être le mieux ce répertoire actuellement : Marcelo Alvarez. Voilà qui promettait une belle soirée! Malheureusement, elle sera bancale… Continuer…

Gloire à Chausson : Le Roi Arthus enfin à Paris

Acte I, Tableau 2 : Sophie Koch (Genièvre), Roberto Alagna (Lancelot)

Acte I, Tableau 2 : Sophie Koch (Genièvre), Roberto Alagna (Lancelot)

Plus d’un siècle après sa création à Bruxelles, l’unique opéra d’Ernest Chausson trouve enfin sa place sur la scène de l’Opéra de Paris. Le Roi Arthus a malheureusement bénéficié d’une assez mauvaise publicité et d’un manque de reconnaissance vis-à-vis de son compositeur. En effet, l’Å“uvre a été immédiatement taxé d’être une pâle copie de Wagner… et le compositeur a la mauvaise idée de se tuer à bicyclette alors que son opéra n’a pas encore été représenté. Il ne pourra pas alors le défendre, ni lui donner des petits frères qui auraient sûrement ancré le nom de Chausson sur la scène de l’opéra. Après un vÅ“u exprimé lors de sa prise de fonction à l’Opéra de Paris, Philippe Jordan a la possibilité de donner sur scène cet opéra passionnant et majestueux. Quelques saisons ont passé, mais l’équipe réunie et l’évolution artistique du chef ne nous font pas regretter d’avoir laissé ce projet murir car le résultat est à la hauteur de la partition et permet de découvrir cet opéra dans toute sa gloire. Continuer…

Rimsky et sa Fiancée enfin à Paris

la_fiancee_du_tsarGrande soirée à la Philharmonie, puisqu’enfin nous était proposé à Paris un opéra de Rimsky-Korsakov. Bien sûr ce n’était qu’en version mise en espace dans une petite salle… mais tout de même quel plaisir d’entendre la magnifique musique de La Fiancée du Tsar. Pour l’occasion, Mikhaïl Jurowski a fait appel à de jeunes chanteurs russes régulièrement mis à l’honneur par les scènes de Moscou. Délaissant les contes mythiques ou chevaleresques, changeant totalement de sujet et de forme après la création de Mozart et Salieri, c’est sous le Tsar Ivan que Rimsky-Korsakov nous emmène non pas pour un grand drame historique mais pour assister au destin funeste d’une jeune fille aimée par trop de prétendant et qui en mourra. Inspiré d’un écrit de Lev Mey, il nous montre toutes les émotions possibles au travers de personnages magnifiquement dessinés et d’une musique toujours aussi passionnante. Le triomphe final prouve bien qu’une telle Å“uvre a toute sa place à Paris et qu’il serait bon de monter enfin des opéras de Rimsky-Korsakov en version scénique. Continuer…

Hamlet à Avignon : splendide découverte

19191_855908681149429_1396450547770303872_nSi l’Opéra National de Paris Å“uvrait à hauteur de ses moyens de la même façon que l’Opéra d’Avignon pour le patrimoine de l’opéra français, nous serions comblés… car en une saison, la maison provençale nous donne à entendre Mireille de Gounod puis Hamlet de Thomas. Deux Å“uvres qui ont fait un triomphe pendant des décennies, mais aussi deux Å“uvres qui sont rarement montées sur les grandes scènes de nos jours. Ici, l’Opéra d’Avignon reprenait la production qui avait triomphé en 2010 à Marseille. De cette création ne subsistent que la mise en scène et Patricia Ciofi, mais c’est déjà énorme car les deux se montrent magnifiques. Autour de la soprano italienne, une équipe entièrement francophone pour notre plus grand plaisir, et des artistes particulièrement engagés! Continuer…

Le Cid triomphe à Garnier

Acte I, Tableau 2

Acte I, Tableau 2

Début de printemps très prolixe en opéras français sur Paris : Faust, Le Pré aux Clercs, Le Cid… on ne peut que se réjouir de voir ainsi représentés des Å“uvres très connues, d’autres oubliées… et enfin d’autres dont le titre subsiste mais qui sont rarement représentées comme l’Å“uvre de Jules Massenet. Michel Plasson se montre d’ailleurs encore une fois à la hauteur de sa renommée en dirigeant les deux productions de Faust et du Cid sans quitter la fausse. Mais ce Cid justement… Sa réputation n’est pas forcément des meilleures et malheureusement les quelques enregistrements existants ne sont pas au niveau d’une partition grandiose. Ainsi, le Palais Garnier nous propose une production dont la mise en scène n’est certes pas des plus passionnantes, mais où la distribution musicale promet beaucoup. Continuer…

Grand gala d’Opéra Français : Marc Minkowski

© Marco Borggreve/Naïve

© Marco Borggreve/Naïve

Lors de la parution du programme de la Philharmonie, ce concert était pour moi l’un des plus précieux… car déjà la distribution proposait parmi ce qui se fait de mieux dans le jeune chant français, mais en plus, on sait l’amour de Marc Minkowski pour l’opéra français et sa curiosité pour les Å“uvres rares ou peu montées. On pouvait donc espérer une soirée grandiose. A l’annonce du programme de la soirée, le bonheur a été complet puisqu’on nous donnait à entendre un florilège varié, passionnant et superbe sur le papier… Et le concert aura tenu toutes ses espérances avec un chef, des musiciens et des chanteurs qui semblaient véritablement heureux de donner vie à tout ce patrimoine parfois endormi. Continuer…

Cinq-Mars, résurrection d’un autre Gounod

[Cinq-Mars, opéra-comique de Charles Gounod, Paul Poirson, LouisDepuis sa création, le Palazzetto Bru Zane ne s’était guère penché sur Charles Gounod. Mis à part quelques airs dans des récitals, aucune résurrection éclatante… Voilà qui est corrigé avec ce brillant Cinq-Mars qui a été monté pour trois soirées à Munich, Vienne et Versailles. Avec un beau luxe dans le choix des interprètes, la partition de Gounod peut revivre dans toute sa splendeur après 137 ans d’oubli. Et à l’écoute, on se demande comment une partition si riche est restée dans l’ombre alors que la création avait été un assez beau succès. Basé sur un petit épisode de la vie du Marquis de Cinq-Mars, l’œuvre recréé toute l’ambiance de la cours sous Louis XIII alors que les nobles renâclent à obéir au Cardinal de Richelieu. Riche en couleurs et en sentiments, l’opéra semble être un Grand Opéra miniature, ce qui convient parfaitement au tempérament de Gounod, plus habile dans les petites formes que dans les grandes débauches de moyens. Continuer…