En mars de cette année, Valery Gergiev avait offert au public parisien la première partie de sa tétralogie : Das Rheingold et Die Walküre. Ces deux ouvrages étaient déjà documentés par les parutions sous le label du Mariinsky. Même si les choix étaient parfois différents dans les chanteurs comme les tempi, on retrouvait des inspirations. Mais voici les deux journées qui manquent encore et toujours aux enregistrements officiels. Siegfried et Götterdämmerung nous sont rendus avec des chanteurs entendus pour la plupart au printemps, mais il restait des questions. Comment la magnifique Sieglinde d’Elena Stikhina allait-elle se mesurer à la Brünnhilde de la deuxième journée ? Comment Mikhail Vekua, qui avait déjà enchaîné Loge et Siegmund, pouvait-il réussir à chanter les deux Siegfried en deux jours ? Et bien tous les défis ont été relevés avec brio !
Si voir le prologue et la première journée du Ring de Richard Wagner en deux jours est impressionnant, voir la fin de cette grande fresque en à peine plus de 24h est un vrai marathon ! Le samedi à 19h commençait Siegfried… avec une sortie de salle à minuit. Et le lendemain, voici que le public se retrouve à 16h30 et ne sortira qu’à 22h. En 27h, ce sera donc 8h30 de musique, et pas de la plus facile d’accès ou de la plus légère. Mais le public est là , fidèle au poste malgré la difficulté de suivre de tels ouvrages sans mise en scène. Comme dit plus haut, la distribution n’est pas entièrement renouvelée non seulement par rapport au mois de mars, mais aussi par rapport aux enregistrements commerciaux. Les filles du Rhin sont les mêmes, Erda est la même, Mime aussi… mais on les entends ici dans une salle, en direct et quelques années après. Le rendu est parfois différent, mais parfois aussi encore plus saisissant ! Même chez Valery Gergiev, il y a des nouveautés… et surtout cette façon de vitre la partition d’un bout à l’autre et de nous fournir ces émotions si particulières. Dans la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, le positionnement est optimum avec les chanteurs en arrière de l’orchestre, de manière à bien équilibrer le rendu, comme cela avait été fait pour La Pucelle d’Orléans la saison dernière .
Siegfried est sans doute le plus difficile des quatre opéras à monter en version de concert. En effet, l’ouvrage est très bavard, racontant tout ce qui s’est passé, multipliant les questions et réponses entre les différents personnages… chose qui pourrait fort bien lasser les spectateurs. Et pourtant, la soirée passe toute seule, en grande partie grâce à la prestation de l’orchestre sous la direction de Valery Gergiev. Dès les premiers accords, on est envoûté par la beauté des sonorités : les timbres sont magnifiques et les équilibres trouvés par le chef parfaits. Profitant de l’acoustique de la salle, il fait ressortir certains détails, mettant en avant parfois des vents là où on entend le plus souvent uniquement les cordes. Mais en plus de cela, il y a des choix purement de direction qui peuvent surprendre mais aussi fasciner. La scène de la forge par exemple est prise avec une volonté de montrer toujours plus le crescendo, finissant avec un volume et une énergie grisant alors que le début était beaucoup plus terne et lent. Commencé assez doux à l’orchestre, les sonorités grondent alors que l’épée prend forme pour finir par un volume fier et vaillant. À l’opposé, les murmures de la forêts sont pris sur un ton poétique rarement apporté… et surtout le réveil de Brünnhilde est un miracle de beauté lumineuse. Son « Ewig war ich » pris très lentement et piano est un pur moment de rêve. L’ensemble du troisième acte est un vrai ravissement, depuis les sombres accords de l’affrontement entre Erda et Wotan, jusqu’à ce duo passionné où l’orchestre chauffé à blanc remplit la salle pour le plus grand bonheur des spectateurs. Pour le Crépuscule des Dieux, le chef va rapidement se montrer moins poétique et beaucoup plus sombre et tendu. Le thème le demande certes car si Siegfried était la découverte du jeune homme, ici ce sont les manigances et la fin des dieux qui sont montrés. La majesté et la noirceur ressortent parfaitement avec un orchestre qui semble encore plus impliqué que lors de la journée précédente. Les Nornes ouvrent avec des teintes sombres avant que les couleurs ne s’éclairent pour l’amour de Brünnhilde et Siegfried. Les grands moments symphoniques sont des passages de bonheur, que ce soit le Voyage sur le Rhin, ou la Marche Funèbre. Cette dernière particulièrement puissante et violente. Mais si l’orchestre est toujours parfaitement mis en avant, ce n’est jamais à l’encontre des voix car le chef sait ménager ses chanteurs (au moins pour le volume… car il n’hésite pas à leur faire chanter deux rôles majeurs en deux jours!). Même dans les moments où l’orchestre se déchaîne, il sait doser pour éviter que la voix ne disparaisse. Durant ces deux soirées, l’orchestre du Théâtre Mariinsky est un bonheur à l’écoute, par ses attaques franches, ses teintes variées et la grande variété de nuances qu’il peut proposer. De même, le chœur du Mariinsky se montre tout à fait à la hauteur pour les courtes interventions du Crépuscule.
De cette tétralogie, Siegfried semble être l’opéra le plus simple à distribuer car il possède moins de rôles que tous les autres. Mais justement ces rôles deviennent du coup très importants avec le rôle titre bien sûr qui se doit d’être parfait pour tenir tout l’ouvrage. Dans le petit mais si beau rôle de l’Oiseau, la jeune Anna Denisova se montre un vrai miracle de pureté, mais aussi de présence. La voix claire semble fragile, mais elle s’impose sans souci dans la vaste salle par une projection parfaite. Brillante et légère, elle donne vie à ce Waldvogel qui est au final le seule personnage à répondre à la jeunesse de Siegfried. Du Rheingold on retrouve entre autre Roman Burdenko en Alberich, qui est ici encore parfait. Le timbre est franc et le chanteur très investi. Il ne force pas la ligne, il se montre juste aussi noir que possible sans brutaliser son timbre ou le chant. Zlata Bulycheva est aussi Erda ici et l’on retrouve la même voix qu’au printemps. Pour un tel rôle, on pouvait attendre un vrai contralto et ce n’est finalement qu’une mezzo-soprano sans ce timbre sombre et ces graves qui donnent de la consistance à ce puits de sagesse. Et puis l’on retrouve aussi Mikhail Petrenko dans le rôle de Fafner. Déjà chanté dans Rheingold et chantant Hunding dans Die Walküre, la basse impose immédiatement un personnage immense tant par le timbre, le chant… et la carrure physique. Très court, le rôle demande tout de même un charisme fort et nous avons ici le dragon dans toute sa démesure avec toujours cette très forte implication.
Dans Das Rheingold, Andrei Popov avait capté l’attention pour sa courte prestation en Mime. Mais le rôle est autrement développé dans ce Siegfried. Malheureusement pour lui, il semble être malade… on l’entend quelquefois tousser durant la soirée. Mais si la voix est du coup un petit peu moins percutante que lors du prologue, le personnage est toujours aussi impressionnant. Ce Mime est parfaitement campé : la veulerie, le comique (mais jamais ridicule!), la vaillance… tout y est dans sa composition. Trop souvent le rôle est plus parlé que chanté. Mais ici chaque note est bien nette, la projection est confortable… ce Mime est impressionnant de charisme et nous donne un vrai moment de théâtre, jouant d’ailleurs son personnage derrière son pupitre. À son opposé, Evgeny Nikitin compose le père des dieux : Wotan. Le pauvre avait été terrassé avant la fin de Die Walküre et avait perdu sa voix avant les fameux Adieux de Wotan. Il tient ici sa revanche face à la petite partie qui avait honteusement hué sa prestation en mars. Car ce Wanderer se montre digne de Wotan. La voix est puissante et très bien timbrée, les nuances sont parfaitement là depuis la moquerie face à Mime jusqu’aux affrontements avec Erda ou Siegfried. Le chanteur est impressionnant par son impact visuel comme sonore. Dès la première note nous avons un grand dieu qui s’invite sur scène. La revanche est prise et il prouve ici qu’il peut sans problème se frotter à Wotan. Toutes les notes sont là et le personnage aussi avec ce timbre impérieux et légèrement rêche qui est le sien.
Celle qui avait séduit le public par sa Sieglinde rayonnante nous donne cette fois la Brünnhilde de Siegfried. C’est bien sûr la journée où le chant demande le plus de lyrisme et de douceur. Et justement la voix d’Elena Stikhina est parfaite pour cette scène qui termine l’ouvrage. Nous avons vraiment le réveille d’une déesse dès la première note : le « Heil dir Sonne » est splendide et investi progressivement toute la salle. Durant tout le duo avec Siegfried, elle s’impose par une luminosité de timbre et une projection confondantes. Mais à cela s’ajoute aussi les nuances et le travail de dynamique. Alternant notes gonflées ou notes attaquées directement, elle permet d’assumer la douceur de son récit (mené avec une extrême douceur par Gergiev) mais aussi la terreur de cette déesse devenue femme. Une très grande prestation donc : nous avons ici un grand soprano lyrique qui donne à cette partition une couleur beaucoup plus douce et féminine que les soprano dramatiques qui se doivent de chanter aussi les deux autres Brünnhilde.
Après Loge et Siegmund, Mikhail Vekua chante le rôle titre. La partition est encore différente des deux autres rôles et surtout elle est beaucoup plus lourde à assumer. Mais le ténor semble se promener dans la tessiture pourtant parfois tendue. D’un bout à l’autre, il ne chante jamais en force mais dose intelligemment les nuances et les dynamiques. Sans s’économiser, il évite aussi de forcer sur sa voix. En fait, il chante tout simplement la partition telle qu’elle est, cherchant à insuffler poésie et douceur lorsque la situation le permet. Loin du jeune fou barbare, Vekua créé un jeune homme curieux et un peu simplet, mais en aucun cas une brute comme parfois montré. Le chant de la forge est sidérant car pris avec une facilité déconcertante. Par la suite l’affrontement avec Mime le voit beaucoup plus intérieur face à la traîtrise de son père adoptif alors que toute la poésie des instants en solitaire dans la forêt sont exhalés par son chant.. Enfin le troisième acte montre deux grandes évolutions. Face à Wotan il est au départ aimable et respectueux avant de devenir ce chien fou hargneux… et puis le duo d’amour passe de la surprise à l’exaltation. Nous avons ici l’un des plus beaux Siegfried écouté depuis ces dernières années. Bien sûr nous avons des valeurs sûres comme Gould ou Shager mais ils ne sont jamais aussi nuancés et poètes. Une splendide prestation !
Le lendemain, c’est tout « simplement » Le Crépuscule des Dieux qui nous était offert… plus théâtrale mais aussi plus long, l’ouvrage devait soutenir l’intérêt des spectateurs. Pour ce faire, Valery Gergiev offre une vision très sombre et noire de l’ouvrage. Et chaque chanteur ou presque se montre magnifique. Les trois Nornes qui ouvrent l’opéra sont les trois mêmes chanteuses qui ont ouvert l’Or du Rhin… elles reprennent d’ailleurs aussi leurs rôles dans le troisième acte en naïades séductrices. Comme au mois de mars, la voix d’Ekaterina Sergeeva impressionne par la puissance de l’instrument, mais aussi la beauté du timbre et l’engagement. Sa première Norne et sa Flosshilde sont le point fort de ce trio. Car à côté d’elle, Zhanna Dombrovskaya est une troisième Norne et une Woglinde correcte mais trop lourde pour vraiment trancher dans le trio des filles du Rhin…. Irina Vasilieva est assez pénible à écouter du fait d’attaques peu nettes et d’un vibrato très lent et large qui peine à se stabiliser. La scène des Nornes accepte ces voix assez sombres, mais il manque pour les Filles du Rhin cette pointe argentine dans les ensembles. L’autre déception vient de la Waltraute d’Olga Savova. Il est très étrange que Gergiev n’ait pas trouvé une chanteuse plus convaincante pour ce rôle. Pourquoi ne pas justement avoir demandé à Ekaterina Sergeeva de s’octroyer cette partie ? Car Olga Savova montre un timbre usé, une voix qui peine à trouver sa stabilité au début… et même si elle va s’améliorer au fil de son récit, le résultat n’est pas à la hauteur de la qualité d’ensemble. Seul son dernier aigu sera impressionnant et tranchant. Dommage car la scène est splendide d’habitude.
On retrouve bien sûr Roman Burdenko dans le rôle d’Alberich. Le baryton se montre toujours aussi bon dans ce rôle… mais il se fait voler la vedette par Mikhail Petrenko dans leur scène. Ceci est d’ailleurs logique vu le propos où le père vient quémander et surveiller son fils qui lui échappe. Notre Hagen est en effet marquant d’un bout à l’autre. La voix n’est pas un gouffre sans fond comme on peut l’entendre parfois, mais plutôt une voix monstrueuse. Il impose un volume impressionnant et des éclats de violence sidérants. Il est vraiment celui qui pousse les autres dans leurs plus mauvais comportements. Ses appels résonnent encore dans les mémoires du public. Pour exister face à ce Hagen, il fallait un Gunther de haut niveau. Et le fait d’avoir Evgeny Nikitin permet d’éviter d’avoir un personnage totalement écrasé par son demi-frère. Lui qui avait été un superbe Wotan puis Wanderer, il trouve en Gunther un rôle qui lui convient aussi parfaitement. La voix noire et autoritaire créé un personnage plus violent qu’à l’accoutumé et il ne lui en faut donc pas beaucoup pour être convaincu par Hagen. Par contre, son changement d’attitude alors que Siegfried est mort est assez peu vraisemblable vu le personnage montré durant tout l’opéra. Mais d’un autre côté, quand on voit la détresse de Gutrune à ce moment là … car Elena Stikhina est d’un lyrisme violent digne de la Brünnhilde qu’elle était la veille. Alors que son personnage était plutôt lumineux et doux auparavant, elle semble se libérer des conventions en découvrant son époux mort. La voix est toujours aussi belle et puissante, sans qu’on y trouve aucune lourdeur.
Après avoir chanté le rôle titre de Siegfried la veille, comment Mikhail Vekua allait-il pouvoir chanter Siegfried en ce dimanche ? On se le demande encore plus quand on nous l’annonce souffrant. On peut craindre une prestation prudente donc. En effet, la première scène le trouve légèrement sur la réserve non pas en terme de nuances, mais plutôt de puissance. Comme s’il n’osait pas libérer totalement son instrument. Mais rapidement, il retrouve l’aisance qu’on lui connaît et sans forcer ses moyens il se montre toujours aussi percutant et facile. Le grave est peut-être un peu léger mais le rôle est encore une fois maîtrisé de superbe manière. Jamais il ne cherche à tromper sa nature vocale, allant même jusqu’à éviter cette tradition qui veut qu’il doive singer une voix de baryton lorsqu’il se présente à Brünnhilde sous les traits de Gunther. Le seul moment de légère fatigue est dans le troisième acte, alors qu’il raconte sa vie aux hommes de Gunther. Mais l’émotion et le retour de ses souvenirs rend cette petite fragilité tout à fait cohérente avec la situation. Et cela ne va pas l’empêcher de mourir de superbe manière. Ce grand récit du troisième acte est en effet un moment magique tant le ténor y est délicat dans son chant et ses nuances. Il sera donc arrivé au bout de son marathon avec plus que les honneurs. Non seulement il a tenu le coup, mais a aussi offert deux prestations splendides !
Enfin, celle qui terminera la Tétralogie : Tatiana Pavlovskaya. Elle avait déjà chanté Brünnhilde dans Die Walküre de très belle manière, mais elle semble être encore plus à l’aise dans cet opéra. Plus dramatique, le rôle lui permet d’assumer plus facilement une voix large. Si le grave est un petit peu léger par moments, elle domine la partition de la tête et des épaules sans que jamais elle ne semble en difficulté. La voix est toujours belle et ronde, mais cela n’empêche en rien les émotions de passer. Le premier duo plein d’amour, la frayeur face au faux Gunther, la violence de la femme indignée et trahie… et la déesse revenue pour le final. Tout est parfaitement construit et dosé. Le drame du deuxième acte la trouve particulièrement vivante, se lançant sans réserve dans les malédictions où la voix se déploie avec hargne… avant de retrouver cette hauteur de ton qui lui permet de donner toute sa force à l’immolation. Alors qu’on a trop souvent des voix très charpentées mais peu gracieuses, voici que Tatiana Pavlovskaya propose un chant superbe et puissant tout en conservant une beauté de timbre sur toute la tessiture. Son personnage est parfaitement rendu ! Nous avons ici la confirmation de ce qui avait été senti dans Die Walküre : c’est véritable soprano dramatique formé à l’école russe, et donc qui chante plus souvent la Lisa de La Dame de Pique que Brünnhilde et Isolde. Il est heureux qu’elle ait finalement chanté cette Brünnhilde et non celle de Siegfried. Non seulement nous avons eu une superbe prestation pour ce final, mais cela a permis aussi à Elena Stikhina de proposer une grandiose Brünnhilde la veille.
Que dire de ce week-end ? Il a été fatiguant car il faut de la concentration pour suivre les deux ouvrages. Mais il a aussi offert des moments magnifiques comme on en entend rarement. La salle permet de s’immerger dans la musique, de sentir tous les instruments et les chanteurs. C’était une sorte de communion musicale et d’ailleurs le public aura été très attentif durant toute ce Ring. Maintenant, il faut espérer que les deux derniers volets de la Tétralogie enregistrée par Valery Gergiev se termine avec la même qualité que ces deux concerts. Ces deux venues du Mariinsky auront marqués l’année 2018 ! Ils reviennent l’année prochaine pour la fameuse Symphonie des Mille de Mahler…
- Paris
- Philharmonie de Paris, Grande salle Pierre Boulez
- 22-23 septembre 2018
- Richard Wagner (1813-1883), Siegfried, Opéra en trois actes
- Version de concert
- Siegfried, Mikhail Vekua ; Mime, Andrei Popov ; Alberich, Roman Burdenko ; Brünnhilde, Elena Stikhina ; Der Wanderer, Evgeny Nikitin ; Fafner, Mikhail Petrenko ; Erda, Zlata Bulycheva ; Waldvogel, Anna Denisova
- Richard Wagner (1813-1883), Der Götterdämmerung, Opéra en trois actes
- Version de concert
- Brünnhilde, Tatiana Pavlovskaya ; Siegfried, Mikhail Vekua ; Alberich, Roman Burdenko ; Waltraute, Olga Savova ; Gutrune ; Elena Stikhina ; Gunther, Evgeny Nikitin ; Hagen, Mikhail Petrenko ; Woglinde / Troisième Norne, Zhanna Dombrovskaya ; Wellgunde / Deuxième Norne, Irina Vasilieva ; Flosshilde / Première Norne, Ekaterina Sergeeva
- Chœur du Mariinsky
- Orchestre du Mariinsky
- Valery Gergiev, direction