Début de Ring magistral par le Théâtre du Mariinsky et Valery Gergiev

En 2010, Valery Gergiev commençait à enregistrer un Ring intégral sous le label du téâtre. Si c’est d’abord une Walkyrie de 2012 qui a été publiée, l’Or du Rhin de 2010 suivra quelques années plus tard. Le principe de ces enregistrements était simple : avoir pour socle la troupe du Mariinsky ainsi que l’orchestre de ce même théâtre, tout en invitant de grands wagnériens pour les rôles les plus importants. Bien sûr, quelques chanteurs connus internationalement de la troupe étaient de la partie, mais les têtes d’affiche étaient bien sûr des noms encore plus prestigieux : Nina Stemme, René Pape, Jonas Kaufmann… Malheureusement, depuis ces deux parutions aucune suite n’a été publiée et il est même à douter que Siegfried et Le Crépuscule des Dieux aient même été enregistrés. Une brouille avec Nina Stemme semble avoir compromis le projet. Si Die Walküre offrait une vision assez internationale de l’opéra de Richard Wagner, Das Rheingold était déjà plus typé dans ses choix de direction comme dans les chanteurs réunis. Aussi, l’idée de pouvoir entendre enfin une Tétralogie qui repose entièrement sur le Théâtre du Mariinsky de Saint-Pétersbourg est une vraie nouveauté. Cette année, Valery Gergiev nous propose donc le prologue et la première journée en un seul week-end wagnérien. Et à l’automne prochain, ce seront bien sûr les deux dernières journées pour compléter. Et dans les deux cas, seuls des chanteurs du Mariinsky sont réunis pour notre plus grand plaisir.

Façade du Théâtre du Mariinsky

Monter Der Ring des Nibelungen est déjà une très grosse charge pour un théâtre, mais le faire en ne faisant appel qu’à une distribution issue de la troupe locale est une vraie gageure. Toutes les forces du Mariinsky sont donc ici convoquées. Pas pour un unique concert bien sûr puisque auparavant les mêmes artistes avaient chanté ces ouvrages en version de concert aussi à Saint-Pétersbourg. Mais tout de même, il faut pouvoir non seulement trouver des chanteurs capables de maîtriser des rôles complexes mais aussi être à la hauteur d’une institution qui a été menée à un niveau d’excellence par Valery Gergiev depuis qu’il en a pris la direction en 1988. Éclipsant le Bolshoï de Moscou, ce Mariinsky retrouve les fastes de l’après-guerre où certains des plus grands chanteurs russes faisaient parti de la troupe de cette ville secondaire. Là aussi, l’ombre était grande pour la capitale et Staline d’ailleurs ne l’acceptait pas. L’exemple de Mark Reizen en est ainsi révélateur puisqu’il proposa à la grande basse de venir au Bolshoï avec une certaine insistance qui n’autorisait aucun refus. De nos jours, les choses ont changé bien sûr et l’on a de nombreux chanteurs qui quittent cette troupe pour effectuer de grandes carrières internationales. Les exemples d’Anna Netrebko, Olga Borodina ou encore le regretté Dmitri Hvorostovsky sont les plus connus actuellement, mais de nombreux noms russes sont venus illuminer les scènes mondiales depuis les années 1990.

Grande salle du Théâtre du Mariinsky

La distribution réunie pour ces deux soirée ne compte que deux noms très connus à l’international : Mikhail Petrenko qui triomphe maintenant sur toutes les scènes mondiales dans les rôles russes ou wagnériens… mais aussi Evgeny Nikitin qui s’est fait une belle carrière dans ces mêmes répertoires. Pour le reste, quelques chanteurs qui sont venus chanter en dehors de la Russie bien sûr, mais qui n’ont pas cette même notoriété. La question était de savoir ce que ces inconnus pourraient donner dans des rôles très exigeants. Et il faut avouer que le résultat est assez impressionnant tant chacun était parfaitement à sa place, sachant donner vie à un personnage malgré la version de concert, sachant très bien chanter l’allemand et trouver le ton et le style juste. Presque trop juste d’ailleurs tant on regrette un petit manque de spécificité dans les voix. Quelques chanteurs se distinguent, mais on est loin d’un Wagner tel qu’il pouvait être chanté il y a un demi-siècle en Russie. L’exemple du Lohengrin chanté par Ivan Kozlovsky est ainsi bien loin dans le renouvellement des approches. Mais par moments, on entend une voix, un timbre ou une façon de faire qui tranche avec la convention.

Mikhail Petrenko (Fafner, Hunding)

Mais il ne faut pas parler que des chanteurs tant l’orchestre est important aussi dans ce répertoire. Et il faut donc ainsi tout d’abord saluer la prestation du chef et des musiciens. Déjà pour le fait d’avoir joué ces deux jours d’affilé les deux ouvrages. Mais aussi pour la qualité et l’engagement de chacun. L’Orchestre du Mariinsky est sans doute parmi les meilleurs du monde et l’on a pu bénéficier d’un travail magnifique. Le son possède une petite sécheresse dans les cordes alors que les cuivres trompettent agréablement… mais ce sont surtout la beauté des bois qui frappent à l’écoute. Durant ces deux opéras, l’ensemble est parfait et d’une grande force expressive. Bien sûr le chef Valery Gergiev n’est pas pour rien dans la réussite de l’ensemble, mais les musiciens sont aussi particulièrement concernés. La direction se montre très dramatique et assez vive sans pour autant que les tempi ne soient rapides. Le chef conserve toujours la tension nécessaire même dans les passages les plus calmes comme les monologues de Wotan dans Die Walküre. Mais plus que ça, il suit parfaitement les chanteurs, les couvant sans jamais les couvrir malgré la difficulté de trouver un bon équilibre entre chant et orchestre dans cette salle de la Philharmonie. La direction est peut-être un peu moins marquée par la personnalité du chef dans Das Rheingold par rapport au disque, mais le résultat est tout bonnement fascinant de beauté plastique et d’évocation. Jamais le drame ne disparaît. À noter la flexibilité non seulement du chef mais aussi des musiciens qui savent s’adapter immédiatement à la déficience d’un chanteur et changeant de dynamique afin d’accompagner malgré la disparition de la voix du chanteur. Orchestre du Mariinsky et chef sont en fusion pour le plus grand plaisir des auditeurs réunis dans une salle pleine.

Oxana Shilova (Freia, Helmwige)

Das Rheingold demande de nombreux solistes qui n’ont parfois que peu d’interventions mais souvent décisives. Et en allant chercher dans sa troupe, Valery Gergiev a eu la main heureuse tant l’ensemble des chanteurs sont au moins bons voir même excellents… enfin tous… il y a tout de même deux légères déceptions. Déjà une des filles du Rhin qui manque un peu de justesse mais surtout l’Erda de Zlata Bulycheva. On pourrait supposer que la troupe du Mariinsky possède un contralto plus apte à rendre la profondeur de cette voix divine. Ici, les notes sont bien faites mais il lui manque une rondeur dans le grave qui fait les grandes Erda. Le chant est très noble mais le timbre trop clair pour vraiment s’imposer. A côté de cela, on retiendra la magnifique Yekaterina Sergeyeva en Flosshilde (et qui chantera Fricka le lendemain!) mais aussi le très beau Donner d’Ilya Bannik à la voix puissante et pleine de noblesse. Alexander Timchenko sera un Froh légèrement plus limité dans la projection mais au beau timbre. Mais chez ces « petits » dieux, c’est sans doute la Freia d’Oxana Shylova qui sort du lot tant elle illumine le plateau à chacune de ses apparitions. Le chant est de pure lumière, porté par un petit grelot et une projection très confortable. On ne peut douter en l’écoutant que c’est la jeunesse et la pureté qui parle. Sa sœur Fricka est très bien campée par Anna Kiknadze qui offre une belle grandeur et un ton autoritaire chez la déesse. La chanteuse possède un beau timbre au grain un peu marqué qui permet de s’imposer sans souci dans le rôle.

Anna Kiknadze (Fricka)

Dans le petit rôle de Mime, Andrei Popov se montre parfait. Il campe scéniquement un personnage convaincant et sa voix claire et haut-perchée se prête idéalement au nain terrorisé par son frère. La composition pourrait vite verser dans le grand guignol mais il restera toujours dans les limites du raisonnable. Certainement habitué des rôles de caractère qui regorgent dans l’opéra russe, il possède un beau naturel pour faire vivre son personnage. A l’extrême opposé se trouvent les deux géants Fasolt et Fafner. Dans ce prologue, c’est avant tout Fasolt qui s’impose et Vadim Kravets marque l’auditeur immédiatement par une voix de basse magnifique. Le timbre a cette rondeur qui donne une certaine douceur au géant alors que grave comme aigu sont parfaitement projetés. La prestance innée du chanteur lui permet sans forcer d’être cette brute au cœur troublé par la beauté de Freia. À ses côté, Mikhail Petrenko se montre différent avec une voix plus sèche, allant jusqu’à forcer un peu la ligne de chant pour marquer encore plus la brutalité de Fafner. Le timbre reste clair mais le personnage est immédiatement plus noir, porté visuellement par cette morgue dans la posture qui le caractérise parfois.

Mikhail Vekua (Loge, Siegmund)

Pour le rôle de Loge, Valery Gergiev a choisi chanteur au profil assez étrange puisqu’il doit chanter non seulement ce dieu rusé, mais aussi Siegmund le lendemain, puis les deux Siegfried à l’automne. Comment un chanteur peut-il passer aussi rapidement d’un rôle à l’autre… et penser enchaîner les deux Siegfried sans jour de repos ? Sans nul doute sera-t-il moins à sa place dans l’un des rôles se dit-on… et pourtant, comme on le verra plus tard, il sera aussi impressionnant dans Loge que dans Siegmund. Pour ce Rheingold, Mikhail Vekua se montre immédiatement un fin diseur et un chanteur à la nuance précise. Car il faut ici se montrer non pas en grand chanteur, mais bien en artiste pour mettre en avant l’intelligence du dieu, sa ruse et son audace… Et tout ici sera réuni pour nous offrir un portrait complet d’un des personnages les plus complexes de cette grande fresque opératique. Il impose un timbre assez clair, une voix bien projetée sans pour autant être trop massive… et sait parfaitement ce qu’il chante, donnant beaucoup d’épaisseur et de nuances à son rôle. Loge est la clé de voûte de l’intrigue et notre ténor y est parfaitement à sa place !

Yuri Vorobiev (Wotan)

Une autre grande inconnue venait du rôle de Wotan chanté par Yuri Vorobiev. Si l’on regarde sa fiche sur le site du Théâtre du Mariinsky, on se rend compte qu’il chante plus les rôles de basses verdiennes que les barytons basses allemands. Or s’il est un des trois Wotan qui demande une voix plus fine et légère que les autres, c’est bien celui de ce prologue. Mais immédiatement dès ses premières paroles, la basse montre toute la finesse de son chant qui sait parfaitement composer avec une tessiture un peu haute. Il nous donne à entendre un dieu plus doux qu’à l’habitude par un chant d’une grande rondeur sans pour autant que l’allemand ne soit sacrifié. Toute la jeunesse et la fougue sont bien présentes mais il y a aussi cette intelligence qui transparaît. Moins puissant que certains, il n’en possède pas moins une certaine force tranquille qui lui permet de s’imposer sur la durée. Et quelle beauté dans le chant !

Roman Burdenko (Alberich)

Mais le grand Wotan va se faire voler la vedette par Roman Burdenko qui est un Alberich assez exceptionnel. Avec ce personnage noir, on tombe souvent dans la caricature par le timbre ou l’interprétation. Rien de tel ici. Le chanteur avait déjà fait forte impression en 2012 à l’occasion d’un récital diffusé sur France-Musique où il chantait bien sûr des mélodies russes, mais aussi des extraits d’opéras russes et italiens. Et quand on regarde son répertoire on se rend compte que c’est exactement cet équilibre qui reste dans sa carrière aujourd’hui. Et cela s’entend dans son interprétation car il y a la rondeur de la ligne nécessaire dans les grands Verdi mais aussi la rudesse du mot que demandent des personnages comme Shaklovity de Khovanshchina par exemple. Son Alberich est donc très bien chantant mais tout aussi très bien personnifié. De l’envie à la violence, de la noirceur à la bouffonnerie… tout est détaillé et bien retranscrit. Certains lui reprocheront peut-être une petite coquetterie ici ou là comme cet aigu ajouté en fin de malédiction. Mais peu importe tant le rendu est frappant et magnifique. On en viendrait presque à regretter que ce soit lui qui redescende et disparaisse dans les mines plutôt que les dieux. Le charisme est là, la voix et l’intelligence du chant aussi… espérons qu’il sera de nouveau présent pour les deux dernières journées de cette Tétralogie à l’automne car même si le rôle d’Alberich y est moins important, il serait un parfait complément d’une belle distribution. Aux saluts, il se taillera d’ailleurs un immense succès en saluant en dernier !

Yekaterina Sergeyeva (Flosshilde, Fricka)

Grande réussite donc pour ce Rheingold. On pouvait donc espérer un triomphe pour Die Walküre même si l’opéra est différent. En effet, là où le prologue du Ring demande plus une troupe que de grands solistes, la première journée elle repose sur de fortes personnalités pour chacun des rôles en dehors bien sûr des Walkyries. Dans ces dernières, on retrouve d’ailleurs quelques chanteuses entendues comme Anna Kiknadze en Grimgerde ou la magnifique Oxana Shilova en Helmwige qui irradie ici aussi durant toute la chevauchée, son timbre éclairant magnifiquement l’ensemble. Chacune des Walkyries réunies est impliquée et possède un timbre prenant. Et surtout la troupe complète se montre homogène sans être uniforme. Magnifique moment qui fait trembler la salle. On retrouve de la veille Mikhail Petrenko dans le rôle de Hunding. La basse connaît parfaitement ce personnage pour le chanter depuis des années sur les plus grandes scènes. Il opte ce soir pour une interprétation très expressive voir même sur-dimensionnée pour une version de concert. Il tape du pied, parle certaines répliques pour en renforcer l’effet dramatique… ce n’était peut-être pas nécessaire tant déjà la prestance et la puissance de la voix imposent un homme d’une grande violence. Le timbre est vraiment magnifique et la voix semble se déployer toujours plus avec les années qui passent.

Tatiana Pavlovskaya (Brünnhilde)

Dans le rôle épisodique mais si important de Fricka, on retrouve la mezzo-soprano Yekaterina Sergeyeva qui avait déjà fortement impressionné la veille dans le rôle de Flosshilde. On retrouve ici immédiatement cette fermeté du timbre et cette impressionnante facilité à projeter. Un peu timide au début de la scène qui l’oppose à Wotan, elle va prendre de l’assurance au fur et à mesure que son personnage doit s’imposer. Les accents s’affirment, la voix gagne encore en puissance. On est face à une superbe mezzo-soprano qui pourrait fort bien se faire connaître dans les années qui viennent. Si Ekaterina Gubanova est impressionnante dans le disque enregistré par Valery Gergiev, cette nouvelle Fricka vaut aussi l’écoute ! Autre révélation en la personne de Tatiana Pavlovskaya qui nous propose une Brünnhilde impressionnante de fierté et de puissance sans pour autant qu’elle soit monolithique. Dès les cris de guerre d’entrée, elle sait contrôler parfaitement sa voix avec juste un petit regret pour ses aigus peu puissants. Mais nous sommes ici face à une grande voix dans la tradition des soprani dramatiques russes telles que Evgenia Smolenskaya par exemple. La voix est très ample, un léger vibrato mais qui n’a rien de trop marqué et une rondeur de timbre, des couleurs… loin du char d’assaut qu’on nous présente parfois, cette Brünnhilde est extrêmement vivante et emphatique envers son père mais aussi Siegmund. Elle reviendra pour Siegfried pour la seconde Brünnhilde assez différente de cette jeune fille, mais ce qu’elle a proposé ce soir était de toute beauté et très habité.

Yevgeny Nikitin (Wotan)

Wotan était chanté par Evgeny Nikitin qui a déjà triomphé sur bien des scènes dans le rôle titre de Der Fliegende Holländer qu’il aurait même dû chanter sur la scène de Bayreuth. Il semble avoir commencé à chanter Wotan il y a très peu et cette série de concerts était peut-être même sa première fréquentation du rôle. Il en avait gravé les adieux il y a quelques années dans son premier récital chez Naïve. Dès son entrée, on est frappé par une chose : lui qui d’habitude se montre assez impérieux et sonore est ici comme assourdi. Le personnage est déjà bien là avec beaucoup de nuances et une vraie présence, mais la voix semble peiner à sortir. Malgré tout il se sort très bien du deuxième acte où il anime très bien le récit à Brünnhilde. Malheureusement, le troisième acte va être extrêmement difficile pour lui car en plein milieu du deuxième duo avec sa fille, la voix s’effondre totalement. D’abord quelques petits accros puis plus rien. Le chanteur semble changer de placement pour sa voix afin de continuer à assurer la représentation mais avec un volume très amoindri. Qu’il est difficile de voir ce chanteur ainsi diminué. Mais il va continuer à chanter, en nuançant autant qu’il est possible vu son problème vocal. Le déception sera visible à la fin où il s’assoit et place son pupitre de telle manière qu’il le masque du public, comme honteux de sa prestation. Mais ce sont des choses qui peuvent arriver et il faut saluer le courage d’être allé au bout et d’avoir sû se ménager pour terminer la partition. Il faudra donc attendre pour vraiment pouvoir juger de son Wotan, mais ce que nous avons entendu lors de ce concert, en prenant en compte une fatigue ou un problème de santé, est plus que prometteur !

Elena Stikhina (Sieglinde)

Enfin le couple de jumeaux… Elena Stikhina nous propose une Sieglinde radieuse au timbre rond et chaleureux. La projection est impressionnante et l’on est saisi par la beauté du chant. Il lui manque juste cette petite agitation qui fait les grandes Sieglinde au premier acte car lorsque la ligne de chant s’anime par l’excitation d’avoir reconnu son frère, voici que la voix semble prendre vie tout comme dans les deux actes suivants où elle fait ressentir tout d’abord sa terreur mais ensuite cette lumière alors qu’elle remercie la Walkyrie qui l’a sauvée. Peut-être le personnage n’est-il pas totalement assez vécu faute de ne pas l’avoir souvent chanté. Mais elle a face à elle un Siegmund assez exceptionnel. Alors que Mikhail Vekua s’était montré parfait en Loge, on pouvait se demander comment il réussirait à s’imposer dans l’héroïsme et la poésie de Siegmund. Mais dès son arrivée l’on comprend que ce côté un peu nasal et piquant de Loge n’était qu’une interprétation alors qu’il peut tout aussi assumer la vaillance. À ce titre, ses deux « Wälse » sont bluffant d’aisance et de puissance, faisant trembler la salle. Il faut dire que la voix est particulièrement bien projetée, avec un placement en avant et un timbre éclatant. Elle se déploie facilement face à l’orchestre. Aussi à l’aise chez le guerrier que chez le poète, il donne un portrait particulièrement complet avec une voix longue qui jamais n’est forcée. Son Siegfried de l’automne sera sans nul doute fameux même si l’on peut encore se questionner sur la possibilité de chanter les deux Siegfried sans jour de repos.

Ces deux soirées resteront sans nul doute longtemps dans les mémoires du public. En effet, non seulement vivre ces deux opéras en deux jours est un moyen de vraiment baigner dans la musique, mais en plus l’interprétation en était en tout point saisissante et superbe. Bien sûr, l’on regrette le problème vocale de Yevgeny Nikitin lors du final qui amoindri le crescendo émotionnel (mais ne lui en tenons pas rigueur, contrairement aux quelques personnes qui l’ont honteusement hué!) mais cela ne gâche pas ces intenses moments de musique et de théâtre. Valery Gergiev n’est peut-être pas un wagnérien adoubé mais ses propositions dans ce répertoire sont assez passionnantes, surtout quand il s’entoure de sa troupe. Rendez-vous est pris pour l’année prochaine !

  • Paris
  • Philharmonie de Paris, Grande salle Pierre Boulez
  • 24 mars 2018
  • Richard Wagner (1813-1883), Das Rheingold, Opéra en quatre scènes
  • Version de concert
  • Wotan, Yuri Vorobiev ; Alberich, Roman Burdenko ; Loge, Mikhail Vekua ; Woglinde, Zhanna Dombrovskaya ; Wellgunde, Irina Vasilieva ; Flosshilde, Yekaterina Sergeyeva ; Mime, Andrei Popov ; Erda, Zlata Bulycheva ; Fafner, Mikhail Petrenko ; Fasolt, Vadim Kravets ; Fricka, Anna Kiknadze ; Donner, Ilya Bannik ; Froh, Alexander Timchenko ; Freia, Oxana Shylova
  • Richard Wagner (1813-1883), Die Walküre, Opéra en trois actes
  • Version de concert
  • Siegmund, Mikhail Vekua ; Wotan, Yevgeny Nikitin ; Brünnhilde, Tatiana Pavlovskaya ; Sieglinde, Elena Stikhina ; Fricka, Yekaterina Sergeeva ; Hunding, Mikhail Petrenko ; Waltraute, Natalia Yevstafieva ; Gerhilde, Zhanna Dombrovskaya ; Grimgerde, Anna Kiknadze ; Siegrune, Varvara Solovyova ; Ortlinde, Irina Vasilieva ; Roßweiße, Evelina Agabalaeva ; Helmwige, Oxana Shilova ; Schwertleite, Yekaterina Krapivina
  • Orchestre du Mariinsky
  • Valery Gergiev, direction

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