Charles Gounod et le Prix de Rome

Après Camille Saint-Saëns l’année dernière, le Palazzetto Bru Zane met à l’honneur Charles Gounod en cette année 2018. Mais ce n’est pas totalement innocent car cette année marque en effet le bicentenaire de sa naissance. De nombreuses manifestations ou parutions sont prévues et cette année a commencé par ce livre-disque centré sur sa participation au Prix de Rome. Mais peut de temps après, c’est Le Tribut de Zamora qui revoit le jour, avant la sortie de disques de quatuor ou de cantates religieuses, la venue sur scène de La Nonne Sanglante à l’Opéra-Comique… et la recréation du Faust dans sa version première avec dialogues parlés. Il est par contre dommage que le centre de musique romantique de Venise n’ait pas parrainé aussi l’exhumation de Philémon et Baucis à l’Opéra de Tours qui est une entreprise très courageuse ! Cette année est une opportunité de juger avec honnêteté de la variété de la composition de celui qui est marqué par l’Ave Maria et l’air des Bijoux. Avec ces enregistrements d’ouvrages liés au Prix de Rome, nous pouvons déjà avoir un aperçu de ses partitions alors qu’il est au tournant des vingt ans. Hervé Niquet se fait le défenseur non seulement des trois cantates composées pour le concours entre 1837 et 1839, mais aussi de pièces religieuses créées durant son séjour à la Villa Médicis de Rome.

Le Prix de Rome est créé en 1663 sous le règne de Louis XIV. Seulement ouvert aux peintres et sculpteurs, ce concours offre au gagnant une pension ainsi qu’un séjour à l’Académie de France à Rome, fondée par Colbert en 1666. En 1720, le prix d’architecture sera créé et permettra donc à une autre discipline de séjourner au Palais Mancini, avant que ne soit choisie la Villa Médicis en 1803, année où est aussi créé le prix de composition musicale. Viendront ensuite s’ajouter le prix de taille douce en 1804 et le prix du paysage historique en 1817 (supprimé en 1861). Il faudra attendre 1903 pour que les concours soient ouverts aux femmes… et le concours sera supprimé en 1968 par André Malraux. Mais entre temps, de grands noms sont passés entre les murs de l’illustre demeure romaine. En effet, cette institution était un passage important pour les artistes à tel point que Jacques-Louis David tentera de se suicider après son deuxième échec. Chez les musiciens, on retiendra les noms de Méhul, Hérold, Halévy, Berlioz, Thomas, Bizet, Massenet, Debussy, Charpentier ou encore Dutilleux. Beaucoup de grands noms donc, mais aussi de très nombreux compositeurs tombés par la suite dans l’oubli. Car si ce concours permettait de mettre en avant un musicien dans le domaine dramatique, cela n’était ni nécessaire ni suffisant pour faire une grande carrière. On pensera ainsi à Camille Saint-Saëns qui tentera deux fois (1852 et 1864) sans obtenir le précieux premier prix mais sera l’un des plus grands compositeurs français de son temps.

La Villa Médicis à l’époque du séjour de Claude Debussy

En 2009, le Palazzetto Bru Zane a publié le premier volume d’une collection offrant justement à entendre les cantates composées à cette occasion du concours du Prix de Rome. En 2002 et 2003, de nombreuses partitions ont en effet retrouvées à la Bibliothèque nationale de France et c’est donc ces quelques deux cents œuvres qui sont doucement offertes à public dans de superbes conditions. Le premier volume était consacré à Claude Debussy, puis vint Camille Saint-Saëns et Gustave Charpentier. Après ces trois grandes figures de la musique française que l’on découvre ici sous un jour nouveau, c’était Max d’Ollone qui se voyait mis en avant puis enfin Paul Dukas avec le cinquième volume. Et cette année de célébration de Charles Gounod permet la publication de ces pages inédites que sont les trois cantates ainsi que plusieurs pièces religieuses. Remporter ce Premier Prix de Rome permettait entre autre au lauréat de faire représenter sa cantate en public et donc démontrer son talent devant les décideurs des scènes parisiennes. Car ces cantates sont des concentrés d’opéra qui enchaînent les situations dramatiques. Voulant gagner sa vie par son art, Gounod n’avait d’autres choix que de se tourner vers la scène opératique. À cela s’ajoutait un grand enthousiasme pour l’Italie. On comprend donc cet acharnement qui sera finalement couronné de succès en 1839. Son séjour à Rome va marquer toute la carrière du compositeur car il va non seulement y baigner dans une atmosphère propice à la création, mais aussi rencontrer Ingres alors directeur de l’institution… et surtout découvrir la musique de Palestrina qui sera une grande source d’inspiration pour sa musique religieuse durant toute sa carrière.

Portrait de Charles Gounod fait par Dominique Ingres durant le séjour du compositeur à Rome

Bien sûr, ces parutions sont passionnantes musicalement… mais il ne faut pas négliger les articles fort instructifs qui éclairent toute une partie de la vie de Charles Gounod. Dans un premier temps, on découvre l’historique de ce concours et une analyse des cantates. Alexandre Dratwicki est comme toujours extrêmement clair et instructif dans son article. Pierre Sérié nous plonge ensuite dans cette Villa Médicis dirigée par Ingres. On y découvre des témoignages d’autres artistes plus ou moins contents de la direction du peintre mais aussi une ambiance toute entière dédiée à la création artistique. L’article suivant est très émouvant car il éclaire les relations entre Charles et Gounod et sa mère Victoire Lemachois. S’il ne nous reste malheureusement que les lettres écrites par cette dernière durant le séjour à Rome, on découvre tout de même la relation entre la mère et le fils : elle le conseille, le protège de loin et l’oriente avec douceur mais une certaine fermeté. Car le lien familiale est fort et montre une vraie tendresse mutuelle, Charles reste très respectueux de sa mère qui n’arrive pas à laisser son fils tout à fait libre. Ayant perdu son père alors qu’il était encore jeune, Victoire Lemachois aura été d’une immense importance dans la formation musicale mais aussi dans l’éducation du jeune homme. Un extrait de l’autobiographie de Charles Gounod vient ensuite nous donner son ressenti sur ce séjour italien. Enfin, Gérard Condé nous fait découvrir Palestrina et les différentes compositions religieuses présentées ici pour la première fois.

Portrait de Charles Gounod à Rome dans l’atelier de Pils (dessin de J. Clairin)

Avant de s’arrêter sur chacune des œuvres, il faut déjà saluer le travail réalisé par Hervé Niquet, le Flemish Radio Choir, le Brussels Philharmonic et tous les solistes réunis ici. Il ne faut pas rêver que ces partitions soient un jour reprises, ou alors uniquement de façon très ponctuelle pour une célébration. Mais pourtant tous sont totalement impliqués et d’un style admirables d’un bout à l’autre. Hervé Niquet nous avait déjà proposé des réalisations admirables dans ce répertoire comme pour le Herculanum de David il y quelques années. Mais la tache est sans doute plus difficile ici car ce sont avant tout des miniatures qui nous sont présentées et il faut donc leur insuffler le drame sans laisser un instant de repos. Avec un orchestre chauffé à blanc, très expressif mais sans jamais qu’il ne soit trop puissant ou lourd, chacune des partitions est rendue avec le maximum de détails pour nous faire entendre ces nouveautés. Le seul petit reproche que l’on peut faire est dans l’agencement des cantates. Pourquoi ne pas les avoir présentées dans l’ordre chronologique ? Malgré les différences de style, il aurait sans doute été plus simple de juger de l’évolution de la plume de Charles Gounod. Mais ne nous plaignons pas devant ce superbe recueil ! A noter aussi que comme toujours avec les publications de Palazzetto Bru Zane, la qualité de la diction est remarquable.

Marie-Stuart faisant de la musique avec David Rizzio (Alfred W. Elmore)

Pour sa première participation au Prix de Rome en 1837, la cantate a pour nom Marie Stuart et Rizzio. Dans la plus pure tradition des poèmes de cette époque, on retrouve un couple amoureux qui se heurte à l’impossibilité de leur amour. On retrouve souvent ce thème dans les cantates. Charles Gounod a donc composé une cantate pour le duo obligé soprano/ténor. Il va y proposer toutes les possibilités dans le duo (passion, sentiments, nostalgie,…) même si le rôle de Marie Stuart est plus développé et complexe. Ainsi, là où Rizzio n’a finalement que les duos avec la reine, elle va au contraire ouvrir la scène par un monologue au ton très dramatique et refermera la pièce par un air de vengeance d’une belle violence. L’orchestre est superbement construit avec des mélodies fort belles mais malgré tout de rares passages un peu vides d’inspirations. Mais il offre un ton particulier et des couleurs superbes par l’usage des bois entre autre comme ce très beau cantabile où les deux amants disent adieux à la France. Gounod remportera le Second Prix uniquement… et la partition ne fut donc jamais jouée. Pourtant on sent déjà une grande sûreté d’écriture, sachant ménager les effets et éviter le grandiloquent, se plongeant dans l’héritage des grands classiques à certains moments tout en ayant déjà ce génie mélodique. Les deux jeunes chanteurs réunis offrent de belles prestations. Sébastien Droy est toujours admirable dans ces rôles galants qui ne demandent pas trop d’éclat ou de tension. Son Rizzio est poétique et amoureux à souhait avec un texte admirablement dit. Gabrielle Philiponet campe elle une reine extrêmement dramatique du début à la fin. La voix darde les aigus nécessaires à l’héroïque final alors que le reste de la cantate est chantée avec un grand sens du style et un charisme certain. Le vibrato serré aide à montrer cette reine amoureuse mais aussi maltraitée et en danger.

Capitulation de Grenade (Francisco Pradilla y Ortiz)

En 1839, le format des cantates a légèrement évolué. Là où nous avions principalement des cantates à une ou deux voix auparavant, voici une basse qui permet d’enrichir les actions et la musique. Avec Fernand, Gounod va réussir à remporter ce Premier Grand Prix. Pourtant, au regard des deux autres cantates, elle ne frappe pas par sa grande originalité et serait même peut-être moins inspirée que ces deux précédentes. À Grenade, l’armée espagnole fait le siège de la ville tenue par les musulmans. Don Fernand espère pouvoir retrouver Zelmire qu’il aime. Mais cette dernière sort de la ville avec son amant Alamir en le suppliant de s’enfuir. Ce dernier refuse de déserter alors que Fernand les surprends. Les deux hommes vont presque en venir à se battre, mais finalement Fernand les aide à s’enfuir par amour pour Zelmire. Il se suicide à leur départ afin d’éviter le déshonneur d’être condamné par son roi. Gounod refuse durant toute la cantate de jouer la carte de l’espagnolade. Les couleurs sont légèrement plus méditerranéennes que pour Marie Stuart et Rizzio, mais le contexte est moins marqué. C’est le grand trio qui clôture l’ouvrage qui marque le plus car on y assiste à une évolution de chacun des personnages. La grandeur et la violence de l’affrontement laisse la place à une noblesse et un sacrifice superbement amené chez Fernand. Les trois personnages manquent tout de même un peu de caractérisation. Les ensembles sont magnifiques que ce soit l’exhortation à fuir ou la prière finale, mais on peine à être emporté par la partition. Pourtant, elle plaira au comité puisque c’est avec cet ouvrage que Gounod gagnera son séjour à Rome ! Comme en prélude à sa participation à la résurrection du Tribut de Zamora, Judith van Wanroij chante ici Zelmire avec toujours un superbe timbre et un beau soin du texte. Là où le texte lullyste ne ressort pas assez, le chant romantique lui donne toute la possibilité de dire le texte de belle manière. Son amoureux Alamir est chanté par le jeune Yu Shao découvert en juin dernier dans Le Timbre d’Argent. Lui qui avait déjà fait forte impression se montre encore plus souverain de style et de diction. Le timbre est léger et clair sans être trop mince, le chant connaît toutes les nuances depuis la douceur jusqu’à l’héroïsme… son amoureux fier est très beau. Enfin Nicolas Courjal se taille la part du lion pour le rôle titre. Son Fernand bénéficie du timbre noir du chanteur, mais aussi de son intelligence du chant qui évite la brute. Dès le début, on comprend l’humanité de cet homme. Magnifique composition qui est peut-être le seul des trois personnages à être vraiment développé.

Carte nouvelle de l’Isle de Corse divisée par ses dix provinces ou juridictions, par Robert de Vaugondy (1756)

Retour en arrière pour La Vendetta composée en 1838 : Gounod n’aura toujours pas le précieux sésame et l’effectif revient à deux chanteurs. Mais le sujet en lui-même par contre est plus original. En Corse, une mère attend le retour de son fils. À son arrivée, elle lui fait réciter l’antique serment de la vengeance avant de lui révéler que son père est mort : il doit donc tuer le meurtrier comme le veut la tradition. Pas de relation amoureuse ici mais surtout un portrait de mère bouleversant dans sa détresse et son caractère inflexible. La musique se porte vers un caractère très descriptif comme le court prélude qui nous emmène dans l’arrière pays. La ligne vocale de l’air de Marcella montre parfaitement le trouble dans lequel elle se trouve en attendant celui qui doit venger le meurtre. L’arrivée au loin de Lucien annoncé par une chanson de matelots tranche très bien avec le ton tragique qui se dégageait au début. Puis rapidement la mère referme la lumière pour imposer avec une grande autorité la prière de la vengeance. Souligné par des traits de cordes sombres pour la mère, par des bois lumineux pour le fils, ce début de prière nous montre bien la différence d’état d’esprit de l’un et de l’autre. La prière implacable se déploie et là encore les deux chants se répondent superbement. Tout est ici magnifiquement construit et imaginé par bien souligner les caractères des deux personnages. Pour Lucien, l’on retrouve Yu Shao qui est toujours aussi superbe même s’il est écrasé par le charisme que déploie Chantal Santon-Jeffery. Cette dernière fait vivre cette mère comme elle sait animer le texte des tragédies lyriques. La voix par contre se déploie plus largement pour éclater en aigus vengeurs ou en graves tragiques. Cette cantate est peut-être la plus belle des trois proposées ici par l’inspiration musicale et dramatique de Gounod. Mais peut-être était-elle trop hardie pour le jury souvent un peu frileux… heureusement le jeune compositeur aura droit à une autre participation avant la conscription suite à son deuxième prix en 1837… qui sait si le musicien aurait continué dans cette voix s’il n’avait pu réussir en 1839.

Giovanni Pierluigi da Palestrina (lithographie de Henri-Joseph Hesse)

Le deuxième disque s’ouvre sur une pièce tout différente et qui tranche même dans ce que l’on connaît de la production religieuse de Charles Gounod. En effet, c’est avant tout la Messe solennelle à Sainte-Cécile ou Mors & Vita qui sont les plus diffusés actuellement. Avec cette Messe Vocale créée le 25 mars 1843 à Vienne, il revient à ce qu’il a découvert dans la Chapelle Sixtine : le chant pur et sobre des messes du Vatican. Il avait été fortement marqué par ses pièces et l’on retrouve ici la rigueur toute religieuse, qui n’est troublée ni par un soliste, ni même par un orchestre. Le chœur uniquement s’y exprime au travers de multiples voix qui se répondes et se croisent dans des enchevêtrements d’une beauté et d’une limpidité admirable. On retiendra en particulier des moments comme le Gloria qui est une démonstration de maîtrise et d’inspiration. Dans cet exercice, le Flemish Radio Choir est parfait par la diction déjà du latin francisé, mais aussi par la beauté et la précision des pupitres. Qu’ils soit divisés ou à l’unisson, le chant s’élève avec beaucoup de lumière dans une prise de son aérée qui permet de bien entendre toutes les strates de l’ouvrage. Un peu aride à la première écoute par son profond refus de toute mise en scène religieuse, la messe se montre finalement d’une grande beauté formelle !

Avant cela à Vienne, Gounod avait eu la chance de faire exécuter sa Messe de Saint-Louis-des-Français dont on reparlera en fin de compte rendu. Ainsi le 14 septembre 1842 il pouvait de nouveau entendre sa messe, mais dans un cadre tout autre qui lui fit remplacer l‘Offertoire par ce Christus factus est. Sorte de cantate pour soliste, elle déploie toute la beauté dont sait faire preuve le compositeur, mais l‘on entend déjà ici des idées qui reviendront dans les futures grandes compositions religieuses… loin du recueillement de la messe précédente, c‘est un grand aria religieux qui est ici proposé avec un orchestre superbe de clarté où la voix de soprano se déploie toute lumineuse. Judith van Wanroij se montre pleine d‘assurance et d‘enthousiasme pour chanter cet hymne.

Alors que les deux pièces précédentes sont des commandes durant son séjour à Vienne, cette Hymne sacrée est le troisième envoi réglementaire de 1843. Le comité de relecture l‘accueillera avec bienveillance même si l‘écoute ne nous révèle pas de révolution. La musique est typique de Gounod, mais on y sent aussi des influences beethoveniennes comme ces cordes qui ouvrent la pièce, qui ne sont pas sens faire penser à la neuvième symphonie du maitre allemand. Dévolue à quatre solistes, un orgue, un grand chœur et l‘orchestre, c‘est une composition qui semble un peu contrainte même si l‘on retiendra comme très souvent avec Gounod l‘inspiration mélodique qui fait s‘élever de belle manière un texte plutôt terne à la gloire de Dieu bien sûr! L‘orchestre se fait souvent très discret et c‘est donc le chant qui retient avant tout l‘oreille. La partie de ténor par exemple qui offre une ligne très haute mais souple. Face à l‘élégiaque de cette voix légère s‘impose rapidement la basse solide qui exhorte à la prière salvatrice. Le rupture est assez violente et c‘est un des rares moments où cette grande ligne mélodique qui est souvent admirable chez Gounod devient terne sans qu‘elle ne soit aussi très marquante. Soprano et mezzo n‘ont pas vraiment de moments solistes et permettent avant tout de renforcer les effets du chœur. Le chant est très bon avec notamment un Artavazd Sargsyan au timbre magnifique qui s‘élève sans tension vers le haut de la portée. Alexandre Duhamel est lui remarquable d‘autorité dans son intervention.

Intérieur de l’église Saint Louis des Français

Enfin, cette publication nous permet de découvrir la Messe de Saint-Louis-des-Français. Tous les ans le 1er mai, l‘institution permettait à l‘un des pensionnaires de composer une messe qui serait jouée en l‘église Saint-Louis-des-Français. En 1841, c‘est à Gounod que l‘honneur échoit. Après des répétitions difficiles, il semble que le compositeur ait réussi à tirer le meilleur des musiciens et chanteurs lors de la création qui sera un grand succès lui valant le titre de maître de chapelle honoraire à vie. Nous retrouvons ici le style de Gounod plus connu pour ses messes. Le ton dramatique est bien présent avec de beaux croisements entre chœur, solistes et orchestre. Comment ne pas penser en entendant cette messe bien sûr au fameux Mors & Vita dont on retrouve de nombreux effets. Variée et très inspirée, cette messe donne à entendre véritablement ce que donnera son style de composition dans les grandes messes qu‘il écrira par la suite. Durant son poste d‘organiste et de maître de chapelle de l‘église des Missions étrangères à Paris, il est fort possible que la musique qu‘il composait était plus de l‘ordre de sa Messe Vocale et non de cette composition beaucoup plus lyrique et dramatique. Mais l‘écoute de cette musique nous montre combien le style était déjà sûr à l‘époque pour des visions moins austères. Le chœur est bien sûr très présent et fort bien défendu par le Flemish Radio Choir. Mais il faut aussi saluer la prestation des deux solistes : la mezzo-soprano Caroline Meng ainsi que le ténor Artavazd Sargsyan. La variété des passages permets à chacun des intervenants de se faire entendre dans des parties à la fois contemplatives ou beaucoup plus dramatiques. Très belle pièce.

Ces deux disques ainsi que les articles sont une mine d‘information et documentent des compositions inédites, montrant toute la maturité du style du musicien alors tout jeune et sans s‘être frotté aux scènes lyriques parisiennes et très peu à la musique religieuse de grand format. L‘interprétation comme la présentation sont comme toujours très soignés avec les enregistrements réalisés sur l‘égide du Palazzetto Bru Zane. Un grand merci pour ce début de célébration de Charles Gounod!

  • Charles Gounod (1818-1893), Marie Stuart et Rizzio (1837 – Gabrielle Philiponnet, Sébastien Droy)
  • Charles Gounod (1818-1893), Fernand (1839 – Judith Van Wanroij, Yu Shao, Nicolas Courjal)
  • Charles Gounod (1818-1893), La Vendetta (1838 – Chantal Santon-Jeffery, Yu Shao)
  • Charles Gounod (1818-1893), Messe vocale (1842)
  • Charles Gounod (1818-1893), Christus factus est (1842 – Judith Van Wanroij)
  • Charles Gounod (1818-1893), Hymne sacrée (1842 – Judith Van Wanroij, Caroline Meng, Artavazd Sargsyan, Alexandre Duhamel)
  • Charles Gounod (1818-1893), Messe de Saint-Louis-des-Français (1841 – Caroline Meng, Artavazd Sargsyan)
  • Gabrielle Philiponet, soprano
  • Chantal Santon-Jeffery, soprano
  • Judith Van Wanroij, soprano
  • Caroline Meng, mezzo-soprano
  • Artavazd Sargsyan, ténor
  • Sébastien Droy, ténor
  • Yu Shao, ténor
  • Alexandre Duhamel, baryton
  • Nicolas Courjal, basse
  • François Saint-Yves, orgue
  • Flemish Radio Choir
  • Brussels Philharmonic
  • Hervé Niquet, direction
  • Alexandre Dratwicki : Gounod, candidat au prix de Rome de musique (1837-1839)
  • Pierre Sérié : La villa Médicis au temps d’Ingres
  • Dominique Hausfater : Lettres de Mme Gounod à son fils (1839-1842)
  • Charles Gounod : Mémoires d’un artiste « L’Italie »
  • Gérard Condé : Puissant Palestrina, vieux maître, vieux génie
  • Un livre-disque de 2cd Ediciones Singulares, ES 1030. Enregistré à Bruxelles et à Heverlee en avril 2016, juin 2016 et septembre 2017.

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