En 2008 est fondée la Fondation Palazzetto Bru Zane, mais elle est vraiment en ordre de marche en 2009, alors que le palazzetto vénitien qui l’abrite est justement inauguré. Le but de cette fondation est de travailler à la mise en valeur de tout un patrimoine de la musique française : ce romantisme peu connu qui fit pourtant courir toute l’Europe à Paris au XIXème siècle. Si l’époque baroque a le Centre Musical Baroque de Versailles pour effectuer un travail sur les sources et les partitions, permettant de remonter de nombreux ouvrages rares ou de redonner vie à des ouvrages trop souvent entendus déformés leur visage d’origine, il restait un grand vide pour toute la musique qui suivait. Alors que nous avions des éditions critiques pour des opéras de Rossini par exemple, rien de comparable en France en dehors de quelques recherches sur des titres comme Les Contes d’Hoffmann ou Les Pêcheurs de Perles et plus récemment les opéras de Meyerbeer. Le travail est donc énorme ! Car à côté de ces compositeurs connus qu’il faut réussir à remettre à leur juste place après des décennies de dénigrement, il y avait aussi la mise en lumière de grandes raretés du romantisme… et le chaînon manquant entre le baroque et Berlioz, tous ces compositeurs qui depuis Gluck n’étaient que de vagues noms comme si on était passé de la musique de Louis XVI au début du romantisme. Alors bien sûr, il n’y a pas que l’opéra dans cette mission et nous aurons aussi un splendide travail sur les mélodies, sur les pièces orchestrales, sur les cantates du Prix de Rome… mais ce qui nous intéresse ce soir, c’est avant tout l’opéra car c’est lui qui est célébré sous toutes ses formes pour ce Gala qui fête les dix ans de la fondation. Dix ans de magnifiques découvertes et de mise à disposition de documents de référence, qu’ils soient discographiques ou écrits… aidant même à la production de spectacles scéniques. Continuer…
Halévy
Halévy : La Reine de Chypre retrouvée
S’il est reconnu comme le compositeur de La Juive, l’un des grands-opéras les plus joués encore de nos jours, Jacques Fromental Halévy semble par contre ne pas avoir la notoriété suffisante pour que des salles osent monter des productions scéniques de ses autres ouvrages. En effet, en dehors de son grand succès l’on a eu droit à Charles VI en 2005, Clari en 2010 ou encore La Magicienne en 2011 (seulement en version de concert)… et rien d’autre récemment alors que son catalogue d’opéra est assez fourni. On peut heureusement compter sur la Fondation Bru-Zane pour remettre en avant une partition rare. La Reine de Chypre a été un immense succès lors de sa création en 1841, cinq ans après le triomphe de La Juive. Comme à son habitude, ce concert sera suivi d’un disque pour immortaliser cette re-création avec une distribution très prometteuse ! Continuer…
La Juive : 3/4 de la partition, mais une grande réussite!
Pilier du répertoire de l’Opéra de Paris durant des années, régulièrement monté dans tous les théâtres de France… comment La Juive a pu tomber dans un tel silence ? Car il faut bien l’avouer, pendant de nombreuses années le grand succès de Jacques-Fromental Halévy a été très discret sur les scènes. Bien sûr, quelques ténors ont réussi à lui apporter une légère notoriété comme Richard Tucker, José Carreras ou encore Neil Schicoff… mais c’était l’artiste qui imposait l’ouvrage. En France, ce qui avait été un ouvrage très populaire devenait doucement une image déformée et vieillotte. La Juive ne pouvait pas être intéressante. Et puis enfin en 2007, l’Opéra de Paris jouait son rôle en montant avec une distribution éclatante cet ouvrage trop rare. Les premières représentations n’étaient pas pleines, mais le bouche à oreille faisant son effet, ce sont finalement à guichet fermé que les dernières eurent lieu. Enfin la partition était de retour. Ou au moins en partie car il fallait composer avec les coupures. L’année dernière, l’Opéra de Nice se lançait dans une nouvelle production, et c’est enfin l’Opéra de Lyon qui nous donne à voir et à entendre ce chef d’œuvre de l’art musical et théâtrale français. En mettant Olivier Py à la mise en scène, on pouvait espérer non seulement une scénographie fouillée, mais aussi une partition complète comme l’avait été Les Huguenots à Bruxelles. Si le premier souhait sera réalisé, la partition reste encore bien défigurée… Continuer…