Orfeo, retour en salle à l’Opéra-Comique

Plus d’un an sans opéra scénique. Certes il y avait eu quelques concerts durant la trêve estivale avec entre autre la magnifique Khovanshchina par le Mariinsky à la Philharmonie de Paris, ou des concerts en tout petit comité… mais en ce 4 juin, c’était le retour en salle pour un opéra dans sa forme complète. En 2020, le dernier vu était La Dame Blanche à l’Opéra-Comique et c’est avec un plaisir immense que je retournai dans la salle Favart. Bien sûr on reste ébloui par la beauté du cadre, mais il y avait aussi l’excitation de voir l’Orfeo de Monteverdi, surtout avec une distribution d’où émergeait Marc Mauillon sous la direction de Jordi Savall. Les deux musiciens ont déjà montré leurs talents ensemble et sur un répertoire aussi spécifique, on pouvait attendre beaucoup. Malheureusement, la salle plus qu’à moitié vide n’aidait pas à faire de cette première la grande fête que l’on pouvait espérer. Mais cela ne pouvait pas gâcher le plaisir de telles retrouvailles. Continuer…

Archives : Platée dans le monde de la mode, Paris 2014

Archive toujours, mais d’actualité puisque cette même production a été reprise à Vienne ce mois-ci normalement pour des représentations, mais finalement ce ne sera que pour une captation en vue d’un DVD. Peu de changement dans la distribution, mais William Christie retrouve la direction de son ensemble contrairement aux représentation de 2014 à Paris.

Dès l’annonce de la saison, Platée figurait comme l’un des sommets parisiens… William Christie et Robert Carsen nous promettaient déjà de belles réalisations tant musicales que scéniques, et la distribution alignait dans les rôles secondaires des noms plus que familiers dans ce répertoire ! Malgré le repos forcé du chef des Arts Florissants, le succès est au rendez-vous… Continuer…

Archive : Grandiose Lucia di Lammermoor de Patrizia Ciofi, Paris 2013

On continue dans les archives… cette fois, une ouverture de  saison pour l’Opéra National de Paris qui a sans doute laissé des traces dans les mémoires des spectateurs… mise en scène contestée mais Lucia irréelle et magique.

Pour le premier spectacle de la saison 2013-2014, l’Opéra National de Paris remonte la production qui avait fait couler beaucoup d’encre à sa création et a encore provoqué beaucoup de réactions lors de sa dernière reprise : Lucia di Lammermoor vue Andrei Serban. Ouverture de saison déjà en 2006, la mise en scène voyait triompher Natalie Dessay. Cette année, c’est Patrizia Ciofi qui relève le défit : en plus d’une partition très exigeante, elle doit se plier à la vision très athlétique du metteur en scène. Le résultat en ce soir de première est impressionnant de maîtrise technique, d’émotion et d’investissement. Continuer…

Archive : Parsifal et l’histoire, Bayreuth 2011

On continue la promenade dans les archives avec un Parsifal fascinant, vu déjà en 2009 mais revoir la mise en scène permet de mieux comprendre certains détails.

Depuis sa création en 2008, la mise en scène de Stefan Herheim ne cesse de passionner et questionner. D’une immense intelligence et visuellement très réussie, la mise en scène reste un modèle du genre. Pourtant, « trahir » ainsi l’œuvre peut-être la plus révérée à Bayreuth présentait des risques. Mais au final, cette mise en scène est au fil des ans devenue la valeur sûre des spectacles qu’on peut voir sur la colline. Durant ces différentes reprises, la distribution a évolué doucement, avec l’arrivée l’année dernière de Susan Maclean dans le rôle de Kundry puis celle de Simon O’Neil dans le rôle titre. Mis à part cela, on retrouve les créateurs pour tous les autres rôles, le tout sous la baguette de Daniele Gatti. Si voir Parsifal à Bayreuth est une chance, cette production ajoute encore au plaisir ! Continuer…

Archive : Les Huguenots Triomphants, La Monnaie 2011

En ces temps de disette de concerts et encore plus d’opéras en salle, je me permets de remettre ici quelques articles écrits il y a longtemps, sur des disques ou des spectacles qui ont été marquants pour moi… Pas de retouche ou presque (en dehors de l’orthographe!). Le premier sera donc ces Huguenots.

Archétype du Grand Opéra français, les Huguenots est toujours resté de manière épisodique à l’affiche avec des productions qui sont restées pour certaines légendaires comme celle dirigée par Gavazzeni à La Scala en 1962 (en italien) ou celles qui ont précédé l’enregistrement en studio de la version dirigée par Bonynge en 1969. Monter un tel spectacle est toujours une gageure du point de vue chant, mais aussi pour la mise en scène. En effet, il faut savoir faire grand sans tomber dans le lourd que ce soit vocalement ou scéniquement. Minkowski et Py relèvent avec brio le défit dans ces représentations données à Bruxelles ! Continuer…

Splendide Khovanshchina à la Philharmonie avec le Mariinsky

Enfin… le miracle a eu lieu… ou plutôt les miracles ! En effet, en ce 4 octobre, c’était pour moi le retour en salle pour un concert à l’effectif important avec cette Khovanshchina donnée par la troupe du Mariinsky. Mais il fallait s’accrocher niveau émotions. Depuis quelques temps, tout le monde se demandait comment un orchestre plus un chÅ“ur et des solistes russes pourraient venir à Paris alors que tous leurs confrères russes annulaient leurs participations. Mais au final ils sont bien là, en effectif légèrement réduits… mais sans doute que l’étiquette « Saison Russe » a aidé, tout comme l’image de Valery. Donc premier miracle ! Ensuite, la tension pour savoir si la place allait être maintenue suite aux restrictions de jauge dans les salles de concert… Et là il fallait avoir le cÅ“ur bien accroché. Deux jours avant le concert, aucun message de la Philharmonie de Paris, donc a priori ma place était conservée. Et puis finalement le couperet tombe : la jauge des 1 000 places oblige à ne conserver que les premiers ayant acheté leurs places. N’étant pas abonné et malgré une commande réalisée au plus vite lors de l’ouverture des réservations, je n’étais donc pas dans les 1 000. Mais heureusement, un ami ne pouvait assister au concert et j’ai donc pu racheter sa place. Deuxième miracle. Enfin, le troisième sera développé dans la suite de cet article, car c’est la qualité de l’interprétation qui était miraculeuse ! Une Khovanshchina certes légèrement allégée en effectif mais tout bonnement passionnante et puissante. Continuer…

Un jubilatoire Cabaret Horrifique à l’Opéra-Comique pour une belle reprise!

Il y a quatre mois, j’étais à l’Opéra-Comique pour la Dame Blanche… dernier concert avant le début du confinement. Quel plaisir aussi de retrouver cette magnifique salle même si c’est pour un concert de moindre envergure qu’un opéra complet mis en scène. En mars 2019 était créé pour la salle Bizet le Cabaret Horrifique de Valérie Lesort. Conçu pour cette petite salle qui n’a rien d’une salle de concert mais plus une salle de présentation, il nécessitait une petite révision pour passer sur la scène de la grande salle, ou plutôt dans la grande salle. En effet pour faciliter le placement du public dans ce contexte compliqué la situation est inversée. Les spectateurs se retrouvent sur scène alors que les artistes sont sur la fausse d’orchestre rehaussée. Nous voilà emmenés dans le monde étrange et foutraque de la conceptrice de ce spectacle. À travers une promenade dans un répertoire très large, nous voici au pays des sorcières et des monstres, passant du baroque au cabaret avec un même plaisir ! Continuer…

La Dame Blanche revient Place Boieldieu!

Continuant à redécouvrir son répertoire historique, l’Opéra-Comique nous propose La Dame Blanche de François-Adrien Boieldieu. Cet ouvrage créé en 1825 atteindra les 1000 représentations en 1862, c’est dire quel succès la partition rencontra immédiatement. Et pourtant, à partir de la fin du XIXè siècle, voici que l’opéra disparait doucement de la scène parisienne. À partir de 1926, il faudra attendre 1996 pour que l’Opéra-Comique accueille une nouvelle fois cette Dame sous la baguette de Marc Minkowski… la production sera reprise une fois… puis il faudra attendre vingt ans donc pour retrouver de nouveau la Dame Blanche. Certes nous sommes ici dans un opéra-comique très marqué par son temps de par son inspiration chez Walter Scott ou le style musical, mais tout de même… Alors forcément, c’est un grand moment que nous propose l’institution car en plus de cette pièce historique, voici que l’Opéra-Comique a proposé une distribution parfaitement réglée aussi bien dans la musique,  que dans le chant ou la mise en scène ! Continuer…

Written on Skin, contemporain mais déjà presque au répertoire!

En juillet 2012, le Festival d’Aix-en-Provence voyait la création d’un opéra contemporain qui restent souvent lettre morte après quelques représentations. Written on Skin de George Benjamin bénéficiait d’une distribution de haute volée et d’une mise en scène très intelligente. Bien sûr quelques reprises étaient prévues étant donné que la commande n’était pas que du festival seul… mais depuis, l’ouvrage semble s’être installé comme l’opéra récent le plus joué, bénéficiant même de quatre nouvelles productions scéniques après l’originale, preuve de son entrée progressive au répertoire de plusieurs maisons d’opéras. Pourtant l’ouvrage n’est pas simple d’accès ni simple à monter, ayant été composé pour de fortes personnalités et un orchestre très riche. Le livret de Martin Crimp n’aide pas forcément à rentrer dans une histoire très lointaine et qui pourrait laisser de marbre les contemporains. Mais il semble que l’ouvrage plaise et voici donc ce qui restera sûrement comme la création des années 2010 dans le domaine de l’opéra. Durand le Festival Présence consacré au compositeur George Benjamin, voici que nous était proposé pour la deuxième fois en quelques années cet opéra, mais cette fois dans une salle de concert et non plus dans une salle de théâtre comme cela avait été le cas en 2013 à l’Opéra-Comique. Continuer…

Elsa Dreisig nous promène entre Duparc, Rachmaninov et Strauss

Même si les bonnes manières trouvent indélicat de donner l’âge des dames, il faut tout de même indiquer celui d’Elsa Dreisig pour mesurer toute l’étendue du talent de la jeune soprano franco-danoise. À tout juste 29 ans, voici qu’elle nous propose un deuxième disque chez Erato, mais aussi un voyage artistique mené de main de maître. Après avoir été Elvira dans Les Puritains cet automne à l’Opéra-Bastille, voici qu’elle entame une tournée autour de son nouveau récital « Morgen » où se côtoient des mélodies de Duparc, Rachmaninov et Strauss. Ces trois noms sont sans doute parmi les plus grands représentants des écoles respectivement française, russe et allemande de la mélodie. Malgré tout, le Théâtre des Champs-Élysées n’était pas plein, à tel point que ce dernier a offert des places à ses abonnés… triste monde où de tels programmes n’arrivent pas à remplir un théâtre, surtout qu’Elsa Dreisig est précédé d’une assez flatteuse réputation dans ce répertoire de la mélodie. Bien loin donc de la folie d’Elvira, voici qu’elle doit concentrer ses effets pour donner tout son sens à ce programme superbement construit. Continuer…