Cyril Auvity, divin Orfeo de Monteverdi

Création 2017 Théâtre de Caen Orféo

Depuis quelques années, Paul Agnew explore tous les livres de madrigaux de Claudio Monteverdi. Après avoir chanté et donc dirigé cette très large composition de celui qui est considéré comme l’inventeur de l’opéra, le haute-contre nous propose un Orfeo où il met non seulement en avant la beauté de la partition, mais aussi tout le talent des Arts Florissants en tant qu’ensemble instrumental comme vocal. Car au travers de cette production, c’est toute cette grande famille qui est mise en lumière. Le chef historique William Christie cède sa place à son protégé mais les participants sont les amis de toujours, les admirables musiciens qu’on retrouve dans de nombreuses productions de l’ensemble. Présentée comme uniquement mise en espace dans le programme de la Philharmonie de Paris, ce spectacle sera finalement total car c’est l’intégralité de la mise en scène créée à Caen qui est offerte au public pour une immersion dans un monde musical et mythologique sidérant de beauté. Continuer…

Orfeo de Rossi : Immense réussite

Acte I : Francesca Aspromonte (Eurydice), Judith van Wanroij (Orphée)

Lorsque l’on évoque le personnage d’Orphée à l’opéra, on pense bien sûr à l’œuvre de Monteverdi qui a été considéré à tord comme le premier opéra… ou encore les différentes partitions de Gluck… voir même l’Orphée aux Enfers d’Offenbach. Mais restent dans l’ombre des partitions fascinantes concernant cette légende. La Morte d’Orfeo de Landi par exemple qui raconte la fin de vie du poète et qui est justement la suite du spectacle qui nous occupe : l’Orfeo de Luigi Rossi. Composé l’époque où Monteverdi offrait son Incoronazione di Poppea, on y retrouve la même structure alternant passages comiques et grande tragédie, la même puissance du texte et du théâtre. Cette production avait fait un triomphe la saison précédente à Nancy et Versailles déjà et pour notre plus grand plaisir voici qu’elle était proposée à nouveau avec exactement la même distribution. On retrouve donc toute la richesse de la partition magnifiée par une réalisation en tous points splendide. Continuer…

Fascinante Armide de Lully par Christophe Rousset

Marie-Adeline Henry dans le rôle d'Armide à Nancy

Marie-Adeline Henry dans le rôle d’Armide à Nancy

Si l’enregistrement des tragédies lyriques de Jean-Baptiste Lully est marqué par Atys dirigé par William Christie en 1987, Christophe Rousset aura finalement été beaucoup plus important en terme de découvertes : depuis quinze ans, il a proposé en premier enregistrement Persée (2001), Roland (2004), Bellérophon (2010) et quelques deuxièmes versions non sans intérêt pour la différence d’approche avec ses collègues baroqueux : Phaëton (2012, qui permet de comparer avec l’enregistrement de Marc Minkowski) et Amadis (2013) qui avait été révélé par Hugo Reyne. Ici, il s’attaque à la dernière Å“uvres complète de Lully, tragédie qui est considérée par beaucoup comme le sommet de la composition lullyste : Armide. Cet ouvrage a eu les honneurs de deux enregistrements par Philippe Herreweghe (1983 retiré de la vente par le chef, puis 1992) et le spectacle dirigé par William Christie avec Robert Carsen à la mise en scène (2008). L’Å“uvre est donc déjà bien pourvue avec deux versions qui peuvent prétendre à être de référence (et aussi un enregistrement dirigé par Ryan Brown en 2007), bénéficiant de distributions splendides dominées par deux immenses tragédiennes : Guillemette Laurens et Stéphanie d’Oustrac. La concurrence est donc rude pour Christophe Rousset et son équipe! Continuer…

Crebassa et Quintans : Baroque italien sacré!

Marianne Crebassa - Ana Quintans

Marianne Crebassa – Ana Quintans

Deux Å“uvres très connues et deux jeunes chanteuses (la soprano Ana Quintans et la mezzo Marianne Crebassa) très talentueuses, voici l’affiche de la soirée Salle Gaveau ! On ne présente plus le Stabat Mater de Pergolesi bien sûr, mais le rendu est toujours impressionnant par la variété des accents. Le Motet de Vivaldi se montre beaucoup plus extraverti dans la vocalise et les effets, mais le festival vocal donne vraiment vie à un sentiment de fureur. Enfin, découverte d’un certain Ferrandini pour une cantate sacrée qui tranche beaucoup par le style avec les deux contemporains. Avec un petit ensemble très engagé, les partitions prennent vie et donnent un cadre très virtuose aux deux chanteuses rassemblées. Continuer…

Voyage dans les Jardins de William Christie

Jardins_christiePour cette quatrième année, William Christie ouvre ses jardins et offre ses musiciens et chanteurs. La qualité est toujours au rendez-vous avec ce grand chef, et ce sera le cas dans tous les aspects. Durant tout une journée, l’on baigne dans un jardin recréant le style du XVIIIème siècle, avec des petits concerts au détour d’un bosquet ou d’autres plus grands sur des espaces aménagés. Le temps n’était pas au beau fixe pour ce 28 août, mais la musique sera un régal toute la journée, dans une ambiance particulièrement agréable. Toute la journée, les bénévoles et les cadres du festival sont là pour accueillir et orienter avec gentillesse et efficacité. Avec un atelier, des petites concerts d’une quinzaine de minute, le grand concert du soir et enfin un concert de musique sacré pour clore la journée, c’est un véritable voyage à la fois dans la musique d’un autre temps mais aussi dans un cadre totalement enchanteur et dépaysant. Continuer…

Castor et Pollux : Révolution par Pichon !

castor_pichonL’année 2014 était l’année Rameau… et plus particulièrement l’année Castor et Pollux puisqu’en France, l’œuvre a été montée à Paris (Hervé Niquet), à Dijon et Lille (Emmanuelle Haïm), et représentée en version de concert à Bordeaux, Paris et Montpellier (Raphaël Pichon). C’est à la fin de cette tournée de concerts à travers la France qui a été enregistré par les micros d’Harmonia Mundi. Durant le voyage, la distribution a varié petit à petit et si l’on retrouve certains noms communs entre toutes les dates, beaucoup de chanteurs ont changés. Mais il nous reste toujours par contre l’Ensemble Pygmalion qui rayonne d’un bout à l’autre, tant l’orchestre que le chÅ“ur. Comme il d’usage en ce moment, c’est la version remaniée de 1754 qui est donnée. Elle nous prive du prologue et simplifie l’intrigue, mais la musique se rapproche plus des splendeurs des Boréades que de la sobriété d’Hippolyte et Aricie. Alors que William Christie dominait la distribution avec la version de 1737, Raphaël Pichon se ménage une place au soleil par cet enregistrement. Continuer…

Fêtes Vénitiennes à l’Opéra-Comique

Prologue : Émilie Fonnard (La Folie)

Prologue : Émilie Fonnard (La Folie), Emmanuelle de Negri (La Raison)

Grand succès pendant cinquante ans, l’opéra-ballet Les Fêtes Vénitiennes d’André Campra a depuis disparu des scènes. Mais William Christie et ses Arts Florissants nous proposent de découvrir une nouvelle partition de celui qui est considéré comme un lien entre Lully et Rameau. De Campra on connaissait déjà la tragédie lyrique Idoménée en disque chez Harmonia Mundi dirigé par Christie, Tancrède dirigé par Olivier Schneebeli sera aussi fixé sur disque dans les mois qui viennent chez Alpha… et dans l’opéra-ballet, Hervé Niquet a déjà enregistré Le Carnaval de Venise chez Glossa, créé onze ans avant nos Fêtes Vénitiennes. L’Å“uvre du musicien comRamence donc à être bien documentée (car à cela s’ajoutent messes, motets, motets, cantates,…) et il est à espérer que la production ici commentée sera immortalisée par une parution vidéo tant l’Å“uvre est superbe et la production remarquable. Continuer…

Raffaele Pe, contre-ténor aux origines du baroque

folderLes disques consacrés à la musique composée pour les castras illustrent majoritairement les musiques particulièrement virtuoses des Vivaldi, Haendel ou Hasse plus récemment. Dans ce récital, c’est la figure de Gualberto Magli qui est mis à l’honneur. C’est donc l’occasion d’écouter une musique plus ancienne, qui puise aux sources de cette musique baroque. En effet, le castra Gualberto Magli participa à la création de ce qui a longtemps été considéré comme le premier opéra : L’Orfeo de Monteverdi (même si de nos jours nous possédons des partitions plus anciennes). Ce sont donc des compositions du début du XVIIème siècle que Raffaele Pe nous invite à découvrir, accompagné uniquement d’une triple-harpe et d’un théorbe. La sobriété du fameux recitar cantando (chant parlé) n’est alors qu’à ses débuts et c’est toute sa finesse qui nous est proposée avec beaucoup d’inspiration et de musicalité. Continuer…

Orfeo et Bejun Mehta immortalisés

orfeo_ed_euridice_0Orfeo ed Euridice de Gluck est disponible selon trois versions… l’originale en italien pour castra de Vienne, la version révisée pour ténor de Paris en français… et la version de Berlioz pour mezzo-soprano en français toujours… plus les divers modifications et adaptations d’une version dans une autre langue ! Ici nous avons la version originale en italien, chanté par une voix aigüe ici dévolue à un contre-ténor. Mais l’autre intérêt de ce DVD reste la mise en scène et la réalisation du film. Car loin d’être un enregistrement d’une version scénique, ou un film pur comme pouvait le faire Karajan, nous sommes ici face à un objet un peu hybride. Le résultat est un peu étrange par moments, mais finalement saisissant visuellement et dramatiquement. Alors que musicalement nous frôlons la perfection à tous points de vue ! Continuer…

L’Orfeo de Monteverdi et Les Talens Lyriques

roussetL’Orfeo de Monteverdi est réputé pour être le premier opéra… mais il est plus que cela : c’est une Å“uvre fascinante par ses couleurs et ses inspirations, depuis la trépidante toccata d’ouverture jusqu’à la sombre déploration finale d’Orfeo en passant par toutes les couleurs pastorales ou sombres. Monteverdi a posé les bases d’un opéra, mais finalement bouleversera totalement les structures dans les autres Å“uvres qui nous sont parvenues ! Comment retrouver la même architecture humble de cet Orfeo dans les grandes scènes du Couronnement ? Tout ici respire la poésie, avec au dessus de tous bien sûr l’incarnation de l’artiste lui-même. À côté de lui, les dieux sont beaucoup plus prosaïques. La direction de Christophe Rousset et la sobre mise en espace vont nous révéler toute la profondeur de l’œuvre.

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