On continue la promenade dans les archives avec un Parsifal fascinant, vu déjà en 2009 mais revoir la mise en scène permet de mieux comprendre certains détails.
Depuis sa création en 2008, la mise en scène de Stefan Herheim ne cesse de passionner et questionner. D’une immense intelligence et visuellement très réussie, la mise en scène reste un modèle du genre. Pourtant, « trahir » ainsi l’œuvre peut-être la plus révérée à Bayreuth présentait des risques. Mais au final, cette mise en scène est au fil des ans devenue la valeur sûre des spectacles qu’on peut voir sur la colline. Durant ces différentes reprises, la distribution a évolué doucement, avec l’arrivée l’année dernière de Susan Maclean dans le rôle de Kundry puis celle de Simon O’Neil dans le rôle titre. Mis à part cela, on retrouve les créateurs pour tous les autres rôles, le tout sous la baguette de Daniele Gatti. Si voir Parsifal à Bayreuth est une chance, cette production ajoute encore au plaisir !
Dès l’ouverture, on est plongé dans l’histoire qu’on va nous conter. Bien sûr celle du Graal et de Parsifal, mais aussi celle de l’Allemagne et de Bayreuth depuis les années 1870 à nos jours. Le décor représente l’intérieur de Wanfried, où une femme, assimilable à Germania (dont on voit le tableau de Friedrich August von Kaulbach au dessus de la cheminée) est en train de mourir, rejetée par son fils qu’elle appelle une dernière fois. Mais celui-ci refuse, la laissant mourir seule. L’enfant revient finalement mais trouve une mère différente, beaucoup plus séductrice, voulant gagner son fils par tous les moyens. Le nationalisme commence à poindre sous ces dehors féminins.
Le début de l’acte I nous fait sortir à vue de Wanfried en retournant la rotonde, faisant apparaître la fontaine et élargissant le cadre qui nous montre alors le jardin ainsi que la tombe de Wagner. Une communauté y Å“uvre, tous portant haut leurs ailes tels des anges, fiers de leur nouvelle identité représentée par le cygne qui a remplacé l’aigle en devanture de scène. Les différences de taille d’ailes sont représentatives des sacrifices réalisés. Là où Gurnemanz et Kundry les portent très grandes, la majorité de la communauté se contente de petits appendices qui donnent bonne conscience plus qu’ils ne montrent la bonté. Arrive un Amfortas portant la chevelure rousse, symbole de Germania, mais portant aussi couronne d’épine et blessure au flanc. C’est le début du malaise et les racines des futures guerres ici avec une montée forte du nationalisme. Durant le récit de Gurnemanz qui voit apparaître du miroir un Klingsor menaçant, Amfortas est attiré dans ce lit qui vit mourir auparavant Germania et perd ainsi la Sainte Lance. Poursuivant le récit, on peut voir la jeunesse d’Amfortas au travers de ce jeune garçon portant maintenant le manteau laissé par le roi en partant alors que l’on comprend à l’apparition d’Amfortas hors du lit que le péché a été consommé et la punition donnée. En tuant un cygne, Parsifal tue aussi l’avenir en la personne du garçon. Face aux tentations de Kundry, la volonté du naïf jeune homme faiblit, attiré qu’il est dans le lit qui a englouti Amfortas, mais grâce à la présence de Gurnemanz, il ne succombe pas encore et c’est la vision du corps sans vie de la femme de l’ouverture qu’il commence à prendre conscience de sa faute. Afin d’accueillir la cérémonie du Graal, la scène va encore se transformer, élargissant toujours le cadre pour finir par représenter une grande nef avec rotation des décors pour changer les décors, reflet des gravures qui nous restent des premières représentations de Parsifal à Bayreuth. Sur le lit se trouve une femme, toujours cette Germania qui enfante. Alors que le bébé est présenté à tous les membres de l’assemblée, Amfortas fait son apparition dans le lit juste avant occupé par la mère. Une fois le bébé vu par tous, la cérémonie commence et cet enfant est sacrifié, devenant pain et vin alors qu’Amfortas, suite aux ordres de son père, exprime tout son tourment, toute la douleur que provoque le Graal sur sa blessure, prenant à parti Parsifal, montrant sa faiblesse au grand dégoût des autres chevaliers. Il va finalement présenter ce fameux Graal, où il va faire boire la mère morte en couche qui revient à la vie et retrouve tout son pouvoir de séduction, attirant rapidement Parsifal dans ses filets. Reviennent alors les chevaliers, mais non plus en tenu de ville, mais en uniforme de soldats, prêts pour partir faire ce qui sera la Première Guerre Mondiale. Par la célébration du Graal, c’est la sacralisation des valeurs allemandes et donc cet expansionnisme voulu par beaucoup qui est mis en avant, la blessure d’Amfortas étant rendue plus vivante tout comme les tensions diplomatiques du début du siècle au sujet de l’expansion impossible de l’Allemagne. Et ces soldats, partant avec bonheur au combat, n’ont que mépris pour cet homme blessé qui a contre son gré fait renaître une ardeur belliqueuse qui semblait éteinte. On revient alors à l’intérieur de Wanfried, où le Parsifal enfant sort d’un sommeil agité. N’ayant rien compris à ce qu’il a vu, il se fait chasser par Gurnemanz, qui se rend subitement compte que ses ailes ont disparues : il n’a plus qu’à aller rejoindre ce lit omniprésent pour y dormir. C’en est terminé de ces années de paix.
On retrouve au début du deuxième acte Gurnemanz toujours dans ce lit, où il vit les tourments de la guerre. Mais rapidement, il disparaît, la scène se transformant en un hôpital s’occupant des mutilés de guerre, le tout régit par un Klingsor habillé tel une Marlène Dietrich de l’Ange Bleu. Personnage fourbe, et totalement ambigu, il représente tout ce que la société bien pensante peut repousser. Par ses infirmières, il conserve la main sur ces anciens chevaliers maintenant tombés. Kundry arrive, chevelure rousse de Germania et grande robe rouge, attirant le regard de tous les hommes à son grand désespoir. Poussée par Klingsor, elle n’a d’autre solution que de lui obéir, mais c’est avec un grand plaisir qu’elle voit le Parsifal enfant tuer tous ses chevaliers. Arrive enfin le grand Parsifal, alors que la scène change pour nous proposer un parc enchanteur, peuplé des infirmières, mais aussi de danseuses des années folles, laissant tous les souvenirs de la guerre derrière elles, et ne voulant que profiter du moment présent. Parsifal est tiraillé entre toutes quand arrive Kundry, véritable Ange Bleu qui fait disparaître les séductrices et va dans un premier temps ensorceler Parsifal jusqu’au baiser qui va libérer notre héros, lui révélant la nature de la blessure d’Amfortas. Alors s’engage un combat entre ces deux volontés. Elle, revenue sous les trais de Germania telle qu’on l’a vue au tout début dans une grande robe blanche et lui tiraillé, souffrant. C’est sous le regard de migrants apeurés que va se dérouler le duo : si Kundry gagne, nous aurons droit à la violence destructrice mais si Parsifal sort vainqueur alors on peut espérer en l’avenir. Arrivée au bout de ses arguments, les pouvoirs de Klingsor qu’elle invoque vont libérer la peste brune, la scène se remplissant de croix gammées, de soldats nazis et de l’aigle du troisième Reich. La foule est paniquée, mais par la puissance de la lance qu’il retourne à son avantage, Parsifal met tous ces symboles à terre alors que Kundry fait bouclier de son corps face aux soldats visant Parisfal. C’est la montée en force du nationalisme dans ce qu’il a de plus sombre qu’on voit ici représenté : si Parsifal y perd sa jeunesse, l’Allemagne subira le même sort.
Le troisième acte nous montre au début l’intérieur du Festpielhaus. Le cadre de scène a été recréé sur scène, nous montrant les restes de Wanfried bombardée. Gurnemanz dort là où auparavant se tenait le lit, gardien des lieux qui ne sont plus. Kundry se fait alors entendre et on la découvre là où elle était tombée en fin de premier acte : aux pieds de la tombe de Wagner. Tout sur scène n’est que désolation. Puis arrive la personnification de Germania, fidèle au tableau présenté dans les actes précédents. Non pas guerrière, cette allégorie va au contraire déposer ses armes, qui vont se transformer en la Sainte Lance, rapportée par Parsifal. Plus qu’un symbole, la Lance redonne vie au lieu en rendant à la fontaine son eau. S’étant débarrassé de ses armes, Parsifal se voit purifié pour porter une large tunique blanche. Puis, voyant le miracle de la nature au travers des personnes se trouvant dans la salle et les travailleurs sur scène qui sont invités à reconstruire ce qui a été détruit, Parsifal et Gurnemanz s’apprêtent pour la dernière cérémonie du Graal. Durant le changement de décors, on voit apparaître le retour du Festival, au travers de l’acte fondateur du Neues Bayreuth, signé par les deux petits enfants de Wagner. Mais la dernière scène nous emmène vers une histoire plus proche, vers la résolution du dernier traumatisme historique : la réunification de l’Allemagne. Au sein d’un hémicycle divisé, arrive le cercueil de Tirurel ainsi qu’un Amfortas agar et brisé. Si les uns ont de la compassion pour lui et d’autre le jugent faible, tous sont horrifiés par son attitude envers la dépouille de son père. Spectateur de ce moment de trouble, Gurnemanz est abattu, alors que Parsifal reste sans réagir en devant de scène, avant d’entrer dans l’hémicycle pour soigner la blessure d’Amfortas, mais aussi calmer les esprits. Il se fond alors dans le cÅ“ur de l’aigle fédéral se trouvant au sol, qui va être immergé, ainsi lavé de tout son passé. Restent sur scène Gurnemanz, Kundry et un enfant, préfigurant le foyer familiale futur. Un grand miroir bascule, renvoyant le reflet de la salle alors que la paix semble être revenue, apportée par une colombe éblouissante qui fait son apparition en haut du cadre de scène. Le rideau tombe, ne laissant que cette grande mappemonde qui tourne.
La grande force de cette mise en scène de Stefan Herheim est qu’elle reste particulièrement lisible. Bien sûr, il faut aller fouiller un peu pour y trouver toute sa richesse, mais elle peut tout aussi bien être vue de manière directe car elle présente aussi la réaction des personnages telle que décrite dans le livret, les interventions sont fidèles. Mais en plus de raconter le mythe, elle raconte l’histoire proche. Cette communauté n’est autre que l’Allemagne et tous les traumatismes qui jalonnent son histoire depuis un siècle et demi. C’est du moins la lecture que j’en ai faite, peut-être sans rapport à certains moments avec les intentions du metteur en scène. Avec des décors superbes et évocateurs d’Heike Scheele (faisant régulièrement références à des productions historiques), une direction d’acteur parfaitement réglée et toutes ces idées, nous sommes face à une mise en scène d’une intelligence rare et d’une profondeur passionnante. L’une des grandes réussites scéniques de ces dernières années.
Mais l’opéra est aussi musique… Orchestre et chÅ“urs sont, faut-il le rappeler, magnifiques. Le premier propose une douceur de cordes rare à certains moments, à la limite de la rupture alors qu’ils peuvent aussi se faire sombres et tranchants à d’autres, lors des déchaînements dramatiques. Mené avec tallent et ardeur par Daniele Gatti, la partition prend une force superbe, évocatrice, solennelle et dramatique. Cette direction, déjà louée mainte fois, propose quelque chose d’à la fois dans la grande tradition mystique, tout en y ajoutant une vie propre. Il créé des moments d’une intimité sublime tout en pouvant nous emporter dans une des marches des chevaliers à faire vibrer le théâtre. Et il faut bien rappeler combien l’acoustique du lieu est magique pour cette partition, donnant à la musique une rondeur enveloppante qui n’écrase jamais les chanteurs mais leur propose un écrin expressif et superbe. Les chÅ“urs, si importants dans cette Å“uvre sont encore une fois un miracle en eux-mêmes par la beauté de l’ensemble et les nuances infinies proposées. Très belle intervention de Diógene Randes en Titurel, pleine de noblesse et d’autorité. On notera aussi le très bon niveau des différents petits rôles des solistes, qu’ils soient écuyers, chevaliers ou filles-fleurs.
L’Amfortas de Detfel Roth est d’une humanité déchirante. Souffrant dans sa chaire et son âme, le timbre montre tout ce désespoir, cette amertume due à sa chute. La voix n’est pas immense ou particulièrement glorieuse, mais elle est vivante, humaine et terriblement évocatrice. L’acteur créé ce Jésus roux, se voulant rédempteur, mais libérant finalement la guerre. Portant la responsabilité de toutes ces guerres, son intervention finale est bouleversante de vérité. La fusion entre le personnage et le chant est vraiment splendide et d’une forte intensité. Tout au long de cette production, Amfortas est particulièrement présent par son attitude et l’impact de ses choix.
Le rôle de Klingsor peut s’interpréter de plusieurs manières différentes. Suivant la mise en scène qui accentue la castration, Thomas Jesatko détaille son chant de notes en voix de têtes, de mots susurrés et insinués, tout en lançant néanmoins une voix puissante lorsque le caractère belliqueux est requis. Le timbre n’est pas particulièrement expressif comme peuvent l’être les instruments noirs d’autres interprètes mais cette intelligence musicale et scénique permettent de créer un personnage ambivalent, sachant se tenir sur le fil tendu entre le noir méchant et l’homme reptilien.
Susan Maclean propose dans ses courtes interventions du premier acte une Kundry d’une violence et d’une bestialité assumée tout en sachant ménager quelques moments où son caractère intime se dévoile. Pas de hurlement ici. Assez différente de la créatrice de la production (Mihoko Fujimura), cette mezzo possède à n’en pas douter un tempérament de feu, et propose du coup une Kundry moins tremblante ou effacée lors du premier acte, pour au contraire la faire exploser, choquante mais humaine. Le deuxième acte lui permet de montrer tout son charisme scénique, habitant totalement les différents personnages qu’elle symbolise alors que le troisième la trouve d’une sérénité parfaite. Un vrai défi que la création de ce personnage ! La voix est large, saine et bien tenue. Très incisive, elle sait se faire tendre dans les passages les plus sensuels, proposant un appel d’une grande douceur, mais montre aussi toute sa haine et sa violence dans des aigus lancés tels de pointes acérées. Le deuxième acte la trouve donc d’une grande force, même si on peut se rendre compte que petit à petit la partie aiguë de la tessiture fait entendre une voix de plus en plus métallique. Fatigue ou choix interprétatif ? Toujours est-il que cela correspond très bien à l’évolution du personnage montrant au fil de l’acte toute sa misère. Une Kundry très racée donc qui possède de plus un fort charisme.
A son arrivée, le timbre de Simon O’Neil assez claironnant et nasal ne choque pas. Après tout, le Parsifal reste un grand enfant, sans grande subtilité ni présence. Du coup, le premier acte se passe bien. Par contre, dès le début du deuxième, on se rend compte que la voix reste tout aussi nasal, voir même le devient encore plus lorsque les aigus puissants sont émis. Si le chanteur assume la tessiture et la longueur du rôle, il lui manque la personnalité. Le deuxième acte le trouve toujours aussi pataud que le premier vocalement, sans ce déchirement que doit être son « Amfortas! Die Wunde! » par exemple, sans cet apprentissage douloureux qui doit se ressentir. Le troisième manque encore plus de noblesse et de grandeur. Parsifal revient en rédempteur, en détenteur de la Lance. Ses interventions doivent être ferventes et nobles. Malheureusement ce n’est pas le cas ici. On reste donc sur notre faim non pas à cause d’une interprétation qui est assez soignée, mais à cause d’un manque de carrure vocale ou du moins de noblesse.
Kwangchul Youn enfin s’est fait une spécialité du rôle de Gurnemanz. Créant un personnage d’une grande noblesse, paternel, mais aussi puissant, il ne force pas une voix ronde et chaleureuse, si ce n’est dans certains cours passages autoritaires. D’une grande variété d’accents et de couleurs, il possède cet art d’animer les récits qui fait les grands Gurnemanz. Que ce soit au début où à la fin, les récits sont détaillés avec soin, le lyrisme mis en valeur par un beau legato alors que les mots gardent toute leur force. Si le rôle est particulièrement éprouvant pour une basse, cela ne se voit pas, Youn arrivant sans fatigue au terme de ce long voyage. D’une prestance simple et noble, les aspects scéniques et lyriques se rejoignent pour former un conteur, un chroniqueur paisible et seul. Ce Gurnemanz reste dans la grande tradition qui hante le rôle, pour son plus grand honneur ! Il est parmi les plus grands interprètes du rôle et le fait que Bayreuth ait fait appel à lui montre combien la distribution est de qualité même si nous n’y trouvons pas de grands noms.
Ce Parsifal est donc une expérience. Déjà par l’adéquation parfaite entre la partition et la salle. Nulle par ailleurs on ne peut aussi bien apprécier certains passages écris dans l’optique justement de profiter de l’acoustique particulière du lieu. Ensuite pour une mise en scène historique et splendide. Et puis pour la grande qualité de l’interprétation musicale, où seul le Parsifal n’est pas au niveau d’excellence de ses partenaires. Si cela déséquilibre quelque peu le tout, nous sommes tout de même devant une prestation qui ne gâche pas la soirée et qui est largement rachetée par tous les points positifs décris ci-dessus. Espérons que cette mise en scène survive longtemps, car c’est un modèle dans le genre. Si pour l’instant il n’y a aucun projet d’immortaliser cette production grâce à un DVD, on peut tout de même espérer pour l’avenir. A noter un changement important prévu pour l’année prochaine, puisque Daniele Gatti devrait céder sa place à Philippe Jordan à la baguette.
- Bayreuth
- Bayreuther Festpielhaus
- 3 Août 2011
- Richard Wagner (1813-1883), Parsifal, Opéra en trois actes
- Mise en scène, Stefan Herheim ; décors, Heike Scheele ; costumes, Gesine Völlm ; lumières, Ulrich Niepel ; vidéo, Momme Hinrichs, Torge Møller
- Amfortas, Detfel Roth ; Gurnemanz, Kwangchul Youn ; Parsifal, Simon O’Neil ; Klingsor, Thomas Jesatko ; Kundry, Susan Maclean ; Titurel, Diógene Randes ; 1. Gralsritter, Arnold Bezuyen ; 2. Gralsritter, Friedemann Röhlig ; 1. Knappe, Julia Borchert ; 2. Knappe, Ulrike Helzel ; 3. Knappe, Clemens Bieber ; 4. Knappe, Willem van der Heyden ; Klingsors Zaubermädchen, Ulrike Helzel, Martina Rüping, Carola Guber, Jutta Maria Böhnert, Julia Borchert, Christiane Kohl
- Chœurs du Festival de Bayreuth
- Orchestre du Festival de Bayreuth
- Daniele Gatti, direction