Blake et Mortimer : Le Bâton de Plutarque

couverture_baton_plutarqueEn 1977 sortait le dernier album des aventures de Blake et Mortimer de la main d’Edgar P. Jacobs. Ce premier volumes des Trois formules du Professeur Sato restera sans suite pendant treize ans, alors que Jacobs mourrait en 1987. C’est donc en 1990 que nous revenait grâce au dessin de Bod de Moor nos deux aventuriers anglais. Et c’était les débuts de la renaissance de la série puisqu’à partir de 1996, plusieurs équipes scénariste/dessinateur vont s’appliquer à faire revivre la légende au travers de différentes aventures inspirées de Jacobs. Toutes ne sont pas égales, mais on sent chez tous cet amour de l’Å“uvre jacobsienne et une volonté de prolonger son travail dans les meilleures conditions. Avec Le Bâton de Plutarque, Yves Sente et André Juillard signent leur cinquième album.

La grande particularité des albums de ce tandem est la densité des dialogues. La Machination Voronov (leur premier opus) avait été un choc tant les dialogues étaient imposant. Avec le temps, ce déséquilibre s’estompe même si on retrouve toujours autant de soin dans les dialogues et les intrigues. Après cette première aventure en temps de guerre froide, Yves Sente et André Juillard vont chercher à plonger aux racines du mythe en exploitant les notes rédigées par Jacobs au sujet des personnages principaux. Car en effet, chaque protagoniste avait sa petite biographie née de la main du dessinateur, permettant de garder une cohérence dans l’évolution des personnages. Au travers donc du diptyque Les Sarcophages du 6e continent (constitué de La menace universelle et du Duel des esprits) et puis du Serment des Cinq Lords, les deux auteurs montrent des fragments de la jeunesse des héros et les conséquences dans le temps de la bande dessinée. Pour ce Bâton de Plutarque, Yves Sente nous convient à la première collaboration de Francis Blake et Philip Mortimer, juste avant l’époque du Secret de l’Espadon.

baton_plutarque_rencontreAutre particularité de cet album, les héros sont confrontés à des évènements historiques marquants dans notre histoire proche. Si Mortimer avait affronté la Jacquerie dans Le Piège Diabolique et si La Machination Voronov se déroulait durant la Guerre Froide, c’est ici dans des opérations militaires de la Seconde Guerre Mondiale qu’évoluent nos deux héros. Bien sûr, cette période se voit habillée d’évènement et d’inventions toutes jacobsiennes, mais qui se greffent parfaitement dans la réalité historique. L’action se déroule en 1944, alors que les alliés préparent le débarquement en Normandie… mais rapidement, on va découvrir que plus que cette seconde guerre mondiale, c’est déjà la troisième qui menace… celle que racontera Le Secret de l’Espadon. Vu la proximité chronologique et même la continuité qui est créée entre ces deux aventures, on découvre bon nombre de personnages qui auront une part importante dans les premières aventures proposées par Jacobs.

Le dessin est très proche de l’original même si on notera beaucoup de décors trop uniformes pour vraiment avoir la touche exacte de Jacobs. Les personnages eux sont finement dessinés et même certains personnages secondaires sont parfaitement reconnaissables. Le seul petit détail qui perturbe est la jeunesse de nos deux héros. En effet, seulement un an avant Le Secret de l’Espadon, nos personnages semblent avoir rajeuni d’une petite dizaine d’année, particulièrement pour Francis Blake. Si l’histoire manque légèrement de tension et de ce degré de fantastique inhérent à chaque récit. Par contre, l’usage de références archéologiques est parfaitement intégré comme le maître savait si bien le faire.

Véritable prologue de la série et particulièrement donc des premières aventures de Blake et Mortimer, cet album se révèle très intéressant car il cherche une explication à des faits abordés dans Le Secret de l’Espadon. Bien sûr, il faut prendre ces explications pour ce qu’elles sont : une possibilité et non la réalité de ce qu’avait pensé Jacobs (si il avait vraiment cherché à les expliquer). Très intéressant et bien réalisé, cet album se révèle au niveau des premiers réalisés par Yves Sente et André Juillard après un assez décevant Sanctuaire du Gondwana.

  • Blake et Mortimer : Le Bâton de Plutarque
  • Scénario : Yves Sente
  • Dessin : André Juillard et Étienne Schréder
  • Colorisation : Madeleine de Mille
  • Éditions Blake et Mortimer
  • 64 pages
  • ISBN 978-2-5050-4976-0, publié le 5 décembre 2014

Enfin, une planche d’Yves Sente qui a tenté une chronologie des histoires de Blake et Mortier…

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