La tradition commence à s’établir solidement pour notre plus grand plaisir : chaque année le Palazzetto Bru-Zane offre dans l’Opéra Royal de Versailles une version de concert d’un ouvrage oublié du romantisme français. Après Cinq-Mars de Gounod en 2015 puis Dante de Godard en début de saison, c’est un opéra de Saint-Saëns qui va nous enchanter : Proserpine. Bien sûr, le titre fait immédiatement penser au personnage mythique de la fille de Cérès. Mais il n’en est rien ! Saint-Saëns nous fait découvrir au contraire une courtisane subissant les affres de l’amour non réciproque. Pour cette femme déchirée et violente, Véronique Gens se devait de montrer toute la démesure du personnage, bien loin de ses précédentes explorations d’ouvrages rares où elle campe le plus souvent des jeunes femmes nobles et douces avant tout. Il faut bien avouer que la curiosité pour cette soirée est multiple. Bien sûr il y a la partition qu’on espère au niveau des ouvrages magnifiques du compositeur (Samson et Dalila bien sûr, mais aussi Henry VIII, Hélène ou Étienne Marcel). Mais retrouver la grande Véronique Gens dans ce rôle de pécheresse et de femme dévorée par la passion est aussi une grande nouveauté… Continuer…