Le 9 février 2020 s’est éteinte Mirella Freni à l’âge de 84 ans. Celle qui est présentée sous le nom de « Prudentissima », celle que tout le monde rapproche avant tout de Mimi dans La Bohème ainsi que de celui qui fut justement souvent son partenaire dans ce rôle : Luciano Pavarotti. Elle prenait congés des scènes en 2004 à la mort de Nicolai Ghiaurov… et quinze ans plus tard elle disparait. Mirella Freni, restera bien sûr dans les mémoires collectives… mais elle restera aussi pour moi la première. Car elle faisait partie de mon premier opéra acheté, car elle m’a fait découvrir un certain nombre d’ouvrages juste parce qu’elle le chantait. Le timbre, la musicalité, la délicatesse des portraits tout en donnant une force vitale immense au personnage… Voilà ce qui composait une chanteuse d’opéra immense par le talent, mais aussi d’une grande modestie et d’une grande sagesse. Toujours soucieuse de donner le meilleur d’elle-même, de ne jamais forcer sur son instrument pendant cinquante ans d’une carrière des plus riches, d’apporter sa touche personnelle aux personnages qu’ils soient parfaitement dans ses cordes vocales ou même qu’ils les dépassent un peu. Elle aura donné de magnifiques souvenirs à bien des spectateurs et auditeurs. Arrivé trop tardivement dans le monde passionnant de l’opéra, je n’ai jamais eu la chance de l’entendre en salle, mais rien que la croiser un jour au Théâtre du Châtelet restera un grand souvenir…
Mirella Fregni de son vrai nom est née le 27 février 1935 à Modène dans un milieu modeste. Sa mère travaillait dans une usine de tabac et ne pouvait donc pas allaiter sa fille. Elle prit donc une nourrice… qui était aussi celle de Luciano Pavarotti ! La légende veut donc que ce soit ce fameux lait qui donna de si belles voix. En 1945, la jeune fille chante « Un bel di, vedremo » dans un radio-crochet et se fait remarquer par Beniamino Gigli qui lui fait de nombreux compliments avant de la mettre en garde : elle est encore trop jeune pour solliciter sa voix. Ce ne sera donc qu’en 1952 à l’âge de 17 ans qu’elle reprend le chant… et elle débutera deux ans plus tard dans le rôle de Micaela sur la scène de sa ville natale. Le succès est au rendez-vous, mais elle préfère privilégier sa vie privée en épousant son professeur de chant Leone Maggiera. Sa carrière à peine débutée, la voici donc en pause pour donner naissance à sa fille, qu’elle appellera d’ailleurs Micaela. En 1958, la voici de nouveau sur les scènes et particulièrement en Mimi de La Bohème à Turin ! La saison suivante la voit triompher aux Pays-Bas puis à Glyndebourne dans le rôle d’Adina de l’Elisir d’Amore dont on conserve d’ailleurs la trace de la reprise en 1962. Le 31 janvier 1963 est une date importante puisqu’elle chante pour la première fois sous la baguette d’Herbert von Karajan dans la magnifique production de La Bohème de Franco Zeffirelli de la Scala de Milan. La collaboration entre Mirella Freni et le chef autrichien sera riche et fertile en nouveautés ! C’est encore Mimi qui lui ouvre les portes du Metropolitan de New-York en 1965… mais elle y chante aussi Liu de Turandot, Marguerite de Faust ou encore la Juliette de Gounod. Sa carrière est alors lancée et elle va doucement explorer le répertoire italien principalement, élargissant ses rôles sous les baguettes expertes de Karajan, Abbado ou Prêtre. Les années soixante-dix voient des rôles plus lourds entrer à son répertoire sans que la voix n’en soit altérée : Desdemona d’Otello, Aida ou Elisabetta de Don Carlo. Les années quatre-vingt voient ces mêmes rôles continuer mais arrivent aussi quelques rôles russes sans doutes suite à son mariage avec Nicolai Ghiaurov en 1978. Pour les années quatre-vingt-dix, c’est le vérisme qui prend une plus grande part dans son répertoire alors que la voix conserve encore tout son brillant. Bien sûr on se souviendra longtemps de son Adriana Lecouvreur… Mais ces nouveaux rôles n’empêchent pas notre soprano de conserver son rôle étalon : elle sera la Mimi du centenaire de La Bohème en 1996. À 61 ans elle conserve cette fragilité et cette jeunesse de timbre, aussi à l’aise face à son Pavarotti que face à des ténors plus jeunes comme Roberto Alagna. Les années passent, mais la voix semble rester aussi jeune qu’aux débuts ! Et puis ce sera le dernier rôle, travaillé avec son mari : La Pucelle d’Orléans. Elle y fera ses adieux à la scène le 11 avril 2005.
La carrière est riche pour cette soprano qui triompha sur toutes les scènes du monde… Elle ne sera qu’une fois malmenée par le public. En 1964 elle accepte de chanter La Traviata à La Scala dans la mythique production de Visconti qui avait vu triompher Maria Callas. Le public ne peut accepter qu’on ose se frotter à cette partition dans ce cadre sans avoir les mêmes moyens que la Divina. Cinq ans plus tard, elle affrontera de nouveau la partition mais cette fois à Londres… et y recevra un très bel accueil. Peut-être est-ce ce demi-échec qui lui a donné sa prudence. Car si son répertoire est composé de pas moins de 43 rôles, certains ne sont jamais chantés à la scène et plutôt réservés au studio comme Tosca ou Madama Butterfly qu’elle refusera de chanter en entier de peur de fragiliser son instrument. Elle disait régulièrement qu’une carrière se construit plus en disant « Non » que « Oui »… et c’est ce qu’elle fit, refusant même par exemple d’enregistrer le rôle-titre de Turandot alors que Karajan lui proposait… et leur collaboration fut alors interrompue. Nous avons exploré plus haut son évolution de répertoire… mais il ne faut pas oublier aussi tous ces rôles des débuts comme Elivra des Puritains ou Maria de La Figlia del reggimento… ou même Oberto dans Alcina aux côtés de Joan Sutherland pour le studio… Certes la jeune soprano n’avait pas forcément les sur-aigus triomphants de certaines de ses collègues, mais elle apportait toute sa science du chant pour camper des personnages nuancés et on pouvait compter sur elle pour donner ce beau chant nécessaire à ce répertoire.
Beaucoup retiendrons uniquement quelques rôles : Mimi forcément mais aussi Butterfly, Liu, Marguerite ou encore Micaela… Bien sûr ces rôles semblent taillés pour sa voix tant elle y est naturelle et immédiatement attachante. Mais il y a aussi tous ces rôles qui n’étaient soi-disant pas pour elle car trop large. Tosca qu’elle enregistra par deux fois en studio permet d’entendre une autre héroïne de Puccini, moins diva et plus fragile, tout en assumant parfaitement l’ensemble de la tessiture. Desdemona bien sûr aussi où sa blondeur vocale donne une réplique aussi sensible que magnifique à Jon Vickers par exemple dans Otello. Elisabetta aussi dans Don Carlo… composé pour un grand falcon, comment la voix de soprano lyrique de Mirella Freni pourrait-elle se mesurer à ce roc ? Et bien comme pour les autres rôles : avec ses moyens propres elle réussit à donner un portrait parfois différent, parfois d’une extrême vérité… mais sans jamais forcer, sans jamais chercher à grossir sa voix, lui faisant confiance en quelque sorte ! Comment imaginer de nos jours une soprano capable de chanter pendant quarante ans un même rôle avec le même bonheur ? Et bien c’est pourtant l’exemple qu’elle donne avec sa Mimi toujours aussi fantastique de délicatesse. Loin de faire évoluer sa voix pour répondre aux canons des habitudes, elle chantait les partitions avec sa voix, sachant ce qui lui serait bénéfique ou ce qui lui serait difficile. Et le résultat est la préservation de ce timbre miraculeux, de cette netteté de la projection. Alors qu’aujourd’hui l’on entend des voix qui en dix ans passent de soprano lyrique léger à grande soprano dramatique au prix de la focalisation et de la beauté du timbre (Anna Netrebko ou Sonya Yoncheva ont pris ce raccourci !), elle avait choisi d’évoluer doucement, prudemment… et elle passera tout de même par des rôles dramatiquement exigeants sans jamais que l’instrument ne soit maltraité. C’est là une qualité rare.
Aujourd’hui, il nous reste donc ces nombreux disques studio ou en direct, de nombreux spectacles filmés aussi… Difficile de faire une discographie exhaustive, aussi, peut-être est-il plus intéressant de proposer quelques disques (ou même beaucoup !) ou rôles importants, montrant tout le talent de la chanteuse.
Micaela bien sûr se doit d’être documentée car cela restera son premier rôle, qu’elle enregistrera d’ailleurs de nombreuses fois. Mais s’il ne fallait conserver qu’un seul disque d’elle dans Carmen, ce serait sans doute l’enregistrement dirigé par Rafael Frühbeck de Burgos en 1969. Il réunit aussi Grace Bumbry et Jon Vickers, comme le film réalisé par Karajan quelques années avant, mais tous les chanteurs semblent beaucoup plus naturels ici. La magnifique Grace Bumbry nous offre un portrait immense du rôle-titre avec une prestance rare alors que Jon Vickers est un Don José profond et dramatique, tiraillé entre son devoir et sa passion destructrice. Face à ces deux géants, Mirella Freni offre une luminosité magnifique pour sa Micaela. On ne peut douter de sa jeunesse et la description du premier acte semble parfaitement lui convenir. Le rôle est bien sûr chanté avec une aisance confondante, mais il y a aussi une interprétation qui ne cherche pas à dramatiser le personnage sans toutefois en donner un portrait trop univoque, sachant montrer la volonté de cette jeune femme. La direction est vive, les seconds rôles parfaits… comment résister !
Mimi est aussi de nombreuses fois documentées que ce soit en direct, en studio ou en vidéo. Alors… que choisir ! Bien sûr le studio de La Bohème dirigé par Karajan… mais il y a aussi le film réalisé à la Scala en 1965 où l’on voit la mise en scène de Zeffirelli et une cousette au naturel constant, modeste mais aussi sûre d’elle, montrant toute l’évolution de ce personnage magnifique qui nous tire des larmes à de nombreuses reprises. Elle est de plus entourée par une distribution superbe avec entre autre Gianni Raimondi qui n’a peut-être pas le rayonnement de Luciano Pavarotti mais offre un portrait splendide. La direction de Karajan bien sûr, encore vive et variée… ce DVD est sans nul doute la version la plus traditionnelle et la mieux chantée, enregistrée dans les conditions du direct mais avec une salle vide dans le théâtre de La Scala. Après, l’on pourra aussi regarder une version plus tardive avec la représentation de San Francisco de 1988 où le couple Freni/Pavarotti est de nouveau réuni avec une mise en scène sobre et une distribution magnifique aussi (avec notamment un Ghiaurov à fendre l’âme dans le dernier acte). Vingt-trois ans après le premier enregistrement, Freni est toujours aussi touchante dans ce rôle.
Marguerite de Faust a aussi été un des grands triomphes de Mirella Freni et il en existe de nombreuses versions dont le studio dirigé par Prêtre bien sûr… mais qu’il faut oublier pour une version en direct elle aussi dirigée par Georges Prêtre mais à La Scala avec Alfredo Kraus et Nicolai Ghiaurov. Ce document de 1977 n’a certes pas la qualité de prise de son du studio qui suivra, mais les personnages y sont beaucoup plus vivants et en voix. Mirella Freni semble plus fraiche et amoureuse alors qu’Alfredo Kraus offre un Faust aristocratique avec lequel Placido Domingo ne peut pas rivaliser. Et puis Nicolai Ghiaurov rayonne dans cet enregistrement alors qu’il semble totalement éteint au studio ! La voix est sonore, le personnage particulièrement fouillé avec cet humour piquant dont il parsème la partition. Et puis comment résister quand on voit que la partition ne souffre d’aucune coupure ! Un autre document passionnant est bien sûr la vidéo de la mise en scène de Jorge Lavelli de 1976. On y retrouve la production superbe du grand metteur en scène, une Mirella Freni très impliquée et entourée magnifiquement par Nicolai Gedda qui compose un Faust noble et ardent… alors que Roger Soyer est époustouflant dans Méphistophélès, le rapprochant de celui de Berlioz par le soin du texte aiguisé comme une arme. Malheureusement, la partition n’est déjà plus complète alors que c’est la première reprise de ce spectacle.
Autre rôle très documenté, Elisabetta de Don Carlo est présentée par un studio, des enregistrements en direct et une vidéo. Dans tous les cas, Mirella Freni est extrêmement bien entourée et après ce sera une question de goût. Ainsi on pourra préférer la fraîcheur du premier studio de 1978 où la voix est particulièrement claire et montre une jeune femme plus qu’une reine. José Carreras est un infant plein de fougue, Agnès Baltsa une tigresse en Eboli et Piero Cappuccilli se montre un grand seigneur en Posa… et bien sûr Nicolai Ghiaurov se montre impérial dans ce rôle de Philippe II. La qualité de la direction de Karajan apporte des couleurs à cet enregistrement qui sont impressionnantes. Un an avant, on peut aussi apprécier la direction d’Abbado un peu plus délicate en direct à Milan mais le son est beaucoup moins bon malheureusement pour une distribution qui reprend les mêmes points forts que ceux de Karajan mais avec une Eboli plus massive. Enfin, un témoignage un petit peu plus tardif avec la version vidéo du MET de New-York où l’on peut non seulement entendre, mais aussi voir l’Elisabetta de Freni. Dans une mise en scène très traditionnelle, voir Mirella être cette reine malheureuse face à un Ghiaurov monumental en Philippe II est un vrai bonheur tant chacun est imprégné de son rôle. Grace Bumbry nous offre aussi une Eboli de très haute école. Seul Placido Domingo est un peu décevant car assez peu en phase avec le personnage. Mais la version est splendide dans son ensemble et mérité d’être regardée non seulement pour Freni, mais aussi pour la seule archive vidéo de Nicolai Ghiaurov en Philippe II.
À ces rôles qu’elle a chantés et enregistrés de nombreuses fois, il faut aussi ajouter différents personnages passionnants. Bien sûr sa Butterfly jamais abordée sur scène, mais qu’elle a enregistré deux fois pour Karajan (un studio et un film) ainsi qu’une fois pour Sinopoli. Je dois avouer que je préfère le film de Karajan déjà de par la beauté des décors sombres et tragiques, mais aussi pour la présence de Domingo. Mais Pavarotti ne peut être mauvais dans ce rôle non plus. Et après il faut avouer que Karajan donne une lecture plus complète que Sinopoli qui fractionne trop le lyrisme pour donner des effets marqués. Autre rôles uniquement enregistré au studio, Tosca forcément ! Et là il n’y a pas photo : il faut se précipiter sur l’enregistrement de Sinopoli non seulement pour sa direction passionnante, mais aussi pour la distribution magistrale où Domingo est solaire comme rarement alors que Samuel Ramey se montre un Scarpia anthologique. Toujours chez Puccini, il ne faut pas passer à côté de la Manon Lescaut dirigée par Sinopoli encore où la soprano offre un portrait dramatique majeur et assume à la fois la finesse du début mais aussi les grands traits dramatiques du dernier acte… et l’entourage est splendide !
On pourra aussi faire un petit détour vers le bel-canto avec I Puritani ou L’Elisir d’Amore par exemple qui la montrent d’une ligne magnifique. Et si les amateurs de suraigus seront déçus, on a tout de même une sensibilité et une technique assez saisissante dans ce chant lumineux. À l’autre bout du spectre nous avons les répertoires véristes et russes où elle a proposé des choses magnifiques. Bien sûr son Adriana Lecouvreur avec en particulier celui de La Scala en DVD qui la montre souveraine dans le mot et dans l’engagement sans jamais tomber dans la démonstration vériste. Et puis donc Eugen Onegin chez Levine où la voix est superbe, particulièrement bien entourée et sensible. Et puis il ne faut pas non plus oublier ses Verdi plus à la marge comme La Traviata qui montre à quel point on peut proposer une vision différente, son Aida sensible et délicate avec Karajan, sa Leonora de La Forza del Destino avec Muti…
Et puis bien sûr il y a cette Mireille de Gounod enregistrée en 1979 avec Michel Plasson. Mirella Freni est certes invitée alors qu’elle n’a pas participé aux séries scéniques de Toulouse, mais malgré tout, quel engagement et quelle aisance dans ce rôle plein de piège ! Face à une distribution parfaitement francophone, la diction n’est pas parfaite, mais le personnage est totalement là , présent de la première à la dernière note. Son entrée la trouve en femme délicate qui n’oublie pas sa Mimi, avant de progressivement prendre plus de drame pour culminer sur une Scène de la Crau d’un lyrisme fou qui fait forcément penser à sa future Manon de Puccini. Assez décrié, cet enregistrement reste pour moi totalement à part… ce fut mon premier achat d’opéra en disque. À l’origine, j’avais pris la version Cluytens… mais ayant peur de la date et du mono, j’étais retourné changer pour cette version Plasson. Et ce fut ma première rencontre avec Mireilla Freni. Au sommet de ses moyens à l’époque (elle a encore tout le fruité de sa jeunesse alors que la voix commence à s’élargir un peu), elle était une véritable apparition pour moi. Et la compilation sortie chez EMI achetée quelques temps après ne pouvaient que continuer à me faire basculer.
Parmi les récitals, il faut saluer bien sûr les premiers enregistrements où la chanteuse passe allègrement du bel-canto à Puccini… on entend les premières Butterfly mais aussi La Sonnambula ou I Capuleti e I Montecchi… La voix est un vrai bonheur tant ce petit vibrato est finement dosé, tant la musicalité et l’émotion sont parfaits. Ensuite, sont passionnants les deux récitals en duo qu’elle a gravé avec Nicolai Gedda puis Renata Scotto… dans les deux cas nous sommes dans du bel-canto (partie de son répertoire assez peu documenté) qu’elle aborde avec des spécialistes. Avec Gedda nous avons la fraicheur du timbre pour des duos plutôt légers alors qu’avec Scotto le drame prend plus de place. Il faut avouer que ce dernier récital en duo est assez saisissant car nous avons ici deux chanteuses ayant beaucoup de rôles en commun… mais qui se distinguent parfaitement dans chacun des duos. On retiendra en particulier le duo de Norma où le fruité de l’Adalgisa de Freni répond parfaitement au métal de la Norma de Scotto. Et puis comment oublier aussi ce récital un peu tardif chez DECCA consacré au répertoire vériste ? Beaucoup de choses qu’elle n’abordera jamais sur scène comme Andrea Chénier, Iris, Cavalleria Rusticana… ou les rares Lodoletta et Mascagni. Enregistré au tout début des années 90, la voix conserve toute sa fermeté et il n’y a que la couleur qui devient un petit peu plus sombre alors que le vibrato se creuse légèrement. Mais quel engagement de tous les instants ! Encore une fois elle ne cherche pas à forcer sa voix, mais chante ces airs avec sa spécificité. Du coup peut-être certains seront-ils perturbés par cette « Mamma morta » plus légère qu’à l’accoutumé mais pas moins poignante, ou par une Santuza moins virago que femme amoureuse. Resté dans l’ombre, ce récital n’a pas à rougir devant d’autres parutions dévolues à ce répertoire et montre à quel point on peut aborder du vérisme sans oublier toutes les règles du bel-canto.
Article sans doute un peu long pour être lu en entier, peut-être indigeste… mais la disparition d’une telle grande dame du chant ne pouvait pas rester sans réaction. Mirella Freni restera parmi les plus grandes et surtout ma première. À ce titre, l’avoir croisé en 2007 alors qu’elle participait au jury d’Operalia restera un moment que je chéri et cet autographe sur le livret de Mireille en sera le souvenir indélébile.
Merci Mirella Freni, « Prudentissima » trop souvent réduite à Mimi mais qui nous a donné tant d’autres magnifiques démonstrations de son art.
Un très beau et émouvant hommage à une grande artiste. Et aucun hommage n’est jamais trop long ; tu devrais diffuser.