Le Cygne Noir : Monteverdi et ses contemporains au Festival d’Aix-en-Provence

Le Festival d’Aix-en-Provence est renommé pour Mozart et les créations, mais aussi depuis quelques années par des productions d’ouvrages romantiques de prestige comme Tristan und Isolde pour 2021. Mais l’ADN du festival est aussi porteur de gènes baroques bien sûr, qu’ils soient italiens ou français. Après l’annulation malheureuse de tout le Festival l’année dernière et en particulier de L’Incoronazione di Poppea, voici un spectacle entièrement dévolu au baroque et même on pourrait dire au premier baroque italien tant il est centré sur Monteverdi, ses contemporains et ses descendants directs. Pas d’ouvrage complet mais une sorte de pasticcio avec comme pièce centrale le fameux Combatimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi. Et pour nous faire entendre des ouvrages souvent rares, un grand habitué des résurrections a été convoqué en la personne de Sébastien Daucé accompagné de son Ensemble Correspondance. Le choix du Théâtre du Jeu de Paume est aussi une excellente idée tant le cadre permet de profiter de tous les détails, mais aussi d’être proche de la scène où Silvia Costa a concocté un spectacle assez étrange. Continuer…

Ercole Amante, quand l’Opéra-Comique sert brillamment Cavalli avec Pygmalion

Si l’Opéra-Comique se fait fort de défendre le répertoire français baroque ou romantique, il lui arrive aussi de remonter des ouvrages totalement en dehors de sa mission patrimoniale pour notre plus grand plaisir. Et au final, même si pour ce concert l’opéra était en italien, il a tout de même été composé pour Paris ! Cet Ercole Amante a été commandé par le cardinal de Mazarin pour fêter les noces du jeune Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Autriche. Nous ne sommes donc pas si loin de sa mission première puisque que nous explorons ici encore une rareté qui a trait avec la source de l’opéra français tant Cavalli influencera le jeune Lully qui n’a pas encore posé les bases de sa tragédie en musique. Pour monter dans de bonnes conditions cet ouvrage gigantesque, l’Opéra-Comique s’est appuyé sur des valeurs sûres en choisissant Raphaël Pychon pour la partie musicale ainsi que le duo Valérie Lesort et Christian Hecq pour la mise en scène. Le premier s’est illustré dans un splendide Orfeo de Rossi il y a quelques années à Nancy et Versailles entre autre alors que le duo de metteurs en scène avait produit à l’Opéra-Comique un Domino Noir salué par presque l’intégralité de la critique pour son inventivité. Car si l’ouvrage est rare, il est aussi difficile à tenir de par sa durée mais aussi son format qui oscille entre l’opéra italien et le français, Cavalli trouvant des moyens qu’il a eu le plaisir d’utiliser et des contraintes qu’il ne pouvait ignorer. Continuer…