Depuis sa création, le Palazzetto Bru Zane ne s’était guère penché sur Charles Gounod. Mis à part quelques airs dans des récitals, aucune résurrection éclatante… Voilà qui est corrigé avec ce brillant Cinq-Mars qui a été monté pour trois soirées à Munich, Vienne et Versailles. Avec un beau luxe dans le choix des interprètes, la partition de Gounod peut revivre dans toute sa splendeur après 137 ans d’oubli. Et à l’écoute, on se demande comment une partition si riche est restée dans l’ombre alors que la création avait été un assez beau succès. Basé sur un petit épisode de la vie du Marquis de Cinq-Mars, l’œuvre recréé toute l’ambiance de la cours sous Louis XIII alors que les nobles renâclent à obéir au Cardinal de Richelieu. Riche en couleurs et en sentiments, l’opéra semble être un Grand Opéra miniature, ce qui convient parfaitement au tempérament de Gounod, plus habile dans les petites formes que dans les grandes débauches de moyens. Continuer…
Intégrale
Fêtes Vénitiennes à l’Opéra-Comique
Grand succès pendant cinquante ans, l’opéra-ballet Les Fêtes Vénitiennes d’André Campra a depuis disparu des scènes. Mais William Christie et ses Arts Florissants nous proposent de découvrir une nouvelle partition de celui qui est considéré comme un lien entre Lully et Rameau. De Campra on connaissait déjà la tragédie lyrique Idoménée en disque chez Harmonia Mundi dirigé par Christie, Tancrède dirigé par Olivier Schneebeli sera aussi fixé sur disque dans les mois qui viennent chez Alpha… et dans l’opéra-ballet, Hervé Niquet a déjà enregistré Le Carnaval de Venise chez Glossa, créé onze ans avant nos Fêtes Vénitiennes. L’Å“uvre du musicien comRamence donc à être bien documentée (car à cela s’ajoutent messes, motets, motets, cantates,…) et il est à espérer que la production ici commentée sera immortalisée par une parution vidéo tant l’Å“uvre est superbe et la production remarquable. Continuer…
Orfeo et Bejun Mehta immortalisés
Orfeo ed Euridice de Gluck est disponible selon trois versions… l’originale en italien pour castra de Vienne, la version révisée pour ténor de Paris en français… et la version de Berlioz pour mezzo-soprano en français toujours… plus les divers modifications et adaptations d’une version dans une autre langue ! Ici nous avons la version originale en italien, chanté par une voix aigüe ici dévolue à un contre-ténor. Mais l’autre intérêt de ce DVD reste la mise en scène et la réalisation du film. Car loin d’être un enregistrement d’une version scénique, ou un film pur comme pouvait le faire Karajan, nous sommes ici face à un objet un peu hybride. Le résultat est un peu étrange par moments, mais finalement saisissant visuellement et dramatiquement. Alors que musicalement nous frôlons la perfection à tous points de vue ! Continuer…
Dialogues des Carmélites : Py et une distribution de rêve
Dialogues des Carmélites est un des rares opéras de la deuxième moitié du XXème siècle à être autant représenté. On en garde de plus la trace de la création française par l’enregistrement historique dirigé par Pierre Dervaux (réunissant le fine fleur de l’époque). Il faut dire que cette Å“uvre de Francis Poulenc possède une force assez rare, chaque personnage se dessinant superbement par son langage et sa musique, alors que l’histoire en elle-même nous touche par la violence qui est faite à ces femmes. En dehors de tout sentiment religieux, c’est vraiment la représentation des réactions de femmes de tout milieu face à une oppression. En décembre 2013, le Théâtre des Champs-Elysées proposait une nouvelle production mise en scène par Olivier Py dont on connait l’attachement à la religion. On ne pouvait donc qu’attendre avec impatience les représentations… et après celles-ci espérer un DVD. Voilà qui est fait pour notre plus grand plaisir ! Continuer…
Les Bayadères : Autre Catel, même réussite !
Charles Simon Catel a eu la mauvaise idée de composer à une période trouble de l’histoire de France, devant changer de style au gré des changements de régime politique suite à la Révolution Française. Mais à cela, il a ajouté le titre de premier professeur d’harmonie du tout nouveau Conservatoire de Paris fondé en 1795. Et de fait, il restera dans les mémoires comme un grand pédagogue et théoricien (son Traitée d’Harmonie de 1802 restera longtemps un modèle) mais non comme un musicien artiste. Compositeur de circonstance lors des grandes fêtes révolutionnaires, il n’en fut pas moins un homme de théâtre et après nous avoir offert Sémiramis, le Palazetto Bru Zane nous donne à entendre Les Bayadères. Ces deux Å“uvres aux influences variées nous montrent combien le musicien était raffiné, fin et aussi très apte à créer une tension dramatique, cherchant des solutions que l’admiration de Gluck avait empêchée. Un novateur donc qui est heureusement rétabli de nos jours. Continuer…
Bru Zane ressuscite Victorin Joncières : Dimitri
Qui encore connaît le nom de Victorin Joncières de nos jours ? Il faut avouer qu’il n’aura jamais connu le grand succès de certains compositeurs d’opéras, n’ayant pas eu la chance d’être porté par les grandes institutions musicales de son temps comme l’Institut de France (où sa candidature fut refusée) ou l’Opéra de Paris (son plus grand succès, le fameux Dimitri, fut créé au nouveau Théâtre Lyrique et non dans la grande boutique). Alors pourquoi avoir ressorti des rayonnages des bibliothèques cette partition ? Elle est l’exemple de ce qui se faisait au Théâtre Lyrique de Vizentini durant les vingt mois où cette institution proposa nombre de créations audacieuses avec une qualité d’exécution digne de l’Opéra. Premier grande création de cette salle, il se devait d’être proposé à l’écoute ! Continuer…
Un Parsifal apaisé par Van Zweden
Parsifal est de ces opéras qui peuvent fasciner ou rebuter… à l’origine on peut ressentir quelques longueurs et lenteurs, mais en la fréquentant plus, se découvrent certaines clés, certains plaisirs… et aussi les grandes possibilités d’interprétation musicale de la partition. En effet, si la « formation » de beaucoup a été effectuée avec la mythique version dirigée par Hans Knappertsbusch en 1951, la découverte d’autres versions montre des facettes différentes, tantôt délicates, monumentales, colorées, sombres, élégiaques… Chaque chef peut avoir sa façon de diriger l’œuvre, en exhalant des spécificités. En décembre 2010, c’est l’ancien violoniste Jaap van Zweden qui en donnait sa lecture à Amsterdam pour quelques concerts heureusement captés. La distribution réunit des valeurs sûres du chant wagnérien et la réputation de l’Orchestre de la Radio Néerlandaise n’est plus à faire. Continuer…
Tchaïkovsky, La Pucelle d’Orléans : Preobrazhenskaya ou Arkhipova?
Étrange opéra que cette Pucelle d’Orléans. Peu de temps après avoir composé Eugen Onegin, opéra intimiste s’il en est, voici que Tchaïkovski se penche sur un format beaucoup plus large où les références au Grand Opéra à la française sont légion. Le sujet quitte les salons ou les mythes russes pour s’ancrer dans l’histoire française. Piotr Tchaïkovski adapte à partie de 1878 la tragédie de Schiller pour en faire un opéra retraçant l’évolution d’une figure historique : Jeanne d’Arc. Et dans cet opéra, c’est le seul personnage qui retiendra l’attention, le seul qui parcourt l’ensemble de la partition en rencontrant des aides, des soutiens, des tentations, des obstacles… les autres personnages ne sont au final rien d’autres que des éléments faisant évoluer Jeanne. Ce rôle de mezzo-soprano demande de grandes interprètes et l’histoire du disque en a retenu deux : Sophia Preobrazhenskaya et Irina Arkhipova. Petite comparaison de leurs enregistrements studio… Continuer…
« L’autre » Otello mis à l’honneur par Bartoli…
Otello dans l’opéra, c’est immanquablement celui de Verdi qui nous vient à l’esprit. Puis arrive ce fameux opéra de Rossini, réputé inchantable avec ces trois rôles écrasants de ténor, cette Desdemona où se sont distinguées les plus grandes comme La Malibran ou sa sÅ“ur Pauline Viardot… Plus près de nous, le duo Chris Merritt/Rockwel Blake s’illustraient… puis un temporaire duo a réuni Gregory Kunde et Juan Diego Florez… mais voilà que depuis quelques année un nouvel Otello rossininien fait parler de lui : John Osborn. Quand en plus il est accompagné par Cecilia Bartoli (rossinienne exemplaire avant d’aller explorer le baroque) qui fait ici ces débuts dans le rôle tragique de l’épouse du Maure, on peut s’attendre à une grande représentation… et les faits vont bien au delà des espérances ! Continuer…
Fascinante Elektra par Patrice Chéreau
Rien que le nom de Patrice Chéreau associé à celui d’Elektra avait fait trembler d’impatience nombre de lyricomanes. Certains ont eu la chance de voir le spectacle dans le Grand Théâtre d’Aix en Provence, d’autres l’ont suivi sur Internet… et moins d’un an après, c’est en DVD que nous est servi ce spectacle. Résultat du montage de deux représentations et de plans serrés réalisés lors des dernières répétitions, on y retrouve l’impact visuel montré par le direct et particulièrement la prestation hallucinante et hallucinée d’Evelyn Herlitzius. Quelques mois après cet immense succès, le metteur en scène Patrice Chéreau disparaissait, rendant encore plus important son dernier travail lyrique.
