Étrange opéra que cette Pucelle d’Orléans. Peu de temps après avoir composé Eugen Onegin, opéra intimiste s’il en est, voici que Tchaïkovski se penche sur un format beaucoup plus large où les références au Grand Opéra à la française sont légion. Le sujet quitte les salons ou les mythes russes pour s’ancrer dans l’histoire française. Piotr Tchaïkovski adapte à partie de 1878 la tragédie de Schiller pour en faire un opéra retraçant l’évolution d’une figure historique : Jeanne d’Arc. Et dans cet opéra, c’est le seul personnage qui retiendra l’attention, le seul qui parcourt l’ensemble de la partition en rencontrant des aides, des soutiens, des tentations, des obstacles… les autres personnages ne sont au final rien d’autres que des éléments faisant évoluer Jeanne. Ce rôle de mezzo-soprano demande de grandes interprètes et l’histoire du disque en a retenu deux : Sophia Preobrazhenskaya et Irina Arkhipova. Petite comparaison de leurs enregistrements studio… Continuer…
Disque-DVD
Turbulent Heart : Chausson et Vierne
Réunis sur ce disque, Vierne et Chausson partagent d’avoir eu une carrière musicale perturbée et qui n’a jamais véritablement pris toute la place qu’elle aurait mérité dans le paysage musical français. Ce disque nous propose cinq grandes compositions pour voix et orchestre, sortes de mélodies hypertrophiées. Se basant sur de grandes fresques poétiques, l’orchestre fait plus que mettre en valeur un texte comme pourrait le faire une mélodie, il en créé un arrière plan, développant son côté grandiose et théâtrale. Réunis pour ce projet, Guillaume Tourniaire et Steve Davislim se révèlent des interprètes très attentifs au style, à la prosodie et à l’émotion qui peut se dégager de ces magnifiques pièces. Continuer…
« L’autre » Otello mis à l’honneur par Bartoli…
Otello dans l’opéra, c’est immanquablement celui de Verdi qui nous vient à l’esprit. Puis arrive ce fameux opéra de Rossini, réputé inchantable avec ces trois rôles écrasants de ténor, cette Desdemona où se sont distinguées les plus grandes comme La Malibran ou sa sÅ“ur Pauline Viardot… Plus près de nous, le duo Chris Merritt/Rockwel Blake s’illustraient… puis un temporaire duo a réuni Gregory Kunde et Juan Diego Florez… mais voilà que depuis quelques année un nouvel Otello rossininien fait parler de lui : John Osborn. Quand en plus il est accompagné par Cecilia Bartoli (rossinienne exemplaire avant d’aller explorer le baroque) qui fait ici ces débuts dans le rôle tragique de l’épouse du Maure, on peut s’attendre à une grande représentation… et les faits vont bien au delà des espérances ! Continuer…
Fascinante Elektra par Patrice Chéreau
Rien que le nom de Patrice Chéreau associé à celui d’Elektra avait fait trembler d’impatience nombre de lyricomanes. Certains ont eu la chance de voir le spectacle dans le Grand Théâtre d’Aix en Provence, d’autres l’ont suivi sur Internet… et moins d’un an après, c’est en DVD que nous est servi ce spectacle. Résultat du montage de deux représentations et de plans serrés réalisés lors des dernières répétitions, on y retrouve l’impact visuel montré par le direct et particulièrement la prestation hallucinante et hallucinée d’Evelyn Herlitzius. Quelques mois après cet immense succès, le metteur en scène Patrice Chéreau disparaissait, rendant encore plus important son dernier travail lyrique.
Don Giovanni par Jacobs : Tellement logique !
Nourri depuis ma découverte de Don Giovanni par des versions « romantiques » de l’œuvre (Mitropoulos, Klemperer, Karajan, Furtwängler,…) je n’avais pas été convaincu par Harnoncourt. Mais voilà , je voulais tenter une version dite baroque de l’œuvre maintenant que le baroque m’a ouvert les bras. En voyant les critiques bonnes ou mauvaises sur la version de René Jacobs, je me suis laissé tenter. Je m’attendais à des tempi très vifs, un orchestre plutôt sec… en bref toute l’esthétique qu’on retrouve souvent quand un spécialiste du baroque se tourne vers Mozart et il n’en est rien ! Des voix plutôt amples, un orchestre rond et très nuancé, et des tempi très variés. Continuer…
Miloš Karadaglić et Joaquin Rodrigo
Le Concerto d’Aranjuez est pour la guitare ce qu’est le premier concerto pour piano de Tchaikovsky : un passage obligé. Pour son troisième disque, MiloÅ¡ Karadaglić nous emmène en Espagne alors que ses autres récitals nous invitaient à voyager à travers bon nombre de pays. Ici, on se recentre donc sur les bases de la guitare espagnole, avec la mise en avant du compositeur Joaquin Rodrigo, et en regard Manuel de Falla ou Fernando Sor. Continuer…
Révélation de Thérèse de Massenet
A l’aise dans tous les styles lyriques qui régnaient sur les scènes françaises, Jules Massenet s’était essayé en 1894 au jeune vérisme venu d’Italie avec La Navarraise. Quelques années après, une autre Å“uvre ramassée et inspirée de cette école voit le jour sous la plume du musicien. Thérèse ne peut que faire penser au Andrea Chénier de Giordano composé dix ans plus tôt par son cadre révolutionnaire mais aussi par ses emprunts aux thèmes populaires de l’époque. Mais ce sont bien des personnages typiques de Massenet qu’on retrouve, dont la figure féminine centrale, création féminine toujours aussi passionnante du compositeur. Continuer…
Deux grands interprètes pour le Grand-Opéra : magistral !
Après la redécouverte de la musique baroque française depuis une trentaine d’année, il semble que le romantisme français commence lui aussi à voir se pencher sur lui de bonnes fées. Et actuellement, c’est le Palazzetto Bru Zane qui semble insuffler le plus d’énergie dans ce répertoire par des concerts, enregistrements et publications de partitions. Le récital qui nous occupe bénéficia de l’aide de cette fondation, permettant à un large public de découvrir des extraits d’Å“uvres trop rares et deux interprètes splendides dans ce répertoire si difficile. Continuer…
Sabine Revault d’Allonnes dévoile les mélodies de Massenet
Depuis des années, la maison de disques Timpani fait beaucoup pour la mélodie française, enregistrant nombre de disques dévolus à des compositeurs rares. Bien sûr, Massenet ne fait pas partie de cette catégorie… sauf dans le domaine de la mélodie justement ! En dehors de quelques mélodies éparses comme la fameuse Élégie, toute sa composition repose dans l’ombre de ses opéras. L’année 2012, bicentenaire de sa naissance, aura vu ce manque légèrement comblé par des disques comme ceux de Rima Tawil, Blandine Staskiewicz et donc Sabine Revault d’Allonnes. Continuer…
Lumineux Requiem de Campra
Compositeur de ce qu’on appelle la deuxième école baroque française, André Campra est un nom rarement prononcé quand on parle du baroque français. Placé par la chronologie entre Lully et Rameau, il reste dans l’ombre de ces deux géants. Et pourtant, sa carrière musicale aura été riche de succès et témoigne d’une grande inventivité musicale. De succès en déroutes, le compositeur né à Aix visitera Arles, Toulouse, Paris, Marseille et Versailles du fait de son métier de compositeur : à chaque fois un poste l’attend… et il en démissionne pour tenter une nouvelle aventure. C’est pendant son passage à Versailles, alors qu’il est Sous-maître de la Chapelle Royale, qu’il va composer l’une de ses Å“uvres les plus connues : sa Messe de Requiem. Continuer…